La vie de nos aînés suspendue au climat ? Chronique de Nancy Cattan

Nos sociétés ont tendance à privilégier un mode de fonctionnement assez binaire : une question, une réponse. Oui, mais quelle réponse ? Telle est la question que l’on peut légitimement se poser après la publication par l’InVS (Institut national de Veille Sanitaire) de ces chiffres qui, sans mauvais jeu de mots, font froid dans le dos : 6 000 personnes âgées seraient mortes, confinées à leur domicile, victimes du climat particulièrement rigoureux qui a régné au cours de l’hiver dernier.


Faut-il réellement se hâter, comme c’est le cas, de proposer comme réponse à cette tragédie, de doubler le nombre des aides professionnelles à domicile ?...

On ne peut bien sûr s’empêcher de faire le rapprochement avec les milliers de décès enregistrés lors de la canicule de 2003. Les autorités françaises avaient alors été pointées du doigt pour la lenteur de la mise en route du plan d'urgence : le plan blanc. Elles ont retenu la leçon ; chacun se tient désormais prêt, brumisateur, climatiseur, ventilateur à la main, pour chasser les vents chauds susceptibles d’emporter ces vies fragiles.

Depuis 2003, il n’y a plus eu d‘été caniculaire. Et on ne peut que s’en réjouir. Mais voilà qu’un hiver rigoureux que l’on n’avait pas prévu est survenu. Attaqués sur un autre front, on n’était pas prêt à la riposte. Mais, promis, au prochain froid, on le sera. Grâce aux aides à domicile, dont on ignore encore comment on les recrutera, ni comment on les paiera.

Ces actions ne masquent-elles pas au fond une carence de réflexion ? S’est-on seulement interrogé sur les raisons profondes de ces tragédies en série ? On évitera d’évoquer le lien social, il est toujours trop simple d’accuser l’Autre, celui qui n’a pas été là. Nous peut-être.

Penchons nous plutôt sur ce processus qui conduit un organisme à se trouver dans l’incapacité de s’adapter aux fluctuations du climat. Dans quel état de faiblesse est-il ? Quelles maladies silencieuses le rongent ? Veut-il seulement survivre ? La médecine, ses progrès, nous permettent chaque année de faire un peu plus reculer l’âge du grand saut. Mais à quel prix ?

Celui de n’être plus un jour qu’un fétu de paille, soumis aux caprices du temps. Prêt à s’envoler à la moindre occasion vers des horizons plus accueillants.
La vie de nos aînés suspendue au climat ? Chronique de Nancy Cattan

La vie de nos aînés suspendue au climat ? Chronique de Nancy Cattan
par Nancy Cattan, journaliste santé

Publié le 22/04/2009 à 09:28 | Lu 3755 fois