A la question qui traverse les « Contes et nouvelles » : la femme est-elle habitable ? « La maison close apporte une réponse » annonce Patrick Wald Lasowski qui en fait sa thèse en relisant et l’œuvre et la biographie de Maupassant.

C’est que le bordel est un des lieux privilégiés où se déploie le conte, c’est là aussi où se rend fréquemment Maupassant. « Maupassant pressent parfaitement la sexualité de la nouvelle : il est fait pour régaler ces lecteurs empressés » et l’auteur ajoute plus loin « chacun de ses contes repose sur une sorte de mythologie intime de l’événement. Les drames de la guerre, les tribulations des employés, les accidents de chasse : tout s’enlève sur ce fond de grisaille. Des esprits atrophiés par la médiocrité de l’existence sont soumis tout à coup par les spasmes du désir, habités par de brusques inquiétudes ».

On est au cœur de la création littéraire où l’érotisation du conte est un des moteurs les plus efficaces.

Pornographe, Maupassant ? Non pas, mais être de désir. Dans la nouvelle « Lui ? », il écrit : « Plus que jamais, je me sens incapable d’aimer une femme parce que j’aimerai toujours trop toutes les autres. Je voudrais avoir mille bras, mille lèvres et mille… tempéraments pour pouvoir étreindre en même temps une armée de ces êtres charmants et sans importance ».

Là est tout le mérite du livre de Patrick Wald Lasowski. Il rend un Maupassant pas très éloigné du Marquis de Sade avec lequel il partage la couleur foncièrement pessimiste et la dénonciation de la morale bourgeoise corsetée par la pensée religieuse, utilitariste, militariste.

La Maison Maupassant
Patrick Wald Lasowski
Editions Gallimard (collection L’un et l’autre)
98 pages
14 euros