Médecins : un film-témoignage sur les femmes atteintes d’un cancer du sein et sur les médecins qui les traitent

La chirurgienne plasticienne Isabelle Sarfati a réalisé un film-témoignage intitulé Médecins sur les femmes atteintes d’un cancer du sein et sur les médecins qui les traitent. La réalisatrice, spécialisée en reconstruction mammaire, exprime dans ce documentaire son admiration devant le courage de ces femmes menacées par le cancer et atteintes dans leur féminité. Mais aussi devant ses confrères qui ont choisi d’être cancérologues.


En Occident, une femme sur neuf sera atteinte d’un cancer du sein et généralement (85%) vont guérir.

Mais, indéniablement, l’annonce de la maladie va provoquer un bouleversement.

La confrontation avec l’idée de la mort, les soins agressifs, l’incertitude… La guérison est obtenue souvent au prix de traitements éprouvants : une intervention chirurgicale avec parfois une mastectomie (ablation du sein), une chimiothérapie qui fait perdre les cheveux : en peu de temps beaucoup de symboles de la féminité (seins, cheveux, règles) sont affectés.

La réalisatrice

Isabelle Sarfati est médecin, spécialiste en chirurgie plastique et esthétique, notamment en reconstruction mammaire après un cancer du sein.

En 2005, elle fonde avec Krishna B. Clough, l’Institut du Sein, une structure dédiée au traitement et à la reconstruction du sein. Elle suit au quotidien des patientes atteintes du cancer du sein ; du traitement de leur maladie à leur reconstruction.

Ce documentaire est un témoignage admiratif d’une femme médecin qui a choisi de ne pas se confronter à cette douleur et se contente de « réparer » les « dégâts collatéraux ». Au travers de « Médecins », elle nous fait partager l’engagement humain dans le combat du cancer du sein.

Le mot de la réalisatrice

« Je suis plasticienne, spécialisée en reconstruction mammaire après cancer du sein. Ce film fait part de mon expérience humaine, dans cette relation déjà particulière de médecin à malade. Décuplée, exacerbée, lorsque le cancer est là. On en ressort ni la même, ni indemne.

Comment les patientes ont-elles pu supporter le choc de l’annonce de la maladie, le choc de l’annonce du risque de mourir ? Comment ont elles vécu les thérapies lourdes, dont le succès n’est pas acquis, dont les inconvénients sont majeurs, allant jusqu'à la mutilation, le grand affaiblissement. Comment les médecins cancérologues tiennent-ils cette place, pourquoi l’ont-ils choisie, que sont-ils le soir, après leurs consultations ? Comment vivent-ils cette horreur de la mort annoncée ? Tous sont des héros.

Elles, les patientes, comme elles l’expliquent dans ce film : « au pied du mur on a pas le choix… » A les entendre, elles trouvent la force. Ce sont des héroïnes. Eux, les cancérologues, ont choisi d’aider les gens à ne pas mourir. Je les vois finir leur journée groggy, titubant sous le poids des témoignages qu’ils ont recueillis, des angoisses qu’ils ont épongées. Ils ont écouté, calmé, traité, rassuré environ 40 personnes dans la journée… et pour rien au monde, ils ne changeraient de métier
. »

Les personnages du documentaire

Les patientes, Christine, Marie Jo et Joëlle témoignent. Elles nous disent la peur mais surtout l’incroyable force qu’elles se sont découverte pour continuer à vivre. Elles nous communiquent cette force lors des interviews ou des séquences filmées pendant leur maladie ou leur reconstruction. Il en ressort de l’humain, de l’espoir, du vivant.

Christine Bach pétulante brune de 50 ans, mère d’un petit garçon se demande comment ce sein qui a allaité son fils pendant un an a pu lui jouer un coup pareil…
Joëlle Giacinti, anesthésiste de 60 ans, célibataire et sans enfant, raconte comment le cancer la recentrée sur elle-même. Elle a refusé la prothèse externe et la perruque « parce qu’elle se sentait déguisée ». Elle appelle la mastectomie « la morsure de la mort » et dit son besoin de reconstruction pour ne pas mêler mort et sexualité. Jolie femme, elle n’a pas hésité à témoigner nue pendant le tournage alors qu’elle était chauve pendant sa chimiothérapie.
Marie Jo Landrieu, 60 ans, professeur d’anglais, mariée, 2 grandes filles, nous raconte : « dans une histoire comme ça, on éclabousse tout le monde » dit- elle en en parlant de cette pathologie qui a atteint toute sa famille. Elle va retracer l’évolution de sa maladie puis sa reconstruction du sein. Une femme positive, pragmatique : la force de l’humain face à la mort.

Les médecins

Aux côtés des femmes pendant ce combat contre la maladie : les médecins. Leur métier est de traiter bien sûr, mais aussi de calmer l’angoisse de leurs patientes. Tout le talent est là, le reste n’est que technique. Ils le savent, ils le disent.

Krishna B. Clough, chirurgien, ancien Chef de Service de l’Institut Curie et Fondateur de l’Institut du Sein

Marc Spielman, Chef de Service de radiothérapie de l’Institut Gustave Roussy Claude Nos, chirurgien de l’Institut du Sein et de l’Hôpital Européen Georges Pompidou

Yves Otmezguine, chimiothérapeute et Radiothérapeute

Agnès Buzin, hématologiste à l’Hôpital Necker.

Pourquoi ont-ils choisi d'être cancérologues ? Comment font-ils pour supporter l’angoisse de leurs patients confrontés au cancer, à la mort ? Comment sont-ils, pendant la consultation, lors de l’annonce de la maladie ? Et après, lorsqu’ils sortent de leur cabinet ? Comment font-ils pour retrouver les petites joies et petits tracas de la vie quotidienne ?

Publié le 03/11/2011 à 07:01 | Lu 4867 fois