Face à la violence de l'illectronisme, le métier de formateur en inclusion numérique par Corentin Voiseux

Voilà plus de 6 mois déjà que la crise sanitaire nous réapprend à vivre, à travailler, à nous relier, à accéder au service public par le numérique. Cette épisode exceptionnel a mis davantage encore en lumière la violence de la fracture numérique chez des millions de citoyens français, et en particulier chez 4 millions de seniors. Chez les personnes en situation de handicap visuel, le discours était souvent « vous savez pour nous le confinement, c’est toute l’année... » ce qui a de quoi laisser bouche bée. Par Corentin Voiseux, directeur général d’Hypra.





Être illectroniste aujourd’hui, c’est plus que jamais, aux yeux de la société, être un exclu, un
marginal, « un attardé », un archaïque, un isolé aux yeux des autres et de la société, qui nous le
renvoie en pleine figure.
 
Cette violence, nous la ressentons au jour le jour chez les centaines de personnes que nous accompagnons dans nos programmes individuels et collectifs d’inclusion numérique et qui ont intériorisé ces discours.
 
Face à cette violence, souvent, l’esseulement, l’angoisse, la défiance, les échecs de l’entourage à faire entrer en matière, rajoutent au fait de ne pas savoir comment s’y prendre et par où commencer, par quel matériel, ainsi que des doutes sur ses capacités à maîtriser « l’informatique » pris comme un tout indigeste, froid et rigide, exigeant trop d'agilité et de rigueur pour une personne âgée et/ou faiblement diplômée.
 
Dans ce contexte, Hypra, entreprise solidaire d’utilité sociale, s’est fixée l’objectif d’adoucir cette
violence, de changer le rapport au numérique, en mettant la psychologie, la méthode pédagogique,
l’émulation, le plaisir d’apprendre au cœur de nos programmes d’accompagnement.
 
Notre recherche en sciences humaines et sociales au sein de ces programmes nous vaut le statut de Jeune Entreprise Innovante. Loin des approches de réaction et d'aubaine sociale, qui visent à confier
l’inclusion numérique au premier venu (postier, pharmacien, service civique, bénévoles et combien
d’autres encore?) - qui ont fait la preuve de leur échec car 13 millions de Français restent encore sur
le carreau - nous avons bâti le métier de formateur en inclusion numérique.
 
Plutôt que de se positionner entre un Etat qui dématérialise en marche forcée et de façon souvent
acrobatique et un citoyen « à la traîne », ce que suggère le terme de « médiation numérique », nous
repartons du plaisir qu'il y a à apprendre, à naviguer, à explorer, à voyager ce qui est plus
épanouissant à la fois pour le bénéficiaire et le professionnel.
 
Ateliers présentiels, ateliers téléphoniques ou en visio-conférence, accompagnement personnalisé et
prêt d’équipement, nos équipes mobiles d'inclusion numérique s'adaptent au milieu rural comme
urbain, au personnalisé et au collectif, aux zones denses et très éloignées géographiquement, et à
tous les plus fragiles, à commencer par les personnes âgées.
 
Notre maîtrise des accompagnements distanciels rend aussi nos formats d’interventions compatibles avec la crise sanitaire causée par le Covid, nous permettant d'assurer une continuité d'activité. Ainsi, que vous soyez une collectivité territoriale, un bailleur social, une association, un foyer
d’hébergement, vous pouvez agir et bénéficier d'ateliers d'inclusion numérique, parfois 100 % préfinancés selon les territoires, ainsi que d’un accompagnement sur-mesure à mettre en place votre
stratégie d’inclusion numérique locale.

Article publié le 02/09/2020 à 11:01 | Lu 18377 fois