Obsèques : les seniors préfèrent la crémation

Depuis 2008, les Services Funéraires de la Ville de Paris et l’institut de sondage Ipsos interrogent les Français sur leurs perceptions et leurs attentes en matière d'organisation d'obsèques. En septembre 2013, une nouvelle enquête a été menée, afin de faire le point sur ce sujet complexe et sensible, révélateur d'évolutions sociétales et économiques. L’une des données qui ressort de cette étude est que les seniors préfèrent la crémation.


Depuis 2008, les Services Funéraires de la Ville de Paris et l’institut de sondage Ipsos interrogent les Français sur leurs perceptions et leurs attentes en matière d'organisation d'obsèques. En septembre 2013, une nouvelle enquête a été menée, afin de faire le point sur ce sujet complexe et sensible, révélateur d'évolutions sociétales et économiques. L’une des données qui ressort de cette étude est que les seniors préfèrent la crémation.
 
La préférence des Français va à la crémation pour leurs propres obsèques

Depuis 2008, une majorité de Français déclare à chaque édition du baromètre préférer pour leurs propres obsèques la crémation (53% ; stable par rapport à 2008) à l'inhumation (47% ; stable).
 
La préférence pour l'une de ces deux techniques funéraires demeure fortement liée aux croyances et au niveau de pratique religieuse.
 
Si les croyants et pratiquants (qui parviennent à faire un choix) se prononcent toujours clairement en faveur de l'inhumation (75% ; +2 points par rapport à 2010), les deux principales religions représentées au sein de l'échantillon (Catholicisme et Islam) encourageant traditionnellement cette pratique, les athées ou non croyants ont quant à eux une préférence marquée pour la crémation (69% ; +2 points par rapport à 2010). Les croyants non pratiquants sont beaucoup plus partagés, mais leur légère préférence pour l'inhumation tend à reculer (51% ; -5 points depuis 2010) au profit de la crémation (49% ; +5).
 
L'âge est également un facteur clivant, qui influe sur la préférence pour la crémation ou l'inhumation de manière particulièrement intéressante : on pourrait en effet s'attendre à ce que la préférence pour l'inhumation, liée à la tradition et à la pratique religieuse, soit surtout le fait des seniors, le recours à la crémation étant davantage accepté des jeunes.
 
En réalité, c'est tout l'inverse. Les moins de 35 ans sont en effet les plus fidèles partisans de l'inhumation (54% ; +2 points par rapport à 2010), leurs aînés préférant clairement la crémation (56% des 35 ans et plus ; +2), y compris les 60 ans et plus (57%). Cette préférence des jeunes pour l'inhumation s'explique vraisemblablement en partie par un rapport au corps différent (une moindre dévalorisation de l'enveloppe corporelle par rapport aux séniors), mais aussi sans doute par un souci moins important du coût des obsèques et de la contrainte future pour les proches, plus souvent évoqués par les plus âgés pour justifier leur choix de la crémation.
 
Pour les obsèques de leurs proches, les Français préfèrent l'inhumation

Si la préférence pour la crémation se confirme quand il s'agit de ses propres obsèques, l'inhumation reste le premier choix des Français pour leurs proches (53% ; stable par rapport à 2010 ; -3 points par rapport à 2008 cependant).
 
Pour les proches comme pour soi-même, les croyances et niveaux de pratique religieuse influent fortement sur le choix de la crémation ou de l'inhumation. Les croyants et pratiquants (qui parviennent à se prononcer) ont une préférence marquée pour l'inhumation, qu'il s'agisse de leurs propres obsèques ou de celles d'un proche (75% dans les deux cas).
 
Pour les athées et non croyants, la forte préférence pour la crémation est atténuée quand on pense aux obsèques d'un proche (61% au lieu de 69% pour soi-même). Même chose pour les croyants non pratiquants qui basculent alors clairement dans une préférence pour l'inhumation (57% préfèrent l'inhumation pour un proche contre 51% pour eux-mêmes).
 
Le choix de la crémation reste donc plus difficile pour ses proches que pour soi, et ce pour des raisons multiples : sans doute car il est à la fois plus facile de braver les traditions pour soi-même, parce que la disparition radicale du corps de ses proches est plus difficilement envisageable que celle de son propre corps (notamment dans la perspective du travail de deuil) mais aussi parce que l'attractivité « économique » de la crémation joue moins quand il s'agit de se prononcer sur les obsèques de ses proches que pour soi-même.

La préférence pour la crémation, y compris quand il s'agit de l'organisation des obsèques d'une personne très proche, progresse néanmoins fortement chez les 60 ans et plus : 57% de ceux qui parviennent à se prononcer feraient ce choix, contre 50% en 2010 et seulement 35% en 2008. La préférence pour la crémation a donc progressé de 22 points entre 2008 et 2013 pour cette population.
 
Les plus jeunes sont en revanche toujours plus attachés à l'inhumation pour les obsèques d'un proche (67% des moins de 25 ans ; +10 points par rapport à 2010). Les différences de points de vue entre générations sur ce sujet ont donc tendance à se creuser, au risque de générer incompréhensions et de renforcer les difficultés du travail de deuil.
 
Les Français restent attachés aux rites qui accompagnent les obsèques

Lorsqu'ils imaginent leurs propres obsèques ou celles de leurs proches, les Français considèrent très majoritairement qu'elles doivent être l'occasion d'une cérémonie (77% organiseraient une cérémonie pour les obsèques d'une personne très proche ; 75% en souhaiteraient une pour leurs propres obsèques).
 
Ce souhait d'accompagner les obsèques d'une cérémonie reste très majoritaire, que l'on préfère l'inhumation ou la crémation (86% de ceux qui choisiraient l'inhumation pour un proche et 73% de ceux qui lui préfèreraient la crémation). Pour une large majorité, la crémation (comme l'inhumation donc) ne se conçoit pas aujourd'hui sans cérémonie.
 
Si les Français imaginent toujours le plus souvent une cérémonie religieuse (à 53% pour un proche, 51% pour leurs propres obsèques), cette préférence pour le rite religieux a tendance à reculer, en tout cas quand on envisage les obsèques d'un proche (-3 points par rapport à 2010). Près d'un quart des répondants envisageraient plutôt une cérémonie civile, qu'il s'agisse des obsèques d'un proche (24% ; stable) ou des siennes (24% ; -1). Les athées ou non croyants en particulier envisagent de plus en plus ce type de cérémonie. Une majorité relative d'entre eux la préfère à une cérémonie religieuse ou à l'absence de cérémonie : 49% (+6 points par rapport à 2010) quand il s'agit d'envisager leurs propres obsèques, 44% (+3) pour un proche.
 
De la même manière, lorsqu'ils pensent au lieu où organiser cette cérémonie pour un proche, la préférence pour le lieu de culte demeure (56% feraient ce choix), mais d'autres options sont désormais envisageables : le cimetière (18%), la salle d'un crématorium (14% ; 33% pour ceux qui choisiraient la crémation) ou encore une chambre funéraire (8%).
 
Les Français estiment que le défunt doit prévoir le financement de ses propres obsèques

Pour une majorité relative de Français (44%), c'est le défunt lui-même qui devrait prendre en charge de son vivant le coût des obsèques, devant sa famille (35%) ou les pouvoirs publics (16%).
 
Si l'opinion des Français dans leur ensemble reste relativement stable sur ce sujet depuis 2008 (+2 points en ce qui concerne la nécessité pour le défunt de financer ses propres obsèques), l'évolution des mentalités est beaucoup plus marquée chez les séniors. Avec la crise mais sans doute aussi la publicité autour des contrats obsèques, il apparaît de plus en plus évident aux 60 ans et plus que c'est le défunt lui-même qui devrait prendre en charge le coût des obsèques : une majorité le pense désormais (57% ; +7 points par rapport à 2010 et +9 points par rapport à 2008).
 
Il s'agit d'un sujet sur lequel une fois de plus les différences de point de vue entre jeunes et séniors ne font que s'accroître : en effet, pour les 15-24 ans, c'est toujours plus aux familles de prendre en charge le coût des obsèques (54% ; +1 point par rapport à 2010 mais surtout +13 points par rapport à 2008) et non au défunt (23% seulement pensent que c'est ce dernier qui devrait financer ses propres obsèques ; -5 points par rapport à 2010 ; -11 points par rapport à 2008) ou aux pouvoirs publics (13% ; -4 points par rapport à 2010 ; -10 points par rapport à 2008).
 
Aujourd'hui, prévoir ses propres obsèques semble être devenu naturel, ce qui n'a pas toujours été le cas : seuls 24% des Français préfèrent ne rien prévoir pour leurs obsèques. C'est surtout le cas des Français les plus modestes (34% de ceux dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1200euros) mais aussi assez logiquement des plus jeunes (28% des 15-24 ans). Une large majorité considère qu'il est préférable de prévoir leur financement et/ou leur déroulement détaillé (72%). Parmi eux, seuls 8% n'envisagent d'arrêter que leur déroulement (sans leur financement). L'aspect financier reste donc prioritaire : 33% jugent souhaitable de ne prévoir que cet aspect, quand 31% jugent préférable d'arrêter à la fois le financement et le déroulement détaillé, une manière de s'assurer également que ses dernières volontés seront respectées.

Publié le 31/10/2013 à 08:24 | Lu 943 fois