Un bilan carbone élevé pour les retraités selon l’Observatoire du Bilan Carbone des ménages

Alors que les données actuelles sur le comportement carbone sont déduites d’analyses de niveau macroscopique, l’Observatoire du Bilan Carbone des Ménages réalisé par Ipsos/Logica Business Consulting pour Green Inside a choisi de placer le ménage au cœur de son objet d’enquête… Parmi les nombreuses informations de cette étude, un constat : les retraités affichent un bilan carbone plus élevé que la moyenne. Explications.


Ainsi, selon cette grande étude réalisée entre mai et juin 2010 sur plus de deux milles personnes, « les retraités affichent aussi un bilan carbone plus élevé que la moyenne ». Au sein de cette catégorie de la population, le bilan carbone atteint aujourd’hui 8143 Kg Co2 par individu contre 7388 Kg Co2 par individu pour l’ensemble des Français. Toutefois, à la différence des cadres, ce n’est pas tant les transports qui impactent sur leurs émissions, que le logement. Leur bilan carbone sur ce poste est le plus élevé de tous (3011 Kg Co2 par individu contre 2258 Kg Co2 pour l’ensemble).

« Il est certain que deux critères jouent ici simultanément » affirment les responsables de cette enquête. « D’abord, les émissions dues à un chauffage plus intense du logement sont très certainement plus importantes chez les personnes âgées. Ensuite et surtout, l’Observatoire montre que l’une des variables les plus clivantes en termes de niveaux d’émissions de CO2 est la taille du foyer. Plus celle-ci est importante, plus le bilan carbone est bon. Or les retraités vivent plus fréquemment que les autres dans des foyers de un ou deux individus seulement. La présence d’enfants y est logiquement plus rare et la survenue du décès du conjoint, plus fréquente ».

Toujours selon cette étude, « les niveaux d’émissions des tranches d’âge les plus jeunes et les plus âgées sont plus importants que la moyenne : corollaire direct du phénomène décrit ci-dessus, les foyers au sein desquels les chefs de famille sont les plus âgés émettent plus d’émissions de CO2 que les autres ».

Entre la tranche d’âge des 45-54 ans et celle des 55-65 ans, le niveau d’émission augmente en moyenne de 2171 Kg Co2 et passe de 6510 à 8681 Kg Co2. Auprès des 65 ans et plus, il augmente encore pour atteindre 9092 Kg Co2.

Logiquement, c’est sur le poste logement que les niveaux d’émissions sont un peu plus importants que la moyenne (3621 contre 2258 Kg Co2 pour l’ensemble) mais aussi sur le transport (4167 contre 3972 Kg Co2 pour l’ensemble) et plus particulièrement les voyages en avion (ils représentent 31% de leurs émissions dans le domaine des transports contre 19% pour l’ensemble).

Toutefois, les plus âgés ne sont pas les seuls en cause. Les 18-24 ans affichent aussi des niveaux d’émissions supérieurs à la moyenne (8373 contre 7388 Kg Co2 pour l’ensemble). Pour ces derniers, ce sont essentiellement les transports et particulièrement les véhicules personnels qui impactent sur leurs émissions de CO2. On note que les plus jeunes comme les plus âgés affichent aussi des niveaux d’émissions de CO2 légèrement supérieurs aux autres sur le poste alimentation (1349 et 1305 Kg Co2 contre 1159 pour l’ensemble, sur ce poste).

Les autres enseignements de cette étude Ipsos/Logica Business Consulting pour Green Inside

Une personne vivant seule émet trois fois plus de Co2 qu’une famille nombreuse

Les foyers d’une personne affichent aujourd’hui un bilan carbone très élevé de 10685 Kg Co2 par individu (contre 7388 Kg Co2 pour l’ensemble de la population) alors qu’il est bien plus bas pour les foyers de trois et quatre personnes (respectivement 5436 et 4612 Kg Co2 par individu), voire de cinq personnes et plus (3221 Kg Co2). Le fameux troisième enfant n’entraîne ainsi pas une hausse sensible des émissions des ménages.. A l’inverse, les personnes seules représentent 55 % des mauvais bilans carbone (11849 Kg Co2 et plus)

Le type d’agglomération où le bilan carbone est le moins fort : entre 100 000 et 200 000 habitants

Plus la taille de l’agglomération est faible, plus le niveau des émissions de Co2 tend à augmenter : L’impact des usages liés à l’automobile y est légèrement plus important (84% pour les individus habitant dans les agglomérations de moins de 20000 habitants contre 82% pour celles de 20 000 à 99 999, 81% pour celles de 100000 à 199 999 habitants et seulement 72% pour les plus grosses, celles de 200 000 habitants et plus). Le bilan carbone des foyers habitant dans les plus petites catégories d’agglomérations (moins de 20 000 habitants) est le plus élevé : 4352 Kg Co2 contre 3495 Kg Co2 pour celles comprises entre 100 000 et 199 999 habitants. Malgré un impact moindre des usages liés à l’automobile, les plus grosses catégories d’agglomérations affichent aujourd’hui un bilan carbone très légèrement supérieur à celui des agglomérations comprises entre 100 000 et 200 000 habitants, principalement dû l’usage accru de l’avion dans les plus grosses agglomérations.

Les foyers disposant des niveaux de revenus les plus élevés affichent en moyenne les bilans carbones les plus mauvais

La quantité de CO2 est clairement croissante avec le niveau de vie et plus spécifiquement avec la capacité à consommer des loisirs. Le bilan carbone par individu est notablement plus élevé au sein des foyers des cadres supérieurs (8580 Kg Co2 par individu contre 7388 Kg Co2 pour l’ensemble). Ils affichent notamment une nette différence dans le domaine des transports avec des niveaux d’émissions sensiblement plus élevés (5249 Kg Co2 par individu contre 3972 Kg Co2 pour l’ensemble). Les cadres supérieurs et les retraités alourdissent leur bilan carbone par l’usage fréquent de l’avion pour leurs loisirs : 59 % des cadres supérieurs et 40 % des retraités font au moins un voyage en avion au cours de l’année. L’avion pèse ainsi 38 % des émissions transport des cadres supérieurs et 31% de celui des 65 ans et plus.

Précarité énergétique : les retraités et les cadres supérieurs à l’abri, les ouvriers et les ménages modestes surexposés

Les ménages les plus modestes (moins de 1.250 euros nets mensuels) ont les bilans carbones les plus faibles par rapport aux autres catégories de revenu. Les ouvriers, sont aussi les plus exposés à la hausse du prix de l’énergie : leur indice de précarité énergétique s’élève à 1089 KgCo2/K€ (ouvriers) contre 704 KgCo2/K€ pour les cadres supérieurs et 663 KgCo2/K€ pour les retraités. On peut lire ici une source d’inégalité carbone majeure : les populations ayant les bilans carbone les plus élevés sont aussi les moins sensibles à l’augmentation du coût de l’énergie.

La sensibilité environnementale individuelle a aujourd’hui encore un impact modéré sur le bilan carbone des foyers

Sur les seize affirmations qui leur étaient proposées afin de mesurer leur sensibilité aux problématiques environnementales (portant sur l’état de la planète, le réchauffement climatique, l’impact environnemental des produits de consommation, le tri,..), treize d’entre elles recueillent un assentiment majoritaire. Le lien entre sensibilité environnementale et niveau d’émissions de CO2 est avéré mais reste aujourd’hui encore très modéré. Il y a très peu de différences entre les niveaux d’émissions des personnes ayant une sensibilité « médiocre » et celles ayant une sensibilité « moyenne » (respectivement 7555 et 7479, soit seulement 76 KgCo2 de différences). Les personnes affichant un « bon » niveau de sensibilité environnementale ont certes un meilleur bilan carbone que celles ayant une sensibilité « moyenne » mais là encore, la différence est peu importante (7066 Kg Co2 par individu).

Les actions dans lesquelles les ménages sont les plus prêts à s’investir pour diminuer leur niveau d’émissions de Co2 : d’abord le poste logement

D’abord des gestes et des investissements au sein du poste logement (équipements et énergie). Ils citent en priorité ceux permettant de réduire l’impact environnemental des équipements comme par exemple éteindre les appareils plutôt que de les laisser en veille (39% pourraient s’engager à le faire systématiquement ou presque) ou encore acheter des produits en fonction de leur étiquette énergie (38%). Le potentiel des gestes permettant de diminuer la consommation d’énergie et d’eau est aussi relativement important. Ils sont plutôt bien connus des personnes interrogées. Ils citent en priorité le fait d’éteindre les lumières dès qu’ils quittent une pièce (39% pourraient s’engager à le faire systématiquement ou presque – 56% disent déjà le faire) et l’utilisation des ampoules basse consommation (34% - 46% disent déjà le faire) ou de réducteurs de débit pour l’eau ou encore la diminution de la taille de la chasse d’eau (30%).

L’enquête a été réalisée du 26 mai au 3 juin 2010 auprès d’un échantillon de 2036 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population des foyers français. La représentativité de l’enquête est assurée par la méthode des quotas (sexe, âge et profession du chef de famille, taille du foyer, catégorie d’agglomération et région).

Publié le 31/03/2011 à 10:03 | Lu 8360 fois