Le silence des termites de Xavier Patier : de la fuite dans les idées

Xavier Patier est bien connu pour ses romans à l’allure de pamphlet où la saillie est là, moins pour mordre que pour révéler un désir de pureté. Comme le héros de son dernier roman Mognon, il fait « mine de rire de tout, y compris de lui-même (…) Il met son intelligence au service de la seule ironie qui le sert. Là, c’est réussi, car on rit dans ce récit de l’apocalypse annoncée ».


Le thème central de ce livre est l’écroulement, l’implosion de notre société sur ces bases mêmes. L’histoire commence fort : à une époque qui ne semble pas très éloignée de la notre, le Parti Unioniste a donné l’ordre à ses militants d’en finir une fois pour toute avec le sport.

Aussi, athlètes, arbitres et supporters sont pourchassés, lynchés, exécutés et les articles de sports servent d’autodafés.

Mognon tient une galerie d’art dans Montpellier. Lors du vernissage de l’exposition, consacrée aux œuvres scatologiques d’un peintre épris de son art, méprisant et odieux, un immeuble s’écroule, miné par des termites d’une espèce jusqu’alors inconnue.

Dans les jours qui suivent, ce sont d’autres bâtiments qui s’effondrent et c’est bientôt Montpellier qui devient un champ de ruines.

Mognon et ses voisins tentent de gagner Carcassonne en formant une équipe de miliciens. C’est l’exode, avec son lot de pillages, d’exécutions sommaires, de rachats, de vilénies en tous genres.

On suit donc Mognon dans cette odyssée. Mais le plus intéressant, ce sont les digressions sarcastiques du narrateur, de l’auteur, sur le monde tel qu’il ne va pas. Alors on rit. On rit à la lecture des passages dénonçant le principe de précaution, les cellules psychologiques créées pour chaque bobo de l’existence, les tics des milieux soi-disant intellectuels, l’hypocrisie des rapports humains, etc.

Si l’on croit Mognon, il a écrit ce livre « parce qu’il a appris de source sûre que le paradis n’a jamais existé, c’est le sujet même de ce livre. L’enfer, oui, nous pouvons tous en parler d’expérience ».

Et d’ajouter quelques pages plus loin : « j’ai insensiblement acquis la conviction que la vérité sensible n’allait pas de soi ; que j’étais moi-même, selon toute probabilité, une entreprise de bluff. Pourquoi et au profit de qui ? C’est une question que je refusais de poser, car c’eut été déjà entrer dans une logique de reconstruction du monde ».

Et si on y était déjà ?

Le silence des termites
Xavier Patier
Editions La Table Ronde
185 pages
18 euros
Le silence des termites

Publié le 04/08/2009 à 10:40 | Lu 2889 fois