Toux chronique : un nouveau concept émerge, par le Dr Roger Escamilla

La toux motive 30% des consultations des pneumologues et autour du 10% de celles des médecins généralistes. Quand elle dure plus de huit semaines, on parle de toux « chronique ». Un symptôme en apparence bénin, mais qui peut impacter fortement la qualité de vie. Le point avec le Dr. Roger Escamilla, praticien hospitalier-, Service de Pneumologie -, Hôpital Larrey, CHU de Toulouse.


" Si vous avez 35 ans et que vous toussez en continu, vous êtes complètement désocialisé. Vous n’allez plus au cinéma, ni au théâtre ou même chez des amis, confirme Roger Escamilla. Votre vie de couple en pâtit aussi. De plus, les quintes de toux sèches provoquent des fuites urinaires chez certains patients ».
 
Chercher l’origine, qui n’est pas toujours respiratoire… Ce n’est pas une fatalité. De nombreuses causes de toux chronique sont accessibles à un traitement. Leur recherche repose sur une enquête méthodique. « Chez l’adulte, il faut commencer par éliminer un tabagisme, ainsi que la prise de certains médicaments qui peuvent faire tousser, comme les inhibiteurs de l’enzyme de conversion » précise Roger Escamilla. Ces deux causes éliminées, il faudra rechercher un asthme, une bronchite à éosinophiles et un reflux gastrooesophagien. « Ils peuvent se manifester uniquement par une toux trainante » prévient Roger Escamilla. Une autre grande cause de toux chronique relève de l’ORL : c’est la rhinite ou la sinusite chronique, responsable d’un écoulement postérieur (dans la gorge).
 
A cette liste, il faut désormais ajouter le cough hypersensitivity syndrome. « La Société Européenne de Pneumologie a publié en novembre 2014 une mise au point sur le sujet, indique Roger Escamilla. Il s’agit d’une toux par hypersensibilité du reflex de la toux. Ce n’est pas une inflammation ni un facteur irritant des voies aériennes qui fait tousser, comme dans l’asthme ou le reflux gastro-oesophagien. C’est parce qu’il existe une anomalie du réflexe de la toux, un peu comme il existe une anomalie de la sensibilité à la douleur dans la fibromyalgie ». Un examen peut aider au diagnostic : le test à la capsaïcine. « Pour simplifier, il consiste à faire au patient un aérosol avec du poivre très dilué, explique Roger Escamilla. Mais ce test est peu spécifique, et réservé aux hôpitaux ». Le traitement peut faire appel à des antitussifs ou à des antihistaminiques de 1e génération (Théralène, Atarax), voire à des neuromodulateurs (Neurontin, Baclofène).

Publié le 23/01/2015 à 04:00 | Lu 6666 fois