Infarctus du myocarde : l’appel au 15 n’est toujours pas rentré dans les mœurs des Français !

Les professionnels de santé sont inquiets ! En effet, l’appel au 15 n’est toujours pas rentré dans les mœurs des Français. Et ce, malgré des campagnes d’information et de sensibilisation ! Encore aujourd’hui, moins de 50% de nos compatriotes ont le bon réflexe d’appeler le 15 en cas d’infarctus du myocarde. Rappelons pourtant que 400 personnes meurent chaque jour en France de maladies cardiovasculaires…


Depuis les premiers résultats alarmistes de l’observatoire « Stent for Life » en novembre 2010*, une campagne d’information a été mise en place auprès du grand public et des professionnels de santé afin d’optimiser cette prise en charge.

Pour évaluer l’impact de cette campagne d’information, un second registre a été réalisé en novembre 2011, dans les mêmes conditions que le premier.

La Société Française de Cardiologie a jugé opportun d’informer la presse grand public et professionnelle des résultats de ces deux registres, pour l’aider à relayer le plus largement possible les leçons à en tirer auprès des publics concernés.

Meilleure prise en charge de l’IDM par les professionnels de santé : la France se place dans le peloton de tête en Europe

Les résultats du deuxième registre de l’observatoire français Stent for Life montrent une amélioration de la prise en charge de l’IDM par les professionnels de santé, notamment les urgentistes (SMUR/SAMU) et les cardiologues interventionnels.

Plus de patients traités

Indépendamment de la technique utilisée, le pourcentage de patients reperfusés est plus élevé : 86% en 2010 contre 9,5% en 2011. Pour mémoire, en 2005, seulement 61% des patients étaient reperfusés en France, d’où la décision de mettre en place des registres pour essayer de comprendre d’où venaient les « failles » dans le système de prise en charge français, alors que le maillage des unités de soins intensifs cardiologiques est satisfaisant sur le territoire national, que notre système SAMU/SMUR est « exemplaire » et que les cardiologues interventionnels français sont très exercés et performants

Plus de patients traités par angioplastie primaire

Le pourcentage de patients traités par angioplastie primaire, gold standard des techniques de reperfusion, a lui aussi significativement augmenté (p=0,05) passant de 64% en 2010 à 72% en 2011. Avec plus de 90% de patients reperfusés et près des trois-quarts ayant bénéficié d’une angioplastie primaire, la France se place dans le peloton de tête au niveau européen.

Plus de femmes traitées

Le pourcentage de femmes non reperfusées a très nettement diminué, puisqu’il est passé de 50% en 2010 à 35% en 2011, plusieurs facteurs étant impliqués dans cette meilleure prise en charge.

L’inquiétude face à l’attitude des patients : pas plus d’appel au 15

Toutefois, les professionnels de santé s’inquiètent car il n’a été observé aucune amélioration en ce qui concerne l’attitude des Français en cas de douleurs thoraciques entre les deux registres. Le grand public n’a pas encore acquis les bons réflexes puisque, en 2010 comme en 2011, et malgré la campagne d’information auprès du grand public, moins de 50% des patients ont composé le 15 !

La course pour la vie DOIT continuer

La courte période des campagnes d’information et de sensibilisation réalisées de façon ponctuelle dans les cinq départements concernés n’a pas suffi pour capter l’attention du grand public. Il est donc urgent de mettre en place des campagnes d’information pérennes auprès du grand public, en déployant plus de moyens afin que l’appel au 15 devienne un réflexe pour tous les Français devant une douleur thoracique faisant suspecter un IDM. Dans ce contexte, il est prévu, notamment, de créer une animation rappelant les « bons réflexes », avec une large diffusion « virale » sur les réseaux sociaux.

Infarctus du myocarde : savoir reconnaître ses symptômes et acquérir les bons réflexes

L’IDM se manifeste le plus souvent par une douleur brutale qui apparaît la nuit ou au repos. Cette douleur se situe dans la poitrine, en arrière du sternum. Il s’agit d’une douleur intense qui serre la poitrine « en étau », pouvant se propager jusqu’aux mâchoires, dans le bras gauche (ou les deux bras), aux deux derniers doigts de la main gauche et parfois dans le dos ou le ventre.

Sont souvent associés à cette douleur un malaise général avec sueurs, pâleur, sensation d’évanouissement, voire syncope et, parfois des difficultés respiratoires et des troubles digestifs (nausées, vomissements), qui peuvent être au premier plan. Habituellement, la douleur de l’IDM dure plusieurs heures, voire 24 à 36 heures.

Adopter les bons réflexes

- Appeler le 15
- S’allonger ou s’assoir
- Rester immobile en attendant l’arrivée des secours
- S’assurer que l’on peut ouvrir la porte
- Ne plus se servir de son téléphone pour pouvoir être rappelé par les services de secours
- Envoyer quelqu’un chercher un défibrillateur automatique si disponible à proximité

Les erreurs à ne pas commettre

- Appeler le cardiologue, le généraliste ou SOS médecins
- Bouger, marcher ou faire tout autre effort
- Aller aux urgences soi-même
- Prendre un médicament avant l’arrivée du Samu ou des pompiers

*étude de tous les patients ayant présenté un infarctus du myocarde (IDM), pendant un mois, dans cinq départements pilotes français

Publié le 19/04/2012 à 08:00 | Lu 1895 fois