Activités physiques et prévention des chutes chez les aînés : le point avec l'Inserm (partie 2)

Dans le cadre d’une grande étude intitulée « Activité physique et prévention des chutes chez les personnes âgées » réalisée par les experts de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), cet organisme fait le point sur les chutes, leurs conséquences, le profil des chuteurs, etc. et les bénéfices de l’activité physique sur les risques de tomber en vieillissant…


Activités physiques et prévention des chutes chez les aînés : le point avec l'Inserm (partie 2)
Lire la première partie. 


L’activité physique aurait un effet de prévention du déclin cognitif

Toute une gamme d’activités physiques (aquagym, tai chi chuan par exemple) montre son efficacité tant au plan physique que psychologique chez les personnes âgées. Attention, les liens ne sont pas directs avec la prévention des chutes mais leur autonomie fonctionnelle s’en trouve améliorée. Par ailleurs, les aînés qui consacrent du temps à l’activité physique ont une meilleure perception de leur santé en général, de leur vitalité et de leur condition mentale et physique. L’activité physique peut non seulement prévenir les chutes mais également améliorer et maintenir leur mobilité, leurs capacités fonctionnelles, leur vie sociale et leur qualité de vie.
 
L’engagement dans une pratique d’activité physique chez les personnes âgées dépend de nombreux facteurs

Naturellement, l’âge joue un rôle décisif avec une rupture à l’âge de la retraite : 71% de pratiquants en France pour la tranche d’âge des 55-59 ans versus 56% pour les 60-65 ans et un quart pour les plus de 75 ans. Par ailleurs, les femmes font moins d’exercices que les hommes et les écarts s’accentuent avec l’âge. A noter également que le statut socioéconomique joue fortement sur l’engagement sportif des personnes âgées : ainsi, 56% des personnes à faibles revenus de la tranche d’âge des 70-75 ans déclarent ne pratiquer aucune activité physique contre 28% des seniors bénéficiant de hauts revenus.

​Les recommandations

Les recommandations d’actions des auteurs de cette expertise collective comportent trois objectifs principaux :

Développer des programmes d’exercices physiques adaptés à l’état de santé du sujet âgé

Sélectionner les exercices d’équilibre en fonction de l’état de santé et l’état fonctionnel des sujets
 
Le travail sur l’équilibre peut être dispensé aux différentes populations de seniors, quel que soit le risque de chute. Le programme doit être néanmoins adapté, selon qu’il s’agit de personnes âgées robustes, de sujets âgés fragiles ou de sujets âgés dépendants, de manière à favoriser le maintien des exercices sur le long terme.
 
Pour tous les aînés autonomes vivant à domicile et d’autant plus pour ceux qui sont à risque élevé de chute, le groupe d’experts incite à la promotion de programmes structurés d’exercices physiques, en groupe et au domicile, privilégiant le travail de l’équilibre statique et dynamique, au moins deux heures par semaine pendant au moins six mois. Pour les personnes vivant en maisons de retraite (Ehpad), l’Inserm préconise également un travail de l’équilibre sur les chutes bien que son bénéfice ne soit pas formellement démontré…

Associer au travail de l’équilibre d’autres types d’exercices

Si le renforcement musculaire et le travail en endurance n’ont pas d’impact direct sur l’équilibre, ils ont respectivement des effets positifs sur l’efficience des muscles sollicités en cas de déséquilibre et sur la mobilité. Ils doivent donc être intégrés aux programmes afin de favoriser des réponses rapides lors d’un risque de chute. Le groupe d’experts encourage aussi la mise en place plus spécifiquement d’exercices pour apprendre aux personnes âgées à se relever du sol.
 
Encourager la pratique d’une activité physique

L’Inserm conseille de mettre en oeuvre des interventions visant à renforcer la confiance des aînés en leurs capacités, tout en modifiant leur perception de l’activité physique. Des ateliers de découverte peuvent par exemple aider à sensibiliser les personnes sédentaires (une personne de plus de 80 ans sur deux) à la pratique d’exercices physiques. Il convient donc de mettre en place pour ces dernières des conseils personnalisés prenant en considération leur mode de vie et leur culture sans trop bouleverser leurs habitudes.
 
Améliorer la formation des intervenants dans le champ de l’activité physique et de la rééducation

Pour chacun des types d’intervenants (éducateurs sportifs, professionnels de l’activité physique adaptée et paramédicaux, rééducateurs), il serait utile d’insister dans leur formation sur la connaissance des tests d’évaluation des capacités motrices et posturales, sur la construction de programmes spécifiques (prévention des chutes, amélioration de la condition physique générale, diminution des risques cardio-métaboliques…), adaptés aux différents types de population âgée.
 
Favoriser les réseaux intégrant les acteurs du monde médical, associatif et sportif

Pour que l’ensemble des problématiques médicales pouvant bénéficier des apports d’une activité physique et sportive puissent trouver un relais, il est nécessaire de favoriser une coordination entre les organismes de tutelle responsables de la santé (Agences Régionales de Santé), du sport (Directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale), les collectivités locales et les associations. Les experts recommandent que les éducateurs et animateurs sportifs du milieu associatif, assurant des programmes d’activités physiques, soient associés à la démarche médicale et paramédicale.
 
Elaborer un cahier des charges visant à guider l’élaboration et l’implémentation de programmes harmonisés d’exercices physiques

Le groupe d’experts invite à la rédaction d’un cahier des charges qui serait un document de référence pour l’obtention d’une labellisation, reconnue par les Agences Régionales de Santé, des programmes et des formations ciblant les personnes âgées à risque de chute, encadrés par des professionnels de l’activité physique et de la rééducation.
 
Informer sur les chutes, identifier et prendre en charge les personnes âgées à risque

Les experts recommandent d’attirer l’attention de la population sur le risque de chute chez les aînés, sur les conséquences des chutes et leur caractère potentiellement évitable. Il préconise plus particulièrement d’informer les seniors et leurs proches des facteurs de risque (antécédents de chute dans l’année écoulée, mauvaise acuité visuelle, troubles de l’équilibre et de la marche, prise de médicaments psychotropes, dangers de l’habitat…) et sur les moyens d’en corriger certains.
 
Pour être efficaces, les messages de prévention doivent mettre en avant les bénéfices d’un bon équilibre sur la mobilité, l’autonomie, le bien-être et la qualité de vie, plutôt que de porter seulement sur la prévention et les conséquences des chutes.
 
Sensibiliser les professionnels de santé à l’évaluation du risque de chute et au repérage de la fragilité

Une évaluation au moins annuelle du risque de chute est recommandée pour toute personne âgée. Cette tâche incombe en premier lieu au médecin généraliste mais peut aussi être réalisée par d’autres professionnels de santé amenés à intervenir auprès de la personne âgée. La Haute Autorité de Santé a émis des propositions d’outils de repérage pour les médecins traitants et acteurs de soins paramédicaux
 
L’interrogatoire du patient doit d’abord reposer sur la question fondamentale « Etes-vous déjà tombé cette année ? », et si oui, « Combien de fois ? ». La connaissance d’antécédents de chute est un excellent prédicteur de nouvelles chutes et doit conduire à la recherche des facteurs de risque de chute et à leur prise en charge.
 
Agir face à la consommation excessive de médicaments psychotropes chez les personnes âgées

L'Inserm propose une réévaluation régulière des prescriptions de médicaments psychotropes. Il convient également que médecins et pharmaciens les informent du risque de chute associé à leur prise. Une évaluation du risque de chute devrait être par ailleurs effectuée avant toute primo-prescription de médicaments psychotropes. Pour une meilleure évaluation bénéfice/risque, le groupe d’experts préconise enfin que la chute soit intégrée aux effets indésirables dans les suivis de pharmacovigilance.
 
Assurer une prise en charge post-chute des patients accueillis aux urgences

Les services d’accueil des urgences devraient s’appuyer sur les unités mobiles gériatriques pour orienter le patient chuteur vers un service approprié ou, en cas de retour immédiat à domicile, initier une prise en charge, et mettre en place un parcours de soins adapté ainsi qu’un programme de prévention des chutes individualisé. 

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Publié le 04/12/2014 à 03:10 | Lu 1855 fois