Services à la personne : bientôt le coup de grâce ? Chronique de Pierre Kanner, président de l’UNCCAS

Les députés viennent d’adopter le projet de loi finances 2011. Ce faisant, ils ont aussi adopté l’article 90 mettant fin au dispositif « Borloo » d’exonérations de cotisations sociales patronales créé en 2005 afin de développer les services à la personne. Alors que les sénateurs s’apprêtent à leur tour à voter le texte, l’UNCCAS*, représentant les services publics d’aide à la personne, alerte sur l’impact de cette suppression dans un secteur déjà en proie à d‘importantes difficultés.


Par Patrick Kanner, président de l’UNCCAS

Contrairement à ce qu’affiche le gouvernement dans son exposé des motifs, cette suppression affectera également, à terme, les services d’aide à domicile en direction des publics fragiles (personnes âgées, personnes handicapées, enfants de moins de trois ans).

En effet, le dispositif dit « Borloo » créé en 2005 est venu s’ajouter aux exonérations spécifiques dont bénéficiaient jusque-là exclusivement les services d’aide à domicile auprès des personnes fragiles.

Applicable aux entreprises et associations de services à la personne afin de favoriser la création d’emplois, ce nouveau dispositif d’exonérations de charges patronales s’appliqua également aux services d’aide à domicile aux familles en difficulté (auxiliaires de vie sociale, aides à domicile) mais aussi aux services d’aide aux personnes dites fragiles pour leurs personnels administratifs et d’encadrement.

Ces deux types de services à domicile sont donc bien impactés aujourd’hui par le projet de suppression des exonérations de charges sociales patronales dans le secteur des services à la personne.

Cette mesure tombe au plus mal dans un secteur déjà en crise. Les gestionnaires publics de services à la personne doivent en effet faire face à la progression de la demande de services de proximité, aux difficultés économiques de leurs usagers mais aussi à un système de tarification de l’aide à domicile à bout de souffle et aux répercussions des difficultés de leurs partenaires associatifs. Dans ce contexte, l’UNCCAS compte bien prendre une part active à la consultation qui sera lancée dans le cadre du prochain projet de loi relatif à la prise en charge de la dépendance.

Pour toutes ces raisons, l’UNCCAS demande la suppression de l’article 90 du PLF 2011 dont l’examen a débuté au Sénat jeudi dernier.

*Fondée en 1926, l'UNCCAS fédère les Centres communaux ou intercommunaux d'action sociale (CCAS-CIAS)

Publié le 25/11/2010 à 10:36 | Lu 1848 fois