Monalisa : la mobilisation sur le terrain

En janvier 2015, 113 organismes et associations se sont engagés et ont signé la charte Monalisa, qui vise à lutter contre l’isolement des personnes âgées. Une cinquantaine d’initiatives ont été lancées. Voici quelques exemples concrets de projets qui oeuvrent d’ores et déjà sur le terrain contre la solitude des ainés…





A Mordelles, près de Rennes, la Longère et le CIAS (département 35)

Le Centre Intercommunal d’action social est un établissement qui regroupe sept communes : Bréal sous Montfort, Cintré, Chavagne, Le Rheu, Mordelles, Saint Gilles et Vezin le Coquet. « Il y a plus d’un an, nous avons finalisé la rénovation de la Longère, un lieu qui permet de rompre l’isolement des personnes, de créer du lien » explique Jacques Thomas, le directeur.
 
Autour de ce lieu qui permet aux associations locales de proposer de l’aide aux aidants, des activités multiples pour les personnes âgées isolées sont aussi proposées : théâtre, cuisine, tricot, etc. des associations de bénévoles locales se sont fédérées. « C’est typiquement, cela la démarche Monalisa. Nous étions déjà dans cette démarche sans le savoir » renchérit Jacques Thomas.
 
C’est notamment, l’association Partage et ses bénévoles, comme Gérard qui se mobilise pour aller chercher les personnes à leur domicile à l’aide d’un petit véhicule adapté. « En tout, il y a plus de 30 bénévoles comme Gérard, qui se mobilisent toutes les semaines pour rompre l’isolement des personnes ». L’association Partage s’est engagée et a signé la charte. 

A Sainghin-en-Mélantois, l’équipe citoyenne de l’UFCV (département 59)

L’UFCV (Union française des Centres de Vacances et de Loisirs) est un organisme spécialisé dans l’animation, tourné vers la jeunesse (BAFA, BAFD, animations…). Il y a quelques années, une commune du Nord a demandé à l’UFCV de travailler sur des projets d’animations pour les personnes âgées. Cette structure s’est alors mobilisée et a défini trois axes : la lutte contre l’isolement, la place du citoyen, le lien social.
 
Avec un principe fort, ce sont les citoyens eux-mêmes qui sont les acteurs de l’animation de moments Seniors. En tout, une trentaine de seniors dynamiques se sont engagés comme bénévoles. Ils ont signé la charte Monalisa et se sont lancés pour organiser ces activités, sous la forme d’ateliers réguliers de marche (70 inscrits), de sorties culturelles (40 inscrits) ou encore de couture, peinture, cuisine, conversation anglaise… Ils s’autogèrent et se recrutent en autonomie.
 
L’UFCV appuie l’animation de l’équipe des bénévoles et l'« héberge ». Aujourd’hui 111 habitants participent aux activités proposées. Au fil du temps, de nouveaux ateliers voient le jour. Des préoccupations différentes sont également à prendre en compte par l’équipe citoyenne, comme le vieillissement des personnes, sujettes avec l’avancée en âge à la maladie, au deuil et subséquemment au repli sur soi. Une veille se met en place pour éviter le phénomène de perte de liens que peuvent provoquer les difficultés et les accidents de la vie.
 
Christine Sarels, responsable du développement territorial à l’UFCV, explique la démarche qui a mené l’association à rejoindre Monalisa : « Nous inscrire dans les réseaux locaux nous permet de mieux appréhender les territoires et de mieux comprendre les enjeux. Nos objectifs sont très liés aux grandes orientations de Monalisa en termes de prévention et de lutte contre l’isolement social. Signer la charte nous a permis de réfléchir à notre place par rapport à la lutte contre l’isolement, réinterroger nos pratiques et créer des liens avec d’autres acteurs locaux ». 

A Quimper, l’association ARPAQ (département 29)

L'ARPAQ (association des retraités et personnes âgées de Quimper) s'emploie, depuis des années, à rompre ou limiter l'isolement des personnes âgées. « Nous avons monté un réseau de visiteurs à domicile qui concerne une vingtaine de personnes suivies par une trentaine de bénévoles. Par ailleurs, environ 150 personnes fréquentent le Bistrot Mémoire par an, près de 220 personnes participent chaque semaine à la vie de l'un ou l'autre de nos onze clubs. C'est très souvent l'occasion de repérer un truc qui ne va pas chez un adhérent et de l'aider. Nous animons aussi des dispositifs de « vacances à la journée », « séjours seniors », des p'tits déjeuners philo, des ateliers « questions de familles » plus psy ou des « Petits plaisirs contés » dans treize établissements de personnes âgées ».
 
Avec le soutien de la Ville, l’association a également acquis un fourgon neuf places avec lequel un transport solidaire est proposé. Vingt-deux bénévoles s'y impliquent à tour de rôle. « Ça aussi, ça contribue à ramener des personnes âgées isolées vers le collectif, vers la vie sociale. Exactement ce que préconise Monalisa » souligne Hervé Le Troadec, directeur de l’ARPAQ. 
 

L’association Les Ainés de l’Avenir à Hagetmau, équipe citoyenne MONALISA (département 40)

Pour Gabriel Cazaubon, tout a commencé quand il travaillait comme aide-soignant à la maison de retraite d’Hagetmau, dans les Landes. Pour lui, le constat était sans équivoque : « quand on pense au quotidien des personnes âgées en maison de retraite, on pense immédiatement à la perte d’autonomie en termes d’hygiène et d’alimentation, mais le problème est bien plus vaste. Il s’agit essentiellement d’isolement et d’ennui, car il n’y a plus d’objectif. Même quelqu’un de valide a besoin d’être accompagné ».
 
C’est dans cette optique qu’il a décidé de créer l’association Les Aînés de l’avenir. Le principe est de proposer aux pensionnaires de la maison de retraite d’être, eux-mêmes, acteurs de leur divertissement grâce à des projets à court et moyen termes. Ils deviennent ainsi moteurs de leurs loisirs, se mettent en action autour d’un but et se projettent dans le futur. Les familles ne sont pas oubliées, puisqu’elles peuvent également prendre part à certaines activités, comme les sorties qui sont organisées à la plage avec location de véhicules adaptés pour accueillir les personnes en fauteuil.
 
« C’est le directeur de la maison de retraite qui m’a parlé de Monalisa », explique Gabriel Cazaubon. « Pour nous, l’enjeu est d’intégrer un réseau national pour avoir accès à l’expérience des autres et échanger sur nos initiatives ». 

L’association AIDAPI au cœur de la Savoie (département 73)

AIDAPI est une association qui s’est créée en 2009 et dont l’objet est de lutter contre l’isolement des âgés et des aidants. « Nous organisons des visites hebdomadaires au domicile des personnes âgées et isolées pour maintenir le lien social, établir un contact dans le respect et confidentialité. Chaque bénévole en fonction des disponibilités et des attentes de la personne visitée s’engage à assurer les visites programmée le même jour » explique Hélène Nicoud, fondatrice et présidente de l’association.
 
La population concernée est âgée entre 75 et 100 ans. « Nous proposons aux personnes visitées des jeux, de la lecture, des promenades, de simples dialogues. Des échanges se créent. Ils parlent d’eux, de leur vie, de leurs angoisses, leurs appréhensions. Tous très enrichissants. On se rend compte que le bénévole devient un appui, un soutien, presque un confident. Il faut lutter contre cet isolement trop souvent incompris qui conduit les personnes vers un repli. Monalisa est une réponse à cela, à condition que tout le monde joue le jeu » souligne Hélène Nicoud.
 
Aujourd’hui l’association AIDAPI, avec ses quinze bénévoles suit une vingtaine de personnes âgées répartis sur quatre cantons, soit près de 43 communes et vient de rejoindre le réseau.

Article publié le 29/01/2015 à 03:57 | Lu 2610 fois