Maisons de retraite médicalisées : la fin de l’âge d’or ? (Etude Xerfi)

La cabinet d’études Xerfi-Precepta vient de publier -après plusieurs mois d’enquêtes- une étude intitulée « Maisons de retraite médicalisées. Nouvelle configuration du secteur : les opérateurs face au tournant de la réforme des appels à projet ». Voici ci-après les principaux enseignements de cette grande analyse.


Mise en route des agences régionales de santé (ARS), réforme des appels à projet, réforme du financement de la dépendance… La reconfiguration du secteur des maisons de retraite médicalisées est en marche.

« La volonté politique d’encourager une progression quantitative du parc d’établissements apparaît aujourd’hui plus fragile qu’après la canicule de 2003 » notent les responsables de cette étude dans leur communiqué.

Et de préciser : « certes, une très forte augmentation du nombre de personnes âgées dépendantes est attendue dans les décennies à venir. Mais les modalités de prise en charge (promotion du maintien à domicile, baisse drastique des durées de séjours en EHPAD, etc.) doivent aussi être prises en considération ».

En revanche, la montée en puissance d’objectifs qualitatifs (médicalisation, ...) est, elle, toujours d’actualité. A ceux-ci viennent également se greffer de nouveaux objectifs politiques et sociaux : meilleure adéquation (géographique, sociale) de l’offre à la demande, réponse aux attentes des personnes âgées et de leur entourage, coordination des parcours et des offres médico-sociales et sanitaires, etc.

La croissance externe, principal moteur du secteur

Aujourd’hui, les opérateurs se développent encore (et très rapidement !) grâce aux projets précédemment engagés. Ainsi, entre début 2011 et fin 2012, environ 20.000 nouvelles places, déjà autorisées et financées, auront effectivement été installées dans le secteur privé commercial (compte tenu des délais de construction), selon les calculs des experts de Xerfi-Precepta.

Mais dès 2013, les réservoirs de croissance seront largement asséchés. La croissance externe sera donc le moteur essentiel du développement du secteur. Elle va nécessairement s’accélérer compte tenu de « l’obligation de croissance » des principaux leaders. Une obligation qui s’inscrit dans une logique concurrentielle de course à la taille, mais aussi parce qu’ils se sont structurés pour croître et, enfin, pour satisfaire les marchés et les investisseurs.

Quatre leaders plus que jamais en position de force

De fait, les quatre premiers groupes du secteur (Orpea, Korian, Medica et DomusVi Dolcéa) sont les mieux organisés pour tirer parti de ce nouveau cadre d’activité. Ces dernières années, ils ont su profiter de l’environnement politique particulièrement favorable à la création de places et de l’élévation parallèle des pressions réglementaires pour se développer par un mix de croissance organique et externe. Les leaders ont ainsi considérablement creusé l’écart avec la vingtaine de groupes de taille intermédiaire (5 à 40 établissements) et plus encore avec les centaines d’exploitants individuels du secteur.

Au-delà d’un avantage en termes de coûts (achats, coûts de structure, etc.), leur taille permet à ces leaders de capitaliser sur leur capacité financière, leur rôle d’interlocuteur privilégié des autorités de tutelle et leur marque auprès du grand public. Ils semblent mieux armés financièrement que jamais pour procéder à des opérations de croissance organique ou externe. C’est d’ailleurs le sens des récentes levées de fond réalisées par la plupart d’entre eux auprès d’investisseurs et/ou des marchés boursiers. Sans oublier que la convergence des actionnariats de Korian et Medica renforce la l’hypothèse d’un éventuel rapprochement d’envergure entre ces deux opérateurs.

L’impératif de la taille critique

En marge de ces quatre leaders, l’impératif d’atteindre une taille critique apparaît de plus en plus fort pour les petites structures. C’est l’une des conclusions de l’analyse financière menée par les experts de Xerfi-Precepta sur quatre échantillons de sociétés de gestion d’EHPAD pérennes, segmentés par taille d’entreprise.

La comparaison des performances d’exploitation illustre parfaitement cet effet taille, avec un résultat d’exploitation qui représentait 6,4% du chiffre d’affaires en 2009 pour les plus petites structures et 10% pour les plus grandes.

Plus globalement, quatre catégories d’opérateurs, a priori les plus fragilisées, sont amenées à s’interroger de manière pressante sur leur positionnement et/ou, dans une logique patrimoniale, sur leur participation au processus de consolidation qui va s’accélérer :

- Les EHPAD isolés de petite taille, confrontés à une problématique d’assise financière ;

- Les groupes de petite taille, confrontés à la nécessité de sophistiquer leurs structures, mais n’exploitant en parallèle que de faibles économies d’échelle et synergies liées à la taille ;

- Les opérateurs haut de gamme, dont les relais de développement apparaissent limités (dans les EHPAD tout au moins). L’avenir des créations et extensions est à un marché de gamme intermédiaire permettant de répondre aux attentes de la majeure partie de la population française ;

- Les développeurs-promoteurs ayant comme point fort essentiel une maîtrise de l’ingénierie de projets immobiliers. Elle leur a permis dans certains cas de croître à une vitesse fulgurante au sein du secteur, grâce à la génération de cash procurée par l’activité immobilière. Ces modes de développement vont devenir impossibles à tenir dans les années à venir.

Publié le 19/07/2011 à 10:51 | Lu 3834 fois