Les seniors et la mobilité (partie 4)

Le Laboratoire de la Mobilité inclusive -qui rassemble des grands acteurs publics et privés pour analyser les difficultés quotidiennes rencontrées par les publics les plus fragiles- a mené une étude autour de la mobilité des aînés et propose en parallèle, des solutions innovantes et adaptées à leurs besoins. En guise de dernière partie, voici donc quatre grands champs de recommandations pour améliorer les choses dans les années à venir.


Les recommandations suivantes privilégient une approche par « concept universel », afin de prendre en compte la grande diversité des situations rencontrées au sein de la population des seniors et de manière plus générale la recherche de solutions et perspectives qui soient ouvertes au plus grand nombre.
 
Une attention particulière a cependant été portée aux deux catégories de seniors les plus en difficulté face aux questions de mobilité : les seniors en situation de précarité et les seniors en perte d’autonomie.
 
1/ Autonomie, prévention,  anticipation

Proposition 1
Création d’un « guide de la mobilité », sous tous supports. Appuyé sur des informations et données à l’échelle nationale, il sera fourni sous format adaptable aux collectivités et à leurs partenaires pour y intégrer informations et données à l’échelle locale. Intégration d’un chapitre « mobilité » dans le Guide national de l’aidant familial.
 
Proposition 2
Former les seniors aux autres solutions de mobilité que la voiture et à l’utilisation des NTIC et des nouveaux services à la mobilité est indispensable. Proposer une formation destinée aux aidants afin qu’ils puissent accompagner les seniors en perte d’autonomie dans ce contexte, notamment sur le thème des NTIC.
 
Proposition 3
Compléter les ateliers existants (conduite automobile, maintien de la forme physique, prévention des chutes…) par des ateliers sur l’usage des transports en commun, l’apprentissage du vélo, l’organisation et l’aménagement adapté du domicile, le choix du lieu de vie en amont du grand âge…
 
Proposition 4
Afin de privilégier le préventif au curatif, et face au désintérêt marqué d’une majorité de jeunes seniors pour la prévention et l’anticipation, une campagne ciblée de mobilisation et de communication s’impose.
 
2/ Faciliter la mobilité  en toutes circonstances

Proposition 1
Simplifier et harmoniser les dispositifs d’aide, aujourd’hui méconnus, pour qu’ils bénéficient à un plus grand nombre de seniors en difficultés. Certains seniors échappent à tout dispositif. Décorréler le recours aux aides financières (APA, chèque Sortir+) de l’agrément du transporteur en Préfecture. Développer une tarification sociale pour les seniors en situation de précarité et/ou en perte d’autonomie, quel que soit leur âge.
 
Proposition 2
Développer et mutualiser les solutions d’aide et de portage à domicile au sens large, pour élargir la palette de réponses proposées aux seniors les moins mobiles. Y intégrer une aide en termes de maintien de l’activité physique et de petits déplacements de proximité, ou encore d’accompagnement dans l’apprentissage et la maîtrise des outils dématérialisés et supports numériques.
 
Proposition 3
Former les conducteurs de bus, transport à la demande et artisans taxis à une meilleure prise en charge des seniors : distance aux arrêts, conduite plus souple, information.
 
Proposition 4
Créer des financements spécifiques sur critères sociaux, intégrant à la fois les revenus de l’aidant et ceux de la personne aidée, ainsi que le niveau de perte d’autonomie de la personne aidée, par exemple sur la base de la grille GIR. Encourager le développement, comme c’est déjà le cas dans certaines villes, d’une carte d’aidant, permettant d’accéder à différents services ou facilités (tarification sociale dans les transports, places de stationnement GIG/GIC…). 3 Développer des services  nouveaux ou adaptés

3/ Développer des services nouveaux ou adaptés
 
Proposition 1
Repenser les potentialités de partage des véhicules en milieux peu denses et peu équipés en transports publics : expérimenter des solutions inclusives, mutualisant par exemple les véhicules issus de flottes professionnelles non utilisées à certaines heures (le soir, le week-end). Accompagner l’accès aux systèmes en libre-service (voitures, vélos) pour une meilleure appropriation de ces services par les seniors.
 
Proposition 2
Adapter les sites Internet et applications mobiles dédiées à la mobilité aux capacités et besoins des seniors. Intégrer cette adaptation dans une approche par conception universelle, afin de rendre ces outils accessibles à un public à mobilité réduite élargi. Accompagner la prise en main de ces solutions par des formations proposées « par les pairs ».
 
Proposition 3
Décloisonner l’accès aux services de transport accompagné existants et faciliter le développement de ces services y compris par de nouveaux opérateurs. Mutualiser les besoins de micro-transport en ciblant un large public précaire (seniors, personnes en insertion, personnes à mobilité réduite, etc.) ; adapter les services aux horaires d’usage et les dessertes aux lieux d’usage des seniors et de ces populations fragiles. Développer des solutions complémentaires à partir de dessertes et services existants (métiers de distribution du courrier, de l’eau, de l’électricité par exemple). Développer un service de covoiturage de type « auto-stop social », dédié aux besoins des seniors et autres publics fragiles face à la mobilité. Développer le complément d’activité en encourageant les personnes en capacité de conduire à proposer des solutions de transport accompagné individualisé ou micro-collectif.
 
4/ Encourager une gouvernance inclusive
 
Proposition 1
Renforcer les critères d’adaptation systématique des conditions d’accessibilité physique aux lieux publics. Adapter la voie et les lieux publics aux contraintes physiques des seniors (bancs, sièges, « assis-debout », toilettes publiques, etc.).
 
Proposition 2
Inclure les seniors dans les projets d’aménagement pour adapter l’environnement à leurs besoins : construire le territoire avec les seniors à l’image du dispositif « Villes amies des aînés ». Développer un dispositif d’information unique, en concertation avec les seniors et autres publics fragiles, pour tous les modes de transport sur un même territoire. Auditer l’universalité des services de transport actuellement proposés (accessibilité physique et tarifaire).
 
Proposition 3
Développer le principe d’un test de résistance des territoires au vieillissement de la population, en particulier en milieux périurbain et rural, afin d’identifier les territoires les plus fragiles en termes de dépendance à l’automobile. Sur cette base, identifier des zones d’habitat préférentielles, développer des diagnostics individuels habitat-mobilité, etc. Repenser les compétences et les partenariats locaux en matière de transport : déléguer la compétence transport à des acteurs de proximité en facilitant l’implication de nouveaux acteurs dans une logique de développement de l’économie résidentielle.
 
Proposition 4
Eviter de répliquer la dichotomie acteurs du transport/acteur de l’action sociale identifiée pour les publics en accès à l’emploi. Créer une nouvelle instance de coordination territoriale de la mobilité inclusive

Publié le 23/11/2015 à 01:00 | Lu 3663 fois