Alzheimer : identification de deux nouveaux facteurs de susceptibilité génétique de la maladie

Des chercheurs français de l’Inserm et des scientifiques européens viennent d’identifier deux nouveaux facteurs de prédisposition génétique impliqués dans le développement de la maladie d’Alzheimer. Ces découvertes sont parmi les premiers résultats scientifiques obtenus grâce au soutien de la Fondation Nationale de Coopération Scientifique, qui coordonne le volet recherche du Plan de lutte contre la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées, lancé en février 2008.


Avec plus de 850.000 personnes atteintes en France, la maladie d’Alzheimer est la première cause de troubles de la mémoire et des fonctions intellectuelles chez les personnes âgées. Elle constitue donc un enjeu majeur de santé publique…

A l’exception de l’âge, des antécédents familiaux et d’un facteur de susceptibilité génétique, l’allèle ε4 du gène codant pour l’apolipoprotéine E (APOE), les déterminants de cette affection restent inconnus.

La mobilisation des équipes de chercheurs français associées à un consortium de recherche européen, grâce au soutien de la Fondation Nationale de Coopération Scientifique, a permis de concrétiser une des premières études pangénomiques à très grande échelle s’intéressant à la maladie d’Alzheimer dans le monde.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont analysé les génomes de plus de 20.000 individus dont 6.000 étaient atteints de la maladie d’Alzheimer. Grâce à cette enquête, deux nouveaux facteurs de susceptibilité génétique à la maladie d’Alzheimer ont été découverts. « Ces travaux, souligne le communiqué de l’Inserm, ouvrent des perspectives nouvelles pour le développement de diagnostics et de voies thérapeutiques ».

Comme de nombreuses maladies chroniques, l’apparition de la maladie d’Alzheimer est liée à des interactions complexes entre des facteurs de prédisposition génétique et des facteurs de risque liés à l’environnement. Des formes familiales de la maladie, débutant avant l’âge de 60 ans et peu fréquentes (moins de 3% de l’ensemble des formes), existent pour lesquelles des gènes ont déjà été identifiés.

En revanche, pour l’ensemble des autres formes, dites sporadiques, aucun autre facteur de prédisposition génétique n’avait pu être confirmé jusqu’à présent, à l’exception de l’allèle ε4 du gène de l’apolipoprotéine E. Dans cette étude, afin d’identifier d’autres facteurs de prédisposition génétique de la maladie d’Alzheimer sporadique, les équipes de chercheurs ont réalisé une analyse en deux étapes du génome de plus de 20.000 sujets.

La première étape a consisté à comparer 500.000 variants génétiques répartis sur l’ensemble du génome de 2.032 patients français atteints de la maladie d’Alzheimer et sur celui de 5.328 témoins n’ayant pas développé la maladie, identifiés dans une vaste cohorte d’étude du vieillissement, « l’Etude des Trois Cités ». Cette étape a permis d’identifier onze régions du génome humain pouvant être associées à la maladie. Dans la seconde étape, chacune de ces onze régions a été analysée dans une étude indépendante comparant 3.978 patients et 3.297 témoins d’origines belge, finlandaise, italienne et espagnole.

Ces travaux ont permis d’identifier deux nouveaux gènes de prédisposition de la maladie d’Alzheimer : le gène de la clusterine (CLU) et le gène du récepteur 1 du composant 3b/4b du complément (CR1), situé sur le chromosome 1. Le rôle de ces deux nouveaux gènes dans l’apparition de la maladie d’Alzheimer n’est pas encore connu, mais des études antérieures suggèrent qu’ils pourraient intervenir dans l’élimination du constituant majeur des plaques amyloïdes, le peptide β amyloïde.

Les chercheurs envisagent désormais d’étudier les mécanismes d’action de ces deux nouvelles cibles. « Ce travail ouvre la voie à de nouvelles pistes diagnostiques et thérapeutiques originales qui permettront à terme de progresser plus rapidement dans la lutte contre cette maladie » affirment encore les chercheurs.

Rappelons que la maladie d’Alzheimer est l’une des principales causes de dépendance de la personne âgée. Elle résulte d’une dégradation des neurones dans différentes régions du cerveau. Elle se manifeste par une altération croissante de la mémoire, des fonctions cognitives ainsi que par des troubles du comportement conduisant à une perte progressive d’autonomie.

Ces résultats ont été publiés dans la version en ligne de la revue Nature Genetics, le 6 septembre 2009.

Publié le 30/09/2009 à 10:53 | Lu 3897 fois