La peinture pour l’émule


Il y a comme une gageure à écrire un livre sur l’art.

L’analyse, le commentaire, l’appréciation sont établis sur des notions si imprécises, si relatives, si personnelles qu’on en apprend, in fine, plus sur leur auteur que sur l’œuvre d’art.

Ce n’est pas que les explications ne soient pas érudites et documentées, c’est qu’elles relèvent du domaine du subjectif. Et par là même, pour le bonheur de l’apprenti esthète, du suggestif.

Chaque œuvre picturale offre sa résonance littéraire, mythique, musicale parfois.

Deux ouvrages nous invitent à nous les approprier en nous les expliquant.
La peinture pour l’émule

La peinture pour l’émule
Le livre de Françoise Barbe-Gall complète son précédent ouvrage, « Comment regarder un tableau ». L’auteur y emploie la même technique simple et pédagogique pour nous éclairer sur le pourquoi et le sens de tel ou tel détail d’un tableau. Elle décrypte les symboles en en faisant l’histographie, en en montrant l’évolution.

Elle accroît aussi tout un « faisceau de référence » d’où rayonnent des significations qu’elle décode au fur et à mesure. La plupart de ces symboles ont une origine mythologique ou religieuse qui perdure, même atténuée dans la peinture contemporaine. Françoise Barbe-Gall aide à les (re)découvrir et à les interpréter dans leurs dimensions allusives.

Fort de ces lumières, il est temps de partir en promenade avec François Cheng, au musée du Louvre plus précisément. Son approche est plus subjective, bien qu’il s’en défende. Le sinologue relève les correspondances entre la peinture occidentale et la peinture chinoise, ce qui rattache « l’homme et la terre (…) l’homme et le cosmos (…) le microcosme et le macrocosme (…) ».

Maintes œuvres décrites ici révèlent une atmosphère baignée de poésie et d’harmonie prompte à déclencher la rêverie et le commentaire.

De belles promenades donc, auxquelles nous convient ces deux auteurs. Elles permettent de nous constituer notre « Musée imaginaire ». Mais on ne peut pas oublier la leçon de Daniel Arasse, par laquelle il nous mettait en garde contre la tentation de « vouloir interposer entre soi et l’œuvre, une sorte de filtre solaire qui (…) protégerait de l’éclat de l’œuvre et préserverait les habitudes acquises dans lesquelles se fonde et se reconnaît notre communauté académique ».*.

Apprendre à regarder tout simplement

Comprendre les symboles en peinture
Françoise Barbe-Gall
Editions du chêne
297 pages

Pèlerinage au Louvre
François Cheng (de l’académie française)
Editions musée du Louvre/Flammarion

173 pages
25 euros

Pour aller plus loin, lire aussi :
Comment regarder un tableau par Françoise Barbe-Gall : 36 peintures décryptées

*D. Arasse, on y voit rien, Denoel (2000)

Publié le 07/07/2008 à 08:54 | Lu 3945 fois