Le bonheur en maison de retraite (lettre imaginaire)

Virginie, 96 ans (personnage imaginaire) est entrée dans l’EHPAD il y a huit jours. C’était son souhait. Elle a donc à cœur de tout faire pour que sa vie continue d’être formidable. Elle s’attendait à une ambiance plus gaie, comme au club du 3e âge. Elle les voit tous prostrés, faisant semblant de dormir et ne vivant que dans des souvenirs qui repassent inlassablement. Elle a choisi d’écrire une lettre à tous les résidents.


Bonjour à tous,

Merci de m’accueillir parmi vous.
 
Si les dieux avaient condamné Sisyphe à rouler sans cesse un rocher jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombait par son propre poids c’est qu’ils avaient pensé avec quelque raison qu’il n’est pas de punition plus terrible qu’une vie  inutile et sans espoir.
 
Le monde d’aujourd’hui a été grandement façonné par nos mains, nos efforts, nos larmes et aussi notre attachement à notre beau pays.
 
Le temps de la retraite est venu. Oh, non, il ne s’agit pas pour nous de sombrer dans « les délices de Capoue ». Certes, nous ne travaillons plus. Mais notre responsabilité envers le monde demeure.
Regardez autour de vous toutes ces jeunes femmes : certaines pourraient être vos filles, d’autres vos petites filles. Elles portent en elles le désir de vous aider.
 
Mais comment aider quelqu’un que l’on ne comprend pas ? Quelqu’un dont on n’a pas partagé les expériences, le sens de la vie ? Comment les aider à mieux vous comprendre, mieux vous aider ?
Comment pourraient-elles vous servir au mieux ? Mais aussi que leur transmettre puisque c’est pour nous une fierté et un devoir moral ?
 
Si nous ignorions cette injonction il y a fort à parier que nous deviendrions les esclaves de nos petits maux, que nous passerions notre temps devant le petit écran. Emmurés dans nos songes, on ne leur proposerait que notre absence… Et que penserait-on de nous ? Que nous avons renoncé ? Que les rêves du Général de Gaulle pour la grandeur de la France seraient vains ? Non, ce n’est pas pour nous.
 
« Peu de gens savent être vieux » disait La Rochefoucauld au XVIIe siècle, montrons que nous sommes de ceux-là. Commençons simplement : accueillons les le matin avec le sourire, soyons patients, compréhensifs mais aussi fermes s’il le faut. La patience et la sagesse sont de notre côté. Nous devons en user sans modération.
 
Merci de votre lecture.
 
Cette lettre est extraite du stage : « Communiquer plus efficacement avec les résidents » de l’Association Nationale de Formation en Gérontologie.

Publié le 25/07/2014 à 04:51 | Lu 2079 fois