Sondage : l'Observatoire de l'âge fait le point sur les seniors et la mort...

La mort est-elle encore un tabou ? La mort est-il un sujet qui peut s’aborder en société, ou plus simplement dans les familles ? Et si oui, de quelle manière ? Y pense-t-on au quotidien ? Comment s’y prépare-t-on, tant au décès qu’à la fin de vie et à la dépendance ? Que souhaite-t-on transmettre, au-delà des seuls bien matériels et financiers ?


Toutes ces questions intéressent la société à plusieurs égards et les seniors (tout de même plus concernés) en particulier. Ce sont ces préoccupations, légitimes, qui sont abordées par l’Observatoire de l’âge Viavoice-Harmonie Mutuelle, à travers un sondage auprès des personnes de plus de 70 ans. Elles nous livrent, sur ces sujets personnels autant que de société, leurs préoccupations, leurs doutes mais aussi leurs espoirs.
 
D’une manière générale, la mort est un sujet auquel les seniors pensent. Et même, pour un petit tiers (30%) d’entre eux « souvent » contre 45% qui y pensent plus rarement et seulement un petit quart (22%) qui n’y pense « jamais ».
 
Contre toute attente, cette pensée vis-à-vis de la mort n’est pas pour autant lugubre ou morbide. Au contraire, les ainés interrogés nous livrent une vision assez complexe de la mort, mélange de « fatalisme » (un tiers des évocations en lien avec la mort), à travers l’idée selon laquelle « c’est inéluctable » et que « l’on va bien mourir un jour », mais aussi de « rationalité » (18%) : « c’est une loi », « c’est logique ». Et de spiritualité (16%) : « aller vers un monde inconnu », vers la « vie éternelle » et « retrouver les siens ».
 
Au final, seuls 21 % des personnes interrogées évoquent spontanément une vision plus triste, liée à la souffrance et à la peur de mourir.Cette vision quelque peu fataliste, voire philosophique de la « grande faucheuse » permet par ailleurs, pour une majorité d’entre eux, de mieux profiter de la vie : pour pratiquement les trois-quarts (73%) des Français de 70 ans et plus, « penser que l’on n’est pas éternel est quelque chose de positif », car cela permet de profiter davantage des petits instants de bonheur du quotidien.
 
Mais la mort n’est pas qu’un sujet personnel : en effet, c’est également un sujet de société qui pour 44% des sondés n’est pas assez évoqué en France (contre 42% pour qui ce sujet est évoqué suffisamment et 4% trop souvent).
 
Un « tabou » en phase d’être levé donc, au bénéfice de la société et de tous les individus confrontés aux problématiques liées à leur propre décès et à celui de leurs proches : pour 59% des seniors, les gens sont insuffisamment préparés à leur propre mort et pour 64% à celle de leurs proches, famille ou amis.
 
Dans les familles, le sujet est d’ailleurs déjà largement évoqué, au moins partiellement : seul un gros quart (27%) n’évoque « jamais » le sujet avec leur conjoint contre 16% qui évoquent le sujet « souvent » et 56% « rarement ». Un gros tiers 36% n’en parle « jamais » avec leurs enfants contre 11% « souvent » et 45% « rarement ».
 
Par ailleurs, seuls 28% des seniors sondés jugent que le sujet devrait être davantage évoqué dans leur famille, contre 62% qui pensent qu’il est déjà suffisamment évoqué. Un « tabou » qui n’est est donc plus un dans la grande majorité des familles françaises et ce, même si la mort est le plus souvent évoquée de manière organisationnelle (pour 55% des répondants) à travers la cérémonie souhaitée ou le lieu de sépulture, ou encore en lien avec la succession (25%).
 
Que signifie pour les seniors, « préparer son décès » ? Les avis divergent… La hiérarchie met en avant l’idée de « transmission » de valeurs et d’idées, de biens matériels et affectifs, mais aussi d’un souvenir de soi. De fait, pour près d’un tiers des personnes interrogées (31%) préparer son décès, c’est d’abord « transmettre des valeurs et des idées », notamment à leurs enfants et petits-enfants. Pour un 28% d’entre eux, il s’agit avant tout de la transmission « des biens matériels : maisons, meubles, objets, souvenirs » ; pour un gros tiers (26%), c’est également « s’assurer que vos proches gardent une bonne image de vous ». Enfin, l’organisation des démarches administratives et financières (obsèques, héritage) n’est citée qu’en quatrième position (un quart), alors même qu’il s’agit d’un des principaux sujet évoqué au sein des familles.
 
La mort est donc un sujet de préoccupation pour les seniors, mais aussi la fin de vie et le risque de dépendance… Et cela peut se comprendre ! Ainsi, plus des deux-tiers (68%) se disent particulièrement préoccupés par « la crainte de ne plus être indépendant, de dépendre des autres » ; 61% de ne plus pouvoir rester à leur domicile ; et 60% de ne pas pouvoir continuer certaines activités. Face à ces craintes, beaucoup en parlent à leur famille (la moitié) ou font des travaux dans leur logement pour le rendre plus accessible (41%). Sans trop de surprise, au-delà de la mort, attendue, l’enjeu pour beaucoup de personnes âgées est donc surtout de finir sa vie dans les meilleures conditions possibles.

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Publié le 11/07/2016 à 01:00 | Lu 2258 fois