Asthme allergique et environnement domestique par le Pr. Frédéric de Blay

L’allergie, inflammation bronchique liée à l’inhalation d’éléments étrangers (les allergènes), qui concerne un tiers de la population. Elle se traduit par différents symptômes : un asthme, une rhinite, une conjonctivite… Les sources de contamination sont nombreuses et trouvent leur origine dans un environnement extérieur mais aussi dans notre cadre de vie intérieur. Savoir reconnaitre ces intrus rendra la maison plus vivable. Par Frédéric de Blay, professeur à la faculté de médecine, service de pneumologie, CHU de Strasbourg.





La maison idéale est une maison ventilée…

Aérer les pièces de notre maison constitue le BA.ba de l’hygiène domestique. Renouveler l’air que l’on respire constitue la règle de base pour préserver son environnement, sauf, naturellement en cas de pics de de pollution.
 
Traquer les acariens et les nids à poussière.

Ils sont la cause de 80% des asthmes allergiques de l’enfant, et de 50% chez les adultes et se nichent partout : du sol au plafond, dans les tentures, les tapis, notre literie… Pour les combattre, on privilégiera les peintures murales aux tentures et, en matière de literie, les couettes et oreillers en synthétique plutôt qu’en plumes, afin de pouvoir les laver autant que nécessaire. Le sommier sera en lattes, recouvert d’une housse anti-acariens et les draps devront être changés régulièrement. Dans les chambres d’enfants, les peluches, si douces soient elles ne sont pas leurs meilleures amies. Le sol est lisse et les vêtements rangés dans un placard.
 
Les animaux domestiques, oui, dans son lit, non…

Beaucoup de chiens et de chats investissent nos maisons et nos appartements, malheureusement pas toujours pour notre bien ; les allergènes se promenant partout dans la maison, certains comportant des protéines très résistantes. Quand un enfant est asthmatique, il faut surtout refuser l’accès à la chambre des animaux de compagnie et on oublie définitivement l’hypothèse de leur faire partager le lit.
 
Vérifier la qualité de l’air

Les systèmes de ventilation ont le mérite d’exister, mais les polluants intérieurs (CO2, COV, fumées) doivent être contenus. Or, les systèmes de VMC traditionnels sont parfois mal installés, trop souvent mal entretenus et à l’origine de flux d’air peu conformes à la santé de nos bronches. Selon une étude Véritas, c’est le cas pour 60% d’entre eux. Avec les nouvelles réglementations imposant des règles strictes pour réaliser des économies d’énergie dans les bâtiments de basse consommation (BBC), on a mis en place des dispositifs très sophistiqués mais s’avérant être de véritables « cocotte minutes » en matière d’allergènes. La question de la pertinence de ces mesures est posée. Que faut-il privilégier dans les économies budgétaires ?

Celles liées aux dépenses de santé ou d’énergie ?

Traquer les moisissures

Les moisissures liées aux excès d’humidité sont allergisantes : elles libèrent des mycotoxines et des composés organiques volatiles très irritantes pour les bronches tant des enfants que des adultes. On notera ici que les habitats basse consommation ont exacerbé le phénomène. On les nettoie à l’eau, au savon et à l’eau de Javel.
 
Attention aux polluants chimiques

L’autre source de réactions allergiques est constitué par les polluants chimiques : ce sont des produits irritant pour les bronches et néfastes pour les asthmatiques. Parmi eux, les parfums d’intérieur au premier rang desquels les huiles essentielles, le matériel de bricolage, les produits d’entretien.
 
Les Huiles Essentielles ne nous veulent pas que du bien

Très en vogue et surfant sur la mode du « naturel », l’utilisation d’huiles essentielles n’est pas sans dangers. En mesurant les COV de certaines d’entre elles, on a trouvé des taux très élevés de limonène (d-limonène et l-limonème), une molécule aromatique naturelle présente notamment dans les agrumes (citron, oranger doux et amer, pin, romarin, passiflore et menthe…). Si leurs vertus affichées sont antiallergènes, elles peuvent cependant s’avérer être à risque pour le patient asthmatique. Ce constat vaut pour les papiers d’Arménie, bâtonnets d’encens et autres parfums d’ambiance.
 
Colles, peintures... les maux du bricoleur du dimanche

Souvent sans le savoir, les amateurs de bricolages s’exposent – et exposent leurs proches- à des composés organiques volatils du type benzène, styrène, toluène, limonène, trichlorétylène ; Colles pour la moquette, contenant des formaldéydes peintures avec solvants sont autant de produits utilisés qui sont loin d’être anodins et peuvent être à l’origine de graves crises d’asthme. Les produits vendus dans un magasin de bricolage peuvent être source de danger pour un asthmatique sévère. On va recommander naturellement de travailler fenêtres ouvertes, de privilégier des peintures le moins émettrices possibles. Pour cela, il faut bien étudier les vignettes apposées sur les emballages qui les classifient selon leur degré de toxicité (rouge, jaune, vert).
 
Eau de Javel point trop n’en faut !

Une maison propre doit sentir la javel ; tel est le credo des personnes qui font le ménage et les usages en la matière diffèrent d’un pays à l’autre. On observe par exemple qu’en Italie ou en Espagne, où l’eau de javel est très utilisée, on peut trouver jusqu’à 3 fois la norme tolérée. Quand on abuse du pulvérisateur au quotidien, qui plus est en milieu fermé comme dans des cabines de douche, on s’expose à de fortes concentrations d’émanations qui peuvent avoir des conséquences sur les bronches.

Les Conseillers Médicaux en Environnement Intérieur (CMEI) au service de la santé respiratoire et habitat

Encore assez méconnus des médecins généralistes et spécialistes, les CMEI réalisent des visites au domicile des patients, sur prescription ou certificat médical, en cas de suspicion ou de corrélation entre le logement et leur pathologie allergique et/ou respiratoire. Elles vont permettre d’aider le praticien dans le diagnostic ou la prévention de pathologies liées à l’environnement intérieur et d’accompagner le malade dans sa démarche d’éviction des allergènes et irritants. Les CMEI bénéficient d’une formation diplômante au CHU de Strasbourg, en partenariat avec d’autres unités médicales (Brest, Toulouse, Montpellier, Paris- Necker)

Article publié le 28/01/2015 à 09:52 | Lu 6208 fois