Quand les parents vieillissent... Que faut-il faire ?

Avec l’aide d’Alexandra Horst, psychologue, chargée de coordination chez Vitalliance (société spécialisée dans l’aide à domicile) et Georges Arbuz, anthropologue et chercheur en gérontologie, Vitalliance propose aujourd’hui de venir en aide aux jeunes seniors confrontés au vieillissement de leurs parents.





Vieillir n’est pas une étape facile à accepter. Il s’agit de faire le deuil de son autonomie et d’accepter sa dépendance nouvelle. Et même si l’espérance de vie ne cesse d’augmenter, notamment après 60 ans, des problèmes de santé peuvent surgir à tout moment. Lorsque cela arrive, il est important de considérer la situation et de réfléchir aux solutions existantes afin de pallier aux difficultés que peut apporter cette perte d’autonomie.
 
Comment les aider à bien vieillir ?

Il ne faut pas se voiler la face. Perdre son autonomie est dur, très dur à accepter. Il faut faire le deuil de son ancienne vie, d’un certain bien-être et de sa santé physique. L’orgueil est atteint et il s’agit souvent d’une véritable blessure narcissique. Certains symptômes apparaissent souvent : comme le repli sur soi ou l’agressivité. Il est donc important pour la personne âgée d’être entourée et surtout, écoutée !
 
Alexandra Horst recommande d’instaurer un dialogue afin d’amener la personne dépendante à l’idée d’une solution d’accompagnement : « les personnes âgées ne veulent pas d’une institutionnalisation non choisie. Dans la majorité des cas, elles veulent rester à leur domicile car il existe un rapport très fort entre leur lieu de vie et leur accomplissement personnel. Le domicile a une dimension à la fois psychique et affective ».
 
En effet, chez elles, les personnes âgées sont encore libres de faire ce qu’elles veulent, elles peuvent contrôler ce qu’elles font. En institution, cette liberté n’existe plus, tout est maîtrisé par une tierce personne. Vivre chez soi constitue donc un moyen d’exprimer son indépendance. « Il est d’ailleurs intéressant de se demander pourquoi la plupart du temps, on préfère que nos parents dépendants soient placés en institution plutôt que d’être accompagnés à leur domicile » constate Alexandra Horst.
 
Selon la psychologue, il s’agit encore une fois d’un rapport à nous-mêmes et au sentiment de culpabilité. « Si nos parents restent chez eux, on a toujours cette culpabilité et cette responsabilité de les accompagner jusqu’à la fin. Lorsqu’on les place, on se décharge de cette responsabilité et la culpabilité est moins présente ».
 
Pourtant de nombreuses solutions existent comme la colocation entre seniors ou la mutualisation des logements. Ces solutions reposent sur le maintien à domicile. Elles permettent à la personne âgée de ne pas être mise en institution et de garder un lien avec l’extérieur. Ce type d’accompagnement apparaît à bien des égards idéal, à condition qu’il ne repose pas uniquement sur un aidant familial.
Le recours à un service public ou privé doit être envisagé. Ainsi, en faisant intervenir des professionnels pour certaines tâches, l’aidant(e) peut se centrer sur l’affectif et maintenir un lien personnel avec ses parents.
 
Mais comment convaincre ses parents d’accepter de se faire aider ? Car c’est souvent en raison de la difficulté à accepter leur état dépendant, que les personnes âgées cachent cette perte d’autonomie et se mettent en danger. Pour Alexandra Horst : « il faut que les parents acceptent avant tout le fait d’être dépendant donc de se faire aider. C’est souvent très difficile pour eux d’accepter cette aide extérieure car si un professionnel intervient, c’est leur dépendance qui devient en quelque sorte officielle ».
 
C’est pourquoi plusieurs étapes sont nécessaires :
L’écoute : les enfants doivent écouter leurs parents, leurs souhaits et ne pas leur imposer une solution sans leur accord.
 
Le dialogue/la négociation : Il faut que les enfants rassurent leurs parents sur le fait qu’ils ne perdront pas totalement le contrôle de leur vie et qu’ils sont là pour les aider dans cette épreuve.
 
Le maintien de leur autonomie : « il est très important de ne pas infantiliser ses parents. Or c’est souvent le cas. Les enfants ne se rendent pas compte de la violence de leur propos lorsqu’ils signifient à leurs parents que ces derniers ne peuvent plus rien faire. Il faut avant tout les valoriser et leur laisser faire ce qu’ils sont encore capable d’entreprendre. Ils doivent pouvoir développer d’autres compétences. Et tout cela passe par une réappropriation d’eux-mêmes : il faut mettre en place un processus afin que la personne puisse se réinscrire dans sa vie et la réorganiser ».
 
Les parents et les enfants peuvent rencontrer des difficultés lors de ces étapes (problème de communication, liens conflictuels…). C’est pourquoi, en cas d’obstacles, les enfants peuvent faire appel à un médiateur (psychologue, médiateur familial…). Il sera plus facile pour cette tierce personne d’analyser les faits et d’instaurer des solutions.

L’avis de Georges Arbuz, anthropologue, ancien directeur général de l’IFEPP (Institut de formation et d’études psychologiques et psychopédagogiques) et chercheur en gérontologie :
« La difficulté de communiquer avec ses parents lorsque des problèmes de santé surgissent peut venir du fait que le modèle parental qu’on s’est forgé tout au long de notre vie s’effondre au moment où l’on prend conscience de leur dépendance. Voir ses parents passer d’individus bien portants à ceux de patients peut, en effet, gommer certains des traits de leur personnalité. On découvre un autre parent, « étranger » avec lequel il est soudain difficile de dialoguer ».

 

Article publié le 13/03/2015 à 02:00 | Lu 8604 fois