A l'écoute des aidants et des aidés : quels enseignements en tirer ?

Si les Français sont 77% à estimer que la question de la perte d’autonomie est un sujet « important ou primordial »*, ils sont presque aussi nombreux (68%) à se déclarer insatisfaits de la prise en charge de la santé et de l’accompagnement du grand âge et de la perte d’autonomie. Le point avec Teva Santé.


Aider les personnes âgées et les personnes en situation de pré-fragilité ou de fragilité en risque de perte d’autonomie à vivre dans leur environnement, permet de préserver la qualité de vie, facteur essentiel du « bien vieillir ». Ceci a aussi un impact positif sur le risque de comorbidités (baisse des capacités cognitives, altération des capacités motrices…). 
 
Cette aide est en priorité apportée par les proches, que l’on appelle communément « les aidants ». En 2017, treize millions d’aidants apportaient une aide régulière et bénévole à un ou plusieurs de leur proche en situation de handicap ou de dépendance, leur consacrant pour 57% d’entre eux plus de 5 heures hebdomadaires et pour 18%, plus de 20 heures hebdomadaires. Une lourde charge qu’ils portent le plus souvent seul.
 
En découle une crise de confiance qui repose, entre autres causes, sur le sentiment que les moyens financiers manquent (85% des personnes interrogées estimant par exemple que les objets connectés pouvant aider au maintien à domicile des personnes âgées sont insuffisamment financés)**, et que l’engagement des pouvoirs publics auprès des personnes en perte d’autonomie et de leur entourage est insuffisant : 70% des aidants familiaux s’estiment ainsi mal aidés par ces derniers, la moitié déclarant ne disposer d’aucune solution de recours en cas d’indisponibilité**.
 
Ces difficultés se traduisent par un retentissement préoccupant sur leur qualité de vie et sur leur santé, comme en témoigne Olivier Morice, responsable des partenariats de la Journée Nationale des Aidants :  « Si l’aidant est crucial dans le maintien à domicile et pour l’obtention d’un degré d’autonomie satisfaisant des personnes fragilisées, certaines pathologies (du type Alzheimer ou sclérose en plaques par exemple), imposent un tel investissement aux aidants que leur propre santé physique et morale en souffre. Il n’est d’ailleurs pas rare que des aidants renoncent à se faire dépister de maladies potentiellement graves par peur de ne plus être en posture d’assurer leur rôle si eux-mêmes venaient à être malades… ». 
 
Une problématique d’autant plus complexe à aborder que l’aidant ne se reconnait pas spontanément comme tel, assimilant plutôt l’aide qu’il apporte à un devoir marital, filial, familial qui ne doit autoriser aucune plainte, comme l’explique encore Olivier Morice :  « des dispositifs existent pour assister les aidants dans leur mission, mais encore faut-il prendre conscience du fait que l’aide que l’on apporte au quotidien est éligible à une reconnaissance et à une assistance sociales, qu’il est normal d’avoir besoin d’aide et d’en demander. En la matière, le regard que pose la société en général sur ces situations n’aide pas beaucoup : les aidants ont, à juste titre, le sentiment d’une injonction sociétale à prendre soin de leur proche dans le don absolu d’eux-mêmes parce que cela est « normal ».
 
Mais que l’on s’y arrête quelques instants : un aidant qui travaille 35h à 40h par semaine, peut en parallèle accorder facilement 20h d’aide à un proche en situation de fragilité. Ajoutez à ces 60 heures d’activité hebdomadaire l’angoisse, le stress et l’épuisement moral (teinté de culpabilité face à la situation de détresse voire d’impuissance d’un proche détenteur autrefois d’une autorité et qui se retrouve parfois en situation de s’en remettre à vous pour sa toilette…), et vous touchez du doigt la réalité des difficultés vécues par les aidants. Des difficultés qui sont tout, sauf « normales. » 
 
*OCIRP, Baromètre Autonomie 2017 12 Baromètre Santé 360
**Odoxa : Grand âge, dépendance et accompagnement du vieillissement 

Publié le 05/10/2017 à 02:45 | Lu 2588 fois