Le manifeste de la beauté libérée par Emmanuelle Taulet, PDG et fondatrice de la marque Jeanne M

Le règne d’une beauté figée, photoshopée, botoxée, twittée, calibrée au millimètre près, semble avoir pris quelques rides… Les marchands de jeunesse nous ont vendu du rêve et surtout de belles illusions, à en juger par le nombre pharaonique de crème antirides vendues chaque année sur le marché français.


Combler, compenser, diminuer, effacer, réparer, retarder, inverser…
 
Aucun verbe n’est trop beau pour nous donner l’illusion d’appuyer sur « rewind ».
 
Pourquoi voulons-nous à tout prix rattraper le passé au lieu de profiter pleinement de notre beauté du moment, cette beauté si précieuse qui s’est patinée et ennoblie avec le temps ?
 
Pourquoi diable la beauté devrait-t-elle se cantonner au nombre de nos fibroblastes ou à la vigueur de notre collagène ? La beauté n’est nullement mathématique, elle est avant tout un livre ouvert sur toutes nos émotions vécues.
 
La révolution est en marche… Les « frozen-faces » fondent comme neige au soleil –le vernis craque, nous dévoilant une beauté bien plus passionnante que celle que les industriels s’évertuent à nous vendre.
 
Non à la beauté « Devoir » qui voit en elle un rempart contre les effets du temps
Non au culte du jeunisme
Non aux snippers de la nano ou macro ridule
Non à la beauté moralisatrice qui nous enferme dans une beauté chimère
Arrêtons de fantasmer le passé – Soyons fermes et déterminées
Soyons belles et libérées !

Rappelons-nous comment c’était à 20 ans, sans nos rides – Pas si terrible que ça finalement, complexées et mal dans notre peau, étrangères à une beauté si peu apprivoisée ? ! Alors pourquoi tant de nostalgie ?
 
Arrêtons de dire aux femmes : « vous avez plus de 50 ans, si vous voulez redevenir belles, redevenez jeunes…»  C’est d’une violence inouïe ! La beauté ne peut être que mature et on ne peut être belle que lorsque l’on s’assume. Et pour s’assumer, il faut avoir vécu, il faut avoir pris des coups, avoir connu de belles expériences, mais aussi de moins belles. Il faut se connaître, savoir sublimer ses défauts et mettre en avant ses qualités. Et ça, une jeune femme de 25-30 ans ne va pas toujours y parvenir, tant il n’est pas facile de s’assumer vraiment à cet âge-là. À 25 ans, on se dit souvent « Quel métier faire, quel homme rencontrer…», à 35 ans « Quelle carrière…», à 45 ans « Mon Dieu, je vieillis ! »… C’est finalement à partir de 50/55 ans que l’on est vraiment libre, que l’on est soi.
 
La beauté libérée est un état d’esprit, un bien-être, un rapport à soi unique et authentique, affranchie de toute idéologie cosmétique.
 
Après la MILF (« Mother I’d Like to Fuck » autrement dit, une mère sexuellement attirante…) qui croit qu’elle a tout son temps, la couguar qui veut à tout prix rattraper le temps, il y a maintenant la sublissime qui est juste bien dans son temps. Il n’en fallait pas davantage pour poser les fondements d’une beauté Sexygénaire, dont les actrices sont des femmes rayonnantes, engagées dans leur beauté et bien dans leur peau. Des femmes qui n’ont surtout pas baissé les armes mais qui nous offrent une vision décomplexée et plus mature d’une beauté vraie.
 
Les Sexygénaires ont tout à nous apprendre alors donnons-leur la parole ! Arrêtons d’interdire à ces beautés assumées de s’exprimer, simplement parce qu’elles en dérangent plus d’un, parce qu’elles nous proposent un vision radicalement différente de notre perspective bien souvent trop archaïque de la beauté.
 
La génération des femmes de 50 ans et plus a connu les années marketing avec toutes les promesses qui allaient avec. Ce sont des femmes de 1968, qui ont déjà bousculé les codes à cette époque et qui continuent à le faire aujourd’hui encore. Elles nous démontrent qu’elles n’ont rien à voir avec les grands-mères de l’ancien temps, que l’on peut être une bonne grand-mère même si on ne fait pas des gâteaux tous les mercredis après-midi, que l’on peut avoir une vie sexuelle, et surtout que l’on peut continuer à être belle ! Aujourd’hui, certaines actrices, chanteuses ou journalistes de cette génération sont devenues de véritables icones. Et à les voir, on ne pense nullement «si vous voulez redevenir belle, redevenez jeune»… On a même plutôt envie de leur demander comment elles font pour être si belles à leur âge, et on espère être aussi resplendissante et épanouie au même âge !
 
Les années 80 et 90 ont été celles de tous les excès : je bronze à gogo, je me mets des huiles… Et le regard des femmes a aussi changé : aujourd’hui, on est plus sur une volonté de bien-être. Les antirides ? Proposer aux femmes des crèmes antirides, c’est leur mentir. Déjà, il faudrait pour cela agir sur la seconde couche de l’épiderme, ce qui est du domaine de la chirurgie, pas de la cosmétologie. Mais au-delà de ça, le plus important reste la portée psychologique de ce type de produit. La vraie question est la suivante : pourquoi vouloir à tout prix effacer le temps ? En Europe, pourquoi a-t-on si peur du temps, de la vieillesse ? Au niveau des produits mis à la disposition des femmes, on est arrivé à une situation délirante : pensez que dans dix ans, 30% de la population aura plus de 50 ans et que, déjà aujourd’hui, une crème achetée sur deux l’est par une femme de plus de 50 ans…
 
Nous vivons dans l’obsession de la ride, l’ennemi public numéro un ! Si les produits antirides sont omniprésents sur les écrans et dans les magazines, il est en fait plus juste de parler de produits anti-âge. Car les rides ne sont pas le seul problème. Aujourd’hui, les femmes de 50 ans et plus évoquent la sécheresse de la peau, sa perte d’élasticité. Elles sont davantage dans une quête et un besoin de confort et de bien-être. Or, il existe un véritable fossé entre les produits disponibles et la demande des femmes ! Il faut avant tout bien comprendre la différence entre les produits dits antirides et les produits anti-âge.
 
Les mots ont un sens : l’anti-âge fait référence à ce manque d’élasticité de la peau, souvent dû aux changements hormonaux qui surviennent à la ménopause. Alors que le terme antirides est complètement dépassé : une personne sans aucune ride, ça n’existe pas ! Bien sûr, on peut trouver à redire aussi sur le terme anti-âge…

Mais n’oublions pas que le préfixe «anti», dans son étymologie latine, ne signifie pas «contre», mais exprime l’idée de prévention. Une femme de 35 ans peut utiliser des antirides, comme un moyen de se prémunir contre trop de rides. Mais, passé 50 ans, il s’agit plutôt d’utiliser des anti-âge, là encore comme moyens de prévention pour conserver l’élasticité de la peau, pour lutter contre l’apparition des taches.
 
Et s’il s’agissait avant tout d’un problème de vocabulaire ? Ne pourrait-on pas bannir une bonne fois pour toute  le terme « anti » âge pour ne retenir que l’âge sublimé ? Nous en revenons là encore, et toujours, à cette peur  psychologique de vieillir ! Pourquoi anti-âge, pourquoi donc avoir si peur de son âge ? Pourquoi ne veut-on pas avoir, et faire, son âge ? Bien entendu, cette crainte est profondément ancrée chez toutes les femmes. Mais les temps changent, la société évolue, et il n’en sera plus ainsi dans 10 ans. La cosmétologie changera avec, d’ailleurs, la machine est déjà en marche !
 
Finalement, une femme qui s’assume sera toujours plus belle qu’une femme qui refuse d’accepter le cours du temps. Et les photos de femmes de 50 ans qui s’assument peuvent être splendides, naturellement, sans aucune retouche. On n’y voit certes pas des gravures de mode, mais simplement de belles femmes, qui savent user de leur expérience de l’âge pour savoir quelle couleur va les amincir, quelle teinte de cheveux les met le plus en valeur. La beauté, c’est aussi, et surtout, se connaître et savoir sublimer ses qualités.
 
Le meilleur des anti-âge, c’est l’hydratation. Et comme image pour exprimer ce besoin physiologique de la peau, on peut comparer les femmes à une belle plante : le matin, elle a soif, on l’arrose et elle rayonne ! Donc il faut boire de l’eau en quantité tous les jours ! Mais pour combler une ride existante, pas de miracle, il faut faire appel à la chirurgie. Un autre point essentiel est que la beauté extérieure est indissociable d’une beauté intérieure. Pour l’atteindre, il convient de boire de l’eau, bien manger, bien dormir… Sinon, c’est la peau qui souffrira !
 
Enfin, il est essentiel de cultiver le bonheur, comme on cultive ses plantes, sa plante intérieure… et de rire et sourire, les meilleurs soins anti-âge jamais inventés !
 
Après 50 ans, les femmes ne refont pas leur vie, elles la continuent, mais libérées des contraintes. Ces femmes qui s’assument laissent de la place à la séduction dans leur vie. Pourquoi avons-nous si peur du temps qui passe ? Ne pouvons-nous pas plutôt penser que le temps n’agit pas contre nous, mais avec nous. Que nous ne pouvons que nous améliorer, nous bonifier et nous embellir au fil des ans ?
 
L’acceptation de la Beauté mature est aussi, et surtout, un hymne à la vie. Et quand on aime la vie, elle nous le rend bien ! La vraie vie, celles que nous traversons tous au quotidien, n’est pas celle d’une beauté figée, stéréotypée, standardisée, photoshopée. Dans la vraie vie, nuls avatars, on rencontre des gens, on partage, on écoute, on vit des choses et dans cette vie-là les gens voient le temps passer, ils ont des rides.
 
Chaque âge est synonyme de beauté, une beauté qui lui est propre. La beauté doit être transmise de génération en génération tel un trésor, on doit se sentir heureuse de passer à une autre ère, d’ouvrir un nouveau chapitre.
 
Ce plaidoyer est celui d’Emmanuelle Taulet, une trentenaire bien dans sa peau, dont la grand-mère de 91 ans est « la femme de sa vie ». Tout a commencé devant une publicité pour un antirides à la télévision. Emmanuelle Taulet regardait le spot en famille quand sa grand-mère s’est écriée : «Vendre de l’antirides à des femmes déjà ridées, c’est vraiment n’importe quoi !». De cette simple remarque de bon sens lui vient l’idée de déposer le terme « sexygénaire », largement repris depuis, et de devenir en quelque sorte l’ambassadrice de ces femmes bien dans leur âge et dans leur peau, et prêtes à vivre pleinement leur beauté.

Publié le 30/04/2014 à 09:04 | Lu 2074 fois