JNM : le point sur la maculopathie diabétique avec l'association Macula

Alors que nous sommes en pleines Journées Nationales de la Macula, revenons sur la maculopathie diabétique qui est la principale cause de malvoyance chez les personnes diabétiques. Des traitements existent, d'autant plus efficaces que le diagnostic est précoce. D'où encore une fois, l'importance du dépistage.


Qui sont les personnes exposées ?
Quelle que soit la nature de leur diabète (type 1 ou 2), toutes les personnes diabétiques sont exposées au risque de maculopathie diabétique, soit plus de 3,5 millions de personnes en France. La forme la plus fréquente de maculopathie diabétique, à savoir la maculopathie œdémateuse (aussi appelée « œdème maculaire diabétique ») concerne 10% des patients diabétiques.
 
L’apparition de la maculopathie diabétique est essentiellement liée à deux facteurs de risque majeurs : l'ancienneté du diabète et la présence d'une rétinopathie diabétique. Si la maculopathie diabétique peut se développer sans autre pathologie oculaire associée, ses chances de se développer augmentent en effet en cas de rétinopathie diabétique (maladie fréquente liée au diabète, qui touche la rétine périphérique). Plus la rétinopathie diabétique est grave, plus le risque d’avoir une maculopathie diabétique est élevé.
 
Pourquoi la maculopathie diabétique est-elle grave ?
C’est la principale cause de malvoyance chez les personnes diabétiques. Cette maladie atteint la macula, zone centrale de la rétine qui joue un rôle essentiel dans la vision des détails. La vision périphérique est conservée, mais la vision centrale est atteinte et peut entraîner un handicap visuel qui rend difficile l’exécution de certaines tâches au quotidien (lire, reconnaître les visages, percevoir les détails, etc.).
 
Comment évolue la maculopathie diabétique ?
On distingue deux formes de maculopathie diabétique :
- La maculopathie œdémateuse (aussi appelée « œdème maculaire diabétique ») est caractérisée par un épaississement de la région maculaire, lié à l’accumulation de sang et de liquide dans la macula. Cet épaississement se produit lorsque les vaisseaux sanguins de la rétine se mettent à gonfler et à fuir. L’œdème qui en résulte brouille la vue et provoque une perte progressive de vision au centre de la rétine, qui peut à la longue évoluer vers une cécité. C'est la forme la plus courante de maculopathie diabétique ; elle concerne 10 % des patients diabétiques et peut être traitée.
 
- La maculopathie ischémique, forme plus rare et incurable, se traduit par l’élargissement anormal de la zone avasculaire centrale de la rétine (zone dépourvue de vaisseaux sanguins), qui double au moins de surface. L’irrigation sanguine de la macula devient alors insuffisante, entraînant la perturbation ou l’arrêt de son fonctionnement. La maculopathie ischémique est en général responsable d’une baisse d’acuité visuelle majeure.
 
Quels sont les symptômes de la maculopathie diabétique ?
Au début, la maculopathie œdémateuse ne génère aucune douleur ni signes particuliers. Les personnes diabétiques peuvent ainsi en être atteintes, sans ressentir le moindre trouble visuel et donc sans le savoir. Puis, avec le temps, certains symptômes apparaissent : baisse de l'acuité visuelle et notamment gêne à la lecture ; perte de sensibilité aux contrastes ; difficulté à percevoir correctement les couleurs ; perte de la vision des détails ; difficulté à reconnaître les visages ; et enfin, vision trouble.
 
Quels sont les facteurs de risque de la maculopathie diabétique ?
Si l’apparition de la maladie est essentiellement liée à l'ancienneté du diabète et à la sévérité de la rétinopathie diabétique, d’autres facteurs de risque sont aujourd’hui bien établis :
- l’hyperglycémie chronique (concentration de sucre dans le sang trop élevée) ;
- l’hypertension artérielle (en particulier chez les diabétiques de type 2) ;
- le sexe : les femmes seraient plus exposées que les hommes et la grossesse augmenterait le risque de développer la maladie chez les patientes diabétiques ;
- le type de traitement antidiabétique pris : l’œdème maculaire est plus fréquent chez les patients traités par insuline (15 %) que chez les patients traités par hypoglycémiants oraux (4 %).
D’autres facteurs, comme l’hypercholestérolémie, l’anémie, l’apnée du sommeil ou la présence de protéines dans les urines, sont parfois évoqués mais sont moins consensuels.
 
La maculopathie diabétique est-elle la seule maladie des yeux à laquelle les diabétiques sont exposés ?
Malheureusement non. Le diabète augmente également le risque de développer une rétinopathie diabétique, mais aussi d'autres pathologies des yeux comme certains glaucomes ou la cataracte.
 
Quand se faire dépister ?
Pour toute personne souffrant d’un diabète de type 1, un premier bilan ophtalmologique complet doit être réalisé par l’ophtalmologiste dans les 3 à 5 ans suivant l'apparition du diabète.
 
En cas de diabète de type 2, le patient doit en revanche consulter pour faire un bilan ophtalmologique complet au plus vite après le diagnostic de la pathologie.
 
Ensuite, quelle que soit la nature du diabète, il est recommandé de faire des examens oculaires de contrôle tous les ans, même si la vision paraît normale. En cas d’anomalies visuelles ou de rétinopathie diabétique évolutive, ces examens peuvent être plus fréquents. L’ophtalmologiste indiquera alors le rythme à suivre pour faire contrôler sa vision.
 
Quels sont les examens de dépistage ?
Plusieurs examens permettent de poser le diagnostic de maculopathie diabétique, parmi lesquels l’examen du fond d’œil qui peut se faire selon deux modalités :
- l'examen du fond d'œil par ophtalmoscopie avec dilatation de la pupille : réalisé par l’ophtalmologiste, cet examen est indolore mais peut entraîner une gêne visuelle durant quelques heures ;
- l’examen du fond d’œil par photographie numérique sans dilatation de la pupille (au moyen d’un rétinographe non mydriatique) : fréquemment utilisé dans les pays du nord de l’Europe depuis quelques années, ce nouveau mode de dépistage est aujourd’hui possible en France. Il est simple, rapide, indolore et pris en charge par l’Assurance maladie. Il repose sur la coordination entre un professionnel de santé spécialement formé (orthoptiste notamment) et un ophtalmologiste. La photographie numérique du fond d’œil est réalisée par le professionnel de santé qui envoie ensuite les clichés à l’ophtalmologiste pour analyse.
 
Si l’examen du fond d’œil révèle des signes évocateurs d’une maculopathie diabétique, d’autres examens complémentaires peuvent être réalisés pour affiner le diagnostic :
- L’OCT (Tomographie en Cohérence Optique) qui utilise un principe de balayage du fond d’œil par un spot lumineux et fournit des images en coupe de la rétine, dont les différentes couches et les anomalies apparaissent avec une précision de l’ordre de quelques microns. Cet examen ne nécessite pas d’injection de colorant. Beaucoup plus sensible pour la détection de l’épaississement maculaire que l’examen du fond d’œil, il est devenu incontournable pour préciser le degré, la localisation et l’évolution de l’œdème maculaire.
- L’angiographie rétinienne qui comporte l’injection d’un produit de contraste dans une veine de l’avant-bras. Quelques secondes plus tard, ce colorant atteint la région oculaire. Il imprègne transitoirement le fond d’œil dont il révèle ainsi les détails (la rétine, ses vaisseaux, les anomalies éventuelles), qu’une série de photographies permet de fixer et d’analyser.
 
Quels sont les traitements ?
Seule la forme la plus courante (à savoir la maculopathie œdémateuse) peut être traitée. L’équilibre des facteurs de risque peut parfois suffire à la faire disparaître. D’autres traitements peuvent sinon être proposés (photocoagulation au Laser, traitement chirurgical, injection intravitréenne de corticoïdes, injection intravitréenne d’anti-VEGF).

Publié le 30/06/2017 à 01:00 | Lu 2033 fois