L'invité : on rit beaucoup en l'attendant et plus encore quand il est là ! (théâtre)

La pièce, écrite par David Pharao en 2003, fut créée la même année sur la scène du Théâtre Edouard VII et remontée l’année suivante au Théâtre des Mathurins. Mise en scène par Jean-Luc Moreau, elle réunissait déjà deux des acteurs de la version de ce soir. Le Théâtre Montparnasse la mit à l’affiche pour une semaine en 2016 qui se termina par une captation télévisée et c’est cet enregistrement qu’il est possible de voir en replay aujourd’hui.


Rappelons l’intrigue pour ceux qui ne l’auraient pas vue lors de l’une ou l’autre de ces représentations. Gérard Morel, quinquagénaire en fin de course, est sans emploi depuis plusieurs mois lorsqu’on lui propose un poste mirobolant dans une entreprise d’emballage alimentaire. La contrepartie est d’accepter de s’expatrier, car les usines se trouvent en Indonésie.
 
Son épouse, Colette, semble prête au voyage et le DRH de l’entreprise doit venir dîner chez eux le lendemain pour finaliser le contrat d’embauche. Patatras, une fuite d’eau inopinée semble gâcher le projet car on est vendredi et les plombiers sont déjà partis en week-end…
 
Heureusement pour eux, leur voisin Alexandre, leur propose de l’aide et, de fil en aiguille, il va complètement prendre les choses en main, pour le bonheur ou le malheur des Morel, jusqu’au moment fatidique où arrive l’invité…
 
Cet invité dont il faudra attendre la fin du spectacle pour en connaître la véritable identité, ressort de la pièce qui nous tient en haleine jusqu’au bout.
 
Comme dans la distribution originale, c’est Patrick Chesnais qui donne vie au pauvre Gérard Morel. L’acteur, engagé cet hiver au Théâtre des Bouffes Parisiens dans Le Système Ribadier, de Georges Feydeau, se remet maintenant tout doucement de son Covid-19.
 
Ici, il est en grande forme et donne toute la palette de son talent à ce personnage, pleutre et sans envergure, qui se débat sans cesse dans ses contradictions.
 
Evelyne Buyle lui donne malicieusement la réplique. On connaît son timbre fruité si particulier qui lui confère, comme aux plus grandes, un charme inimitable. Elle fut une délicieuse Bélise dans la mise en scène des Femmes Savantes de Catherine Hiégel au Théâtre de la Porte Saint-Martin la saison dernière. Tour à tour cocasse et soumise, elle sait osciller habilement entre ces deux registres, alternances qui participent grandement au comique de la situation.
 
Laurent Gamelon est Alexandre, ce voisin bien dévoué mais aussi un peu encombrant, qui s’improvise en Pygmalion. On l’a déjà vu plusieurs fois sur les planches parisiennes, dans Feydeau notamment. Sa rondeur et sa prestance lui permettent de contribuer en permanence au rythme soutenu depuis les premières scènes jusqu’au dénouement.
 
Grégoire Bonnet dans de le rôle-titre de l’invité a le style qu’il faut pour un tel personnage. Hâbleur, énigmatique, faux simple ou vrai cynique, il rajoute à la pièce toute l’ambiguïté voulue par l’auteur.
 
La mise en scène est alerte, les personnages se meuvent avec aisance dans ce décor petit bourgeois partiellement relooké par le voisin.
 
Toutes ces qualités réunies font qu’on ne s’ennuie pas un seul instant pendant le spectacle et qu’on aimerait bien aller les retrouver l’année prochaine en Indonésie …quand nous pourrons voyager à nouveau bien sûr !
 
L'invité en streaming direct et replay sur myCANAL
 
Alex Kiev

Publié le 18/05/2020 à 01:00 | Lu 1814 fois