La tête en l’air, ma famille, mes amis, mes oublis : beau film d’animation espagnol sur la vieillesse

Le dernier long-métrage d’Ignacio Ferreras, « La tête en l’air » sortira dans les salles de cinéma françaises le 30 janvier 2013. Ce merveilleux film d’animation met en scène le vieil espagnol Emilio dont la mémoire commence à lui jouer des tours. Il entre alors en maison de retraite… D’après le roman graphique Arrugas (rides en espagnol) de Paco Roca.


« Arrugas nait de la nécessité de parler de la vieillesse, un thème très peu traité au cinéma et en littérature » indique Paco Roca.

Et d’ajouter : « je n’ai rien inventé dans l’histoire... Emilio (le protagoniste) est le père d’un ami... J’ai aussi rencontré une dame qui pensait qu’elle voyageait dans un train alors qu’elle était débout devant la fenêtre d’une maison de retraite. Pour la faire manger, à chaque fois, l’équipe soignante devait la convaincre d’aller dans le wagon restaurant... »

L’histoire : après une vie professionnelle bien remplie, la mémoire d’Emilio commence à lui jouer des tours… La maison de retraite devient alors une évidence pour ses proches. Emilio y rencontre Miguel avec qui il se lie d’amitié et, à ses côtés, il découvre un nouvel univers.

Ses nouveaux amis sont pleins de fantaisie, ont des souvenirs aussi riches que variés, mais ont aussi leurs petites défaillances dues aux effets du temps qui passe. Alors que les premiers signes inquiétants de la maladie d’Alzheimer apparaissent chez Emilio, Miguel et ses amis vont se mobiliser pour éviter son transfert à l’étage des «causes perdues», le dernier étage tant redouté de la maison de retraite.

Leurs stratagèmes vont rythmer leurs journées et apporter humour et tendresse à leur quotidien…

Entretien avec Ignacio Ferreras autour de La tête en l’air

Ma condition quand j’ai accepté de réaliser le film était de pouvoir dessiner moi-même tout le storyboard au lieu de répartir le travail entre plusieurs personnes, comme on le fait souvent dans le domaine de l’animation. C’est à cette étape que l’on prend toutes les décisions concernant le montage, les cadrages, le mouvement de la caméra, l’action des personnages...

C’est là qu’on écrit le film dans le langage cinématographique. Réaliser un film d’animation signifie pour moi avant tout dessiner le storyboard et réaliser l’animation.» J’ai évité de faire un travail de documentation trop fouillé sur le thème de la vieillesse.

Un des grands dangers de l’adaptation, c’est de trop dévier par rapport à l’oeuvre originale et l’excès de documentation peut y contribuer. Ce qui était important pour moi, était de réussir à me mettre à la place des personnages. Évidemment, je ne suis pas vieux, je ne souffre pas de la maladie d’Alzheimer et de fait ma capacité à imaginer cette situation ne peut être que très imparfaite, mais même dans ces conditions, je crois qu’il est possible de se rapprocher de la situation, parce que les émotions sont les mêmes, indépendamment de l’âge que l’on peut avoir.

Ce n’est pas un film avec un « message », juste une réflexion sur la vieillesse, sur la dépendance, sur une maladie qui progressivement fait perdre tout ce que l’on a pu accumuler dans une vie, la mémoire, la personnalité… On ne peut faire de film ou de bande dessinée sur la vieillesse ou sur la maladie d’Alzheimer qui ne soit l’histoire de personnages concrets. Pour moi, le principal était de maintenir la relation entre les deux personnages, Emilio et Miguel. Et leurs interactions avec les autres.

J’ai joui d’une liberté assez absolue pour adapter le roman graphique original. L’unique limitation était de rester autour des 80 minutes, et plus qu’une limite, cela a été une discipline très salutaire. Cette liberté m’a permis de développer l’histoire de manière organique, à mesure que je dessinais le storyboard, ce qui a duré plus ou moins un an, sans être trop restreint par un scénario écrit.


La tête en l’air : adaptation d’Arrugas, la bande dessinée de Paco Roca

Initialement paru en 2007 en France aux Éditions Delcourt sous le titre Rides, La Tête en l’air est un roman graphique de Paco Roca qui aborde avec subtilité l’amitié et le quotidien d’une maison de retraite à travers la vieillesse et la maladie d’Alzheimer. Publié d’abord en langue française, La Tête en l’air a remporté un énorme succès international. Traduit en 10 langues : Espagne, Italie, Pays-Bas, Finlande, Japon,… et bientôt en Corée et au Portugal en 2013 ! Le livre s’est vendu à plus de 30 000 exemplaires en Espagne. Également très récompensé, il a notamment reçu le Prix National de la Bande dessinée en Espagne, le Prix du Meilleur roman graphique en Italie et le Prix de l’Excellence au Japon.
La réédition sera disponible en librairie le 3 janvier 2013.

Publié le 22/01/2013 à 06:00 | Lu 2381 fois