Lumière et déficience visuelle : quels besoins en éclairage ?

La lumière est un élément essentiel pour l’homme. Fondamentalement, le monde vivant est né avec la lumière, qui a joué et joue toujours, un rôle capital au niveau énergétique et sensoriel. Des informations perçues par l’œil et traduites par notre cerveau dépendent notre sécurité mais aussi notre bien-être physique et émotionnel. L’homme a besoin de lumière pour son fonctionnement biologique et affectif. Editorial du Professeur Christian Corbé, Président du Collège Santé.


Les avancées de la médecine qui permettent une vie plus longue, mais en faisant face à des maladies cécitantes, mettent en « lumière » ce bien indispensable à notre développement. En effet, une nouvelle catégorie de maladie, « la malvoyance », a fait son apparition il y a quelques années, avec une prévalence en augmentation constante dans les pays occidentaux.
 
Chaque catégorie de malvoyance a son besoin physiologique et émotionnel lumineux. Des recommandations et des normes existent pour générer et adapter l’éclairage nécessaire aux différentes activités pratiquées dans des conditions diverses pour les personnes possédant une vision dite normale. En revanche, peu d’informations sont disponibles pour traiter les problèmes des patients ayant des capacités visuelles faibles. La connaissance de l’apport du moyen « lumière » devient impérative dans l’optimisation des informations pour les déficients visuels et les personnes vulnérables, comme les personnes âgées.
 
L’Organisation mondiale de la Santé a pris la mesure de l’ampleur des enjeux. Depuis 1978, l’OMS met en place des programmes pour la prévention de la cécité et de la déficience visuelle. Une action qui s’est traduite par la mise en place d’un « Plan d'action pour la prévention de la cécité et des déficiences visuelles évitables 2009-2013 » et par une conférence internationale de consensus en décembre dernier.
 
Outre les difficultés en matière de cognition spatiale, la déficience visuelle impacte lourdement les personnes qui en sont atteintes et diminue la qualité de vie. Selon une étude américaine, une acuité visuelle inférieure à 1/10 divise par plus de quatre les activités quotidiennes. Un état de santé général plus faible et des troubles psychologiques sont également associés à la déficience visuelle (quatre déficients visuels sur cinq déclarent une ou plusieurs autres déficiences). Chez les personnes âgées, la déficience visuelle entraine chutes, fractures de la hanche, perte d’autonomie nécessitant un placement en établissement spécialisé et peut avoir une incidence sur le taux de mortalité.
 
285 millions de personnes souffrent de déficience visuelle dans le monde selon l’OMS. Personnes âgées et enfants sont particulièrement concernés. Ainsi, les deux-tiers des seniors présentent une déficience visuelle dans le monde. En France, 3% de la population est atteinte, dont 60% ont plus de 60 ans. Des chiffres qui vont vite augmenter, puisqu’une personne sur trois aura plus de 60 ans en 2035 selon l’INSEE, portant à près de 3 millions le nombre de déficients visuels. Ces personnes ne peuvent effectuer les tâches quotidiennes sans être aidées, notamment par un éclairage spécifique. Le Collège Santé de l’AFE fera ainsi le point lors d’une conférence qui aura lieu à Paris le 23 mars prochain, sur les préconisations dans ce domaine, en France et dans le monde.

Publié le 09/03/2016 à 04:37 | Lu 2704 fois