Québec : quand des seniors deviennent chercheurs... en vieillissement !

La population du Québec est l’une de celle qui vieillit le plus rapidement au monde. Déterminés à mieux répondre aux besoins des personnes âgées, des chercheurs de l’Université de Sherbrooke à Montréal se sont adjoints la collaboration des plus grands experts : des citoyens aînés qui prennent part à chacune des étapes d’une étude scientifique hors norme. Un très bel exemple mis en place par nos cousins québécois.


« Pour faire de la recherche, on a souvent besoin de la participation d’individus. Mais depuis quelques années, on a l’impression que la population s’intéresse de moins en moins au travail des scientifiques » indique Martin Brochu, professeur-chercheur à la Faculté des sciences de l’éducation physique de l’UdeS ainsi qu’au Centre de recherche sur le vieillissement de l’Estrie-CHUS.

Et de poursuivre : « les citoyens aînés peuvent nous aider à faire une recherche de qualité, connectée directement à leurs réalités. Ils pourraient même devenir des agents de promotion de la recherche scientifique ».
 
C’est donc Martin Brochu qui a eu l’idée de cette approche dite de co-construction. S’inspirant du mouvement « Science for everyone », cette méthodologie de recherche participative fait appel aux membres et organisations de la société pour définir des projets de recherche et collaborer activement à la science.
 
Alors que plusieurs initiatives du genre invitent les seniors à participer à l’une ou l’autre des portions d’une recherche, cette étude en co-construction intègre les aînés au sein même de l’équipe afin que ceux-ci prennent part à toutes les étapes du processus : la définition de la thématique et de l’hypothèse, la récupération des données, l’analyse, la rédaction de l’article scientifique et la publication dans un journal spécialisé. Au-delà des objectifs de recherche, l’approche contribue à l’émancipation, à la participation et à la reconnaissance sociale des aînés.
 
Ne sachant pas trop comment concrétiser une telle initiative, Martin Brochu s’est tourné vers sa collègue Suzanne Garon, spécialiste des questions relatives au développement des aînés et pionnière du concept de Ville amie des ainés. Cette dernière s’est dite enchantée par l’idée ! Il n’en fallait pas plus pour entreprendre cette aventure qui a démarrée à l’automne 2016.
 
Depuis, le noyau de chercheurs a recruté d’autres collègues ainsi que sept citoyens seniors ; l’équipe s’est constituée sous le nom de « Groupe de Recherche Intergénérationnelle sur le Vieillissement de l’Estrie (GRIVE) ». Cette initiative, une des premières du genre au Québec (ndlr : et dans le monde à notre connaissance), s’intègre aux projets du Laboratoire vivant du Centre de recherche sur le vieillissement de l’Estrie-CHUS.
 
Le thème de recherche retenu au fil des discussions du groupe est « Valoriser et démystifier le vieillissement afin de garder la place des aînés dans la société ». L’équipe souhaite développer la question de « l’empowerment » des aînés. Plus concrètement, les membres veulent échafauder dès l’automne prochain un projet-pilote qui adresse la capacité d’agir des aînés dans le contexte social actuel. L’étude compte explorer les capacités physique et mentale, le pouvoir sur la vie et les contraintes et limites sociales et personnelles.
 
Un bien bel exemple. Espérons que cela donnera des idées à d’autres chercheurs. En France et ailleurs. 

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Publié le 08/06/2017 à 01:00 | Lu 1922 fois