Mal de dos : vers des disques intervertébraux tout neufs

Le mal de dos, l’un des maux du siècle pourrait peut-être disparaitre, ou en tout cas, être sérieusement réduit grâce à des chercheurs de l’Inserm* qui sont parvenus à transformer des cellules souches adipeuses en cellules qui pourraient être capables de remplacer les disques abimés de la colonne vertébrale.


Notre colonne vertébrale est constituée d’un empilement de vertèbres. Son articulation et sa flexibilité sont possibles grâce à la présence des disques intervertébraux qui forment comme des « coussins » entre nos vertèbres. Les pathologies dégénératives des disques vertébraux sont liées aux sollicitations importantes et répétitives auxquelles est soumise notre colonne vertébrale tout au long de la vie : port de charges, sports, mouvements répétitifs, torsion. De nos jours, on évoque le mal de dos comme étant le mal du siècle…  
 
Avec le temps, les disques s’usent, se dégradent et ne peuvent plus jouer leur rôle d’amortisseur. Si ces pathologies sont d’apparition lente et progressive, elles se traduisent rapidement par des douleurs au niveau de la zone où les disques sont endommagés. On estime que la dégénérescence de ces disques intervertébraux est responsable d’environ 40% des douleurs lombaires.
 
De nos jours, les recherches se focalisent donc sur la mise au point de traitements qui ralentiraient voire même empêcheraient la dégénérescence des disques et des cellules qui les composent.
 
D’un point de vue physiologique, le noyau pulpeux, la partie centrale des disques intervertébraux, est le premier touché. Il est composé en grande partie d’eau, ce qui lui confère ses propriétés d’amortisseur. Avec l’âge, les cellules pulpeuses deviennent progressivement moins prolifératives et incapables de produire cette fameuse matrice extracellulaire très hydratée.
 
Comment alors les remplacer par des cellules fonctionnelles ? Les chercheurs se sont intéressés au tissu adipeux qui constitue un grand réservoir de cellules souches capables de se différencier dans une vaste gamme de types cellulaires. Encore fallait-il trouver le bon protocole pour réussir à ce que des cellules souches du tissu adipeux puissent se transformer en cellules du noyau pulpeux.
 
La mise au point de ce protocole peut s’apparenter à une recette de cuisine. Les chercheurs ont su trouver les bons ingrédients et le bon dosage afin qu’elle soit réussie. En 28 jours les chercheurs ont obtenu in vitro, à partir de tissu adipeux prélevé chez neufs patients, des cellules de noyau pulpeux fonctionnelles et ressemblant à celles existantes naturellement dans les disques intervertébraux.
 
« Le protocole s’est avéré être une réussite indépendamment de l’âge et du poids des patients indique Jérôme Guicheux, le responsable de cette étude scientifique. Nous devions néanmoins aller plus loin car ces cellules n’avaient aucune chance de survivre en étant réimplantées seules dans un disque intervertébral abimé et dépourvu de tout le substrat nutritif qui leur est nécessaire. »
 
La seconde astuce a donc été de coupler ces cellules à un biomatériau de synthèse pour récréer un environnement favorable à leur multiplication une fois qu’elles seraient injectées dans le disque intervertébral. Les chercheurs ont évalué l’activité biologique de ces cellules in vivo après leur transplantation chez la souris. « Ce dispositif est celui qui se rapproche le plus d’une transplantation intradiscale chez l’homme » précise le chercheur. Ce travail de médecine régénératrice permet désormais aux scientifiques d’envisager la prochaine étape avant le passage en clinique : à savoir, tester l’efficacité thérapeutique de ces cellules toutes neuves dans un modèle animal pertinent de pathologie dégénérative des disques vertébraux.
 
Cette étude a été publiée récemment dans la revue scientifique Stem cells.
 
*sous la responsabilité de Jérôme Guicheux (Unité Inserm 791 « Laboratoire d’ingénierie ostéo articulaire et dentaire » à Nantes) 

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Publié le 07/01/2016 à 01:00 | Lu 3451 fois