Obésité et surpoids : un senior sur cinq est concerné

Contrairement à ce que d’aucuns pourraient croire, le surpoids et l’obésité ne concernent pas que les jeunes… En effet, comme le montre la 5ème édition de l’étude ObEpi-Roche, la fréquence de l’obésité chez l’adulte a régulièrement progressé depuis douze ans et n’épargne pas les seniors qui avec la prise de poids, augmentent leurs risques d’hypertension artérielle, de dyslipidémies ou de diabète…


Selon l’étude Obepi-Roche 2009*, la fréquence de l’obésité chez l’adulte a régulièrement progressé depuis 1997 : elle est ainsi passée en douze ans de 8.5 % à 14.5% (soit, tout de même 6.5 millions de personnes). Et cette hausse est observée dans toutes les tranches d’âge de la population, y compris chez les seniors qui ne sont pas épargnés par cette tendance à l’embonpoint.

D’une manière globale, en douze ans, le poids moyen des Français a augmenté de 3,1 kg (72 kg en 2009) alors que leur taille moyenne a progressé de 0,5 cm (168,5 cm). Ainsi, l’Indice de Masse Corporelle moyen (IMC) a progressé de 1 kg/m2, passant de 24,3 kg/m2 en 1997 à 25,3 kg/m2 en 2009. Leur tour de taille moyen a suivi la même évolution : il a augmenté de 4,7 cm, passant de 85,2 cm à 89,9 cm.

En 2009, 14,5% des Français sont obèses (contre 8,5 % en 1997) et 31,9% sont en surpoids (contre 29,8% en 1997). Si la prévalence de la population en surpoids est relativement stable, celle de l’obésité continue de progresser, constatent les responsables de cette étude.

En 2009, la prévalence de l’obésité est plus importante chez les femmes (15,1%) que chez les hommes (13,9%) et à l’inverse la prévalence du surpoids est plus importante (38,5%), chez les hommes que chez les femmes (26%). Pour le Dr Marie-Aline Charles, en charge de cette étude, cela traduit peut-être « une plus grande propension des femmes à développer de la masse grasse. »
Obésité et surpoids : un senior sur cinq est concerné

Toujours selon cette enquête, on constate que la prévalence de l’obésité augmente régulièrement avec l’âge, chez l’homme comme chez la femme, pour atteindre un pic dans la tranche 55-64 ans : 20,1 % chez les hommes et 19,5 % chez les femmes. Pour les spécialistes de la question, l’augmentation de la fréquence avec l’âge peut s’expliquer par l’effet « temps » : l’obésité étant largement dépendante des comportements et de facteurs environnementaux. L’obésité étant une maladie chronique, on comprend qu’elle s’aggrave avec la durée d’exposition et donc avec la longévité.

Comme dans les enquêtes ObÉpi-Roche précédentes, par rapport à la population normale, on estime qu’il y a presque 2,5 fois plus de personnes traitées pour hypertension artérielle dans la population en surpoids et quatre fois plus chez les personnes obèses. La prévalence de l’hyperlipidémie traitée est deux fois plus élevée dans la population en surpoids et presque trois dans la population obèse. Enfin, il y a presque trois fois plus de diabètes de type 2 traités (médicaments et/ou régime) en cas de surpoids et sept fois plus en cas d’obésité.

En dehors du tabagisme, la probabilité d’avoir trois facteurs de risque cardio-vasculaire associés traités est cinq fois plus importante en cas de surpoids et douze fois plus importante chez les obèses que chez les personnes de poids normal. « Ce qui est frappant, commente le Pr Arnaud Basdevant, c’est l’augmentation régulière depuis douze ans des situations de facteurs de risque « traités » – hypertension artérielle, dyslipidémies, diabète – pour un même IMC. »

Grâce à un échantillon de plus de 5.500 individus, l’enquête ObÉpi-Roche 2009 permet d'observer une population chez qui les relations entre IMC et facteurs de risque cardio-vasculaire « traités » est assez peu étudiée : celle des 65 ans et plus.

La prévalence de l’obésité y est plus importante que dans la population générale : 17,9%, comparable chez les hommes (18%) et les femmes (17,9%). Elle diminue ensuite de 19,5% chez les 65-69 ans à 13,2% chez les 80 ans et plus, de façon plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Comme dans la population générale, elle est inversement corrélée aux revenus et elle est plus importante dans les régions Nord et Est.

Pour le Pr Arnaud Basdevant, « ces informations confirment une tendance relevée dans l’enquête précédente : la prévalence élevée de l’obésité chez les seniors qui augmente considérablement d’une enquête à l’autre. Par ailleurs, on relève un taux plus élevé (1,1%) d’obésité sévère, alors qu’il est classique de considérer que la prévalence diminue avec l’âge : tel n’est pas le cas, sauf après 75 ans ».

Par ailleurs, les responsables de l’étude ont constaté que la prévalence de l’hypertension artérielle augmentait avec l’âge : de 40,9% chez les 65-69 ans à 51% chez les 80 ans et plus. Elle est le facteur de risque traité le plus fréquent chez les personnes de 65 ans et plus. A partir de 70 ans, elle est comparable dans les deux sexes. Elle augmente avec l’IMC.

La fréquence des dyslipidémies traitées est de 36,6% dans cette tranche d’âge, dans des proportions proches chez les hommes et les femmes. Elle a tendance à diminuer avec l’âge, en particulier à partir de 80 ans. La prévalence du diabète est au plus haut entre 75 et 79 ans, s’élevant à 19,8% chez les hommes et 12,7 % chez les femmes.

Le Pr Arnaud Basdevant poursuit : « au-delà de 65 ans, les IMC supérieurs à 30 sont associés à une prévalence du traitement de l’hypertension et du diabète qui est plus de 50% supérieure à celle observée pour les IMC les plus faibles, en particulier chez l’homme. Ce qui souligne l’impact de l’obésité sur la santé des seniors. Les conséquences médicales et économiques de la progression du surpoids et de l’obésité en font une véritable préoccupation de santé publique. »

*Réalisée tous les trois ans depuis 1997 à l’initiative du laboratoire pharmaceutique Roche en partenariat avec la TNS Healthcare SOFRES, l’enquête épidémiologique ObÉpi-Roche permet de suivre l’évolution du surpoids et de l’obésité dans la population adulte française (18 ans et plus).

Publié le 18/11/2009 à 13:50 | Lu 6263 fois