Médecine personnalisée en cancérologie : l'utopie réaliste selon l’Institut Curie

Aujourd'hui plus de 100 patients, de l'Institut Curie et des centres de lutte contre le cancer de Marseille, Nancy, Dijon et bientôt Lyon, Nantes et Toulouse participent à SHIVA, un essai clinique totalement innovant basé entièrement sur le profil moléculaire de la tumeur. Une première mondiale dans le domaine de la cancérologie. Preuve est faite qu'il est possible de réaliser la carte génétique de la tumeur des patients en moins de quatre semaines afin de traiter les patients atteints de cancer de façon personnalisée.


L'essai clinique SHIVA illustre parfaitement la médecine personnalisée. A savoir, une forme de médecine qui repose sur les informations biologiques de la tumeur et de son environnement pour prévenir, diagnostiquer et en l'occurrence traiter.

« Avec l'essai SHIVA, nous explorons de nouveaux territoires de la médecine personnalisée », explique Christophe Le Tourneau, coordinateur de l'essai et responsable des essais précoces à l'Institut Curie. « Pour la première fois, le choix thérapeutique est fonction du profil moléculaire de la tumeur sans tenir compte de l'organe dans lequel elle s'est développée, afin d'identifier son talon d'Achille

En effet, si une thérapie ciblée est efficace dans le cancer du sein, pourquoi ne le serait-elle pas pour un cancer du poumon, dès lors que les deux tumeurs sont porteuses de la même anomalie moléculaire ?

Un traitement pour un patient en fonction de la carte génétique de sa tumeur : cette nouvelle approche a été rendue possible grâce aux progrès technologiques récents. En effet, il y a encore trois ans, il fallait plusieurs mois pour établir la carte génétique d'une tumeur. Et cela coûtait plusieurs dizaines de milliers de dollars. Aujourd'hui, l'essentiel de la carte génétique d'un cancer peut être établi à l'Institut Curie en moins de quatre semaines pour un coût d'environ 1 000 euros.

« SHIVA au final c'est une enquête minutieuse sur la tumeur du patient en vue d'un traitement personnalisé », explique Christophe Le Tourneau. Au total, la recherche de plusieurs centaines d'anomalies moléculaires est réalisée dans les prélèvements tumoraux des patients.

Si cela semble relativement simple sur le papier, l'analyse de ces données nécessite une expertise pluridisciplinaire, une collaboration forte entre recherche fondamentale, plateformes de séquençage haut débit, recherche clinique et soins, ainsi que les compétences d'oncologues médicaux, de biologistes, de généticiens et de bioinformaticiens.

L'essai SHIVA repose donc sur la capacité de l'Institut Curie à établir le profil moléculaire de la tumeur et à en tirer des conclusions dans un temps compatible avec la prise en charge médicale. Dans cet essai de phase II, il s'agit d'évaluer l'efficacité d'une médecine reposant entièrement sur le profil moléculaire de la tumeur. Les patients sont donc répartis dans deux groupes par tirage au sort, l'un recevant le traitement conventionnel (à savoir la chimiothérapie validée à ce jour en fonction de la localisation et de l'évolution tumorale), l'autre bénéficiant d'une des onze thérapies ciblées selon leur profil moléculaire.

« Avec plus de 100 patients désormais inclus dans l'essai SHIVA, preuve est faite qu'une décision thérapeutique peut être prise à partir de la carte génétique de la tumeur. Et c'est un grand espoir pour les patients atteints de cancer » souligne le Dr Christophe Le Tourneau.

La médecine personnalisée expliquée à Cendrine Dominguez, Hervé Mathoux, Tom Novembre et Ariel Wizman Du 19 au 24 mars prochain, l'Institut Curie renouvelle l'opération « Une Jonquille pour Curie ». Les fonds collectés serviront à financer des programmes de recherche innovants et notamment l'essai clinique SHIVA. A cette occasion, l'Institut Curie a invité le 22 février dernier les parrains et la marraine de l'opération - Cendrine Dominguez, Hervé Mathoux, Tom Novembre et Ariel Wizman - à rencontrer deux médecins - chercheurs pour une initiation à la médecine personnalisée.

Publié le 20/03/2013 à 10:07 | Lu 742 fois