Et si les vieux aussi, étaient Charlie ?

Récupération de Charlie, amalgame, peut-être, bien sûr et alors ? Entre le silence et ses scories et le rappel de situations qui perdurent, il n'y a pas à tergiverser... Etre vus et entendus... Etre vus et entendus... Etre vus et entendus… Etre vus et entendus...





Doit-on en effet craindre de rappeler l’incapacité de se faire entendre et de s’exprimer de ces très vieux, en institution, à domicile, ceux en perte d’autonomie, ceux qui ont déjà perdu leur autonomie, les invisibles, ceux « qui ne valent plus rien »… On le voit déjà, la richesse du jargon qui les définit est inversement proportionnelle à leur parole.
 
Alors, si certains prennent le large et vivent dans leur tête pour ne pas la perdre, les autres continuent… Oh bien évidemment, il y a bien les « bons vieux », ceux qui ne dérangent personne, mais il y a aussi les autres, ceux qui considèrent à juste titre qu’ils sont simplement vivants et qu’ils ont des choses à dire. Mais savons-nous ce qu’ils pensent de nous, de nos regards, de nous tous qui nous préoccupons de « leur » bien-être en oubliant trop souvent de les interroger sur leur conception du « bien vieillir » ?
 
Les « spécialistes » eux,  multiplient les injonctions et les discours, mais les vieux dans les établissements  continuent de se taire, de vivre ou de survivre, malgré tous les efforts et les améliorations apportés. Pourtant, dans le cadre de « Lettre à… », action organisée depuis 2001 par « feu la Fondation Nationale de Gérontologie »,  ils ont écrit plus de 4.500 lettres, librement, sur des thèmes qu’ils ont choisi. Nous n’avons pas parlé à leur place, nous n’avons pas confisqué  leur parole. Nous l’avons analysée dans de nombreuses études, nous avons publié une centaine de ces lettres dans un ouvrage : « C'était hier et c'est demain, lettres d'anciens jeunes à de futurs vieux », nous avons accompagné la création d’une extraordinaire pièce de théâtre : « Ça commence par une lettre... »
 
Voilà ce qu’ils disaient, ce qu’ils nous disaient et  revendiquaient : « Sachez que si notre âge ne nous permet plus de marcher, il ne nous dispense pas de penser. Alors nous écrivons des Lettre à…   en espérant être lus et entendus ». Alors, en 2015, regardons-les, écoutons- les et entendons-les. N’oublions pas : la liberté d’expression fondement du lien social et de l’estime de soi est un droit et un besoin menacé de fait et menaçant semble-t-il. Etre vus et entendus... Etre vus et entendus... Etre vus et entendus… Etre vus et entendus… Etre vus et entendus... Etre vus et entendus.... 
 

Article publié le 16/01/2015 à 11:40 | Lu 1012 fois