Vera : Karin Viard occupe de belle manière la scène du Théâtre de Paris

A vouloir s’approcher trop près du soleil, la cire de ses ailes a fondu et Icare fut victime d’une chute dont il ne revint pas. C’est à peu près ce qui arrive à Vera, directrice d’une agence de casting à qui tout sourit, au moins au début.


Nous sommes à Prague, récemment, en tous cas après la chute du Mur, dans un monde où l’argent est devenu roi. Vera est une self-made woman, qui a créé son agence de toute pièces dans un monde où on ne fait pas de cadeau, surtout à une femme.
 
Elle est au sommet de sa gloire locale lorsque son business est trusté par un groupe britannique dont les deux représentants, « so british », lui cherchent continuellement chicane en lui tendant des pièges, dans lesquels elle finit par tomber.
 
Et alors tout dérape d’un coup. Pour des prétextes futiles Vera est violemment débarquée de son poste et commence alors, lâchée par tous ses proches, une rapide et inexorable descente en enfer….
 
Tout le monde connaît Karin Viard pour les nombreux rôles qui l’ont rendue célèbre au cinéma. On la connaissait moins sur les planches, pourtant elle fut récemment « Lucide » au Théâtre Marigny, l’histoire d’une mère d’une famille pas comme les autres.
 
Dire qu’ici elle envahit la scène est une évidence, déjà parce qu’elle y est présente du début jusqu’à la fin, et aussi parce que, comme les plus grandes actrices, elle tient la pièce de bout en bout. Et sa grande humanité fait, qu’au bout du compte, Vera ne nous paraît pas aussi odieuse que le rôle qui a été écrit par Petr Zelenka. Prête à tout, certes, mais finalement honnête et cohérente dans ses choix.
 
Les six autres comédiens ne sont pas en reste, eux qui donnent vie à une vingtaine de personnages. Il faut une mise en scène très alerte pour parvenir à maintenir le rythme de ce ballet bien réglé et Marcial Di Fonzo Bo, qui avait déjà dirigé Karin Viard dans « Lucide », y parvient parfaitement.
 
On doit aussi féliciter les directeurs du Théâtre de Paris, Stéphane Hillel et Richard Caillot, qui n’ont pas eu peur d’utiliser au maximum le grand plateau dont ils disposent. Leur production renouvelle avec bonheur le spectacle théâtral, mêlant astucieusement, grâce aux écrans cinématographiques, caméras embarquées et micros cravates, le cinéma, le théâtre et la comédie musicale.
 
Petr Zelenka, l’auteur, est né à Prague en 1967, l’année même où Vaclav Havel écrivait « Audience » et « Vernissage », deux petites pièces qui sont également jouées en ce moment à Paris. La comparaison des deux spectacles réjouira tous les amateurs de théâtre.

Théâtre de Paris
15, rue Blanche 75009 Paris
 
Du mardi au samedi 20h30 dimanche 15h30

Publié le 26/03/2018 à 01:00 | Lu 3798 fois