Expo : dans la peau d'un soldat de la Rome antique à nos jours

C’est une première : le musée de l’Armée va consacrer, du 12 octobre 2017 au 28 janvier 2018, une exposition sur un sujet encore inédit. De fait, le public sera invité à entrer dans la peau des soldats, à partager leur vie au contact direct avec les objets les plus modestes, banals ou insolites, qui les accompagnent dans les occupations les plus quotidiennes de la vie de campagne, depuis l’Antiquité jusqu’au 21e siècle.


Si notre vision du soldat en opérations est surtout focalisée sur les phases spectaculaires de combat, ce dernier, malgré sa forte intensité, ne représente qu’une part infime du quotidien des combattants qui consacrent l’essentiel de leur temps à s’entraîner, à se déplacer, à installer et aménager leurs positions, à communiquer mais aussi à entretenir leur moral ou à tromper l’attente.
 
Chargé d’armes et de munitions, le soldat est ainsi, depuis des millénaires, confronté à la nécessité de manger, de se chausser, de se distinguer de ses adversaires et de se protéger de leurs coups. Il a toujours été soucieux, aussi, de se sentir partie prenante du groupe d’hommes et de femmes au sein duquel il exerce son métier –ce à quoi contribuent la discipline, la tenue, les récompenses, les rituels sacrés et profanes partagés –, sans pour autant négliger tout ce qui peut le relier aux siens, à ses souvenirs, à ses convictions.

Le saviez-vous ?
Le poids du paquetage du soldat : il n’a pas beaucoup changé depuis l’Antiquité. S’il est très technique aujourd’hui, il pèse toujours près de 35 kg, contient 2 jours de vivres et des objets intimes des soldats. Pour ces derniers, les figurines en terre cuite des légionnaires romains sont devenues aujourd’hui, sans surprise… des smartphones !

L’exposition s’ouvre par une galerie chronologique qui présente plus d’une vingtaine de figures de soldats « de la Rome antique à nos jours », vêtus, équipés et accompagnés des animaux et des véhicules dans lesquels ils se déplacent ou transportent leur matériel. Autant de silhouettes significatives et reconnaissables, autant de jalons dans une histoire marquée par des mutations et des constantes dont la principale est bien le combattant lui-même, son corps et son moral.
 
Vient ensuite un parcours thématique qui retrace les différents moments de la journée d’un soldat, en autant de séquences où sont confrontés les objets qui, à différentes époques et dans différentes civilisations, lui permettent de se nourrir, de se mettre à l’abri, de se reposer, de garder le contact avec ses camarades, de se soigner, de « tenir » dans les circonstances difficiles. Vêtements, tentes, gamelles, rations alimentaires, médicaments, outils divers…
 
S’y retrouvent, différents selon les théâtres d’opérations et les climats : milieux urbains, déserts, pays tropicaux, zones montagneuses. Tous sont destinés à lui permettre d’accomplir sa mission, de survivre ou de bénéficier d’un relatif confort sur le terrain.
 
Certains permettent d’évoquer la logistique qui accompagne les troupes régulières et les organisations très différentes qui s’affrontent dans les guerres qu’on dit aujourd’hui « asymétriques », ce qui éclaire d’un jour nouveau les conditions dans lesquelles se déroulent les conflits contemporains dont les médias se font l’écho.

Le saviez-vous ?
Un hôpital aux Invalides : créée il y a près de trois siècles et demi par Louis XIV pour accueillir « ceux qui ont exposé librement leur vie et prodigué leur sang pour la défense et le soutien de notre pays », l’Institution nationale des Invalides, fidèle à sa vocation initiale, est aujourd’hui un établissement médical de pointe, spécialisé dans la prise en charge des blessés de guerre et du grand handicap. Désormais ouverte au service public hospitalier, elle est composée du centre des pensionnaires, du centre médico-chirurgical et du centre d'études et de recherche sur l'appareillage des handicapés.

Dans la peau d’un soldat s’intéresse aussi à la condition universelle du combattant, à ce qui, à travers les objets de son quotidien et sa culture matérielle, donne à voir et à comprendre la nature de son engagement, les tensions extrêmes et les traumatismes auxquels il est exposé, le risque de la blessure et de la mort.
 
Le parcours de visite proposé aborde sa relation avec les institutions qui, avec plus ou moins de sollicitude selon les lieux et les époques, soignent les blessures de son corps et de son âme ou prennent soin de sa dépouille, lui rendent hommage et perpétuent la mémoire de son sacrifice. Il s’achève donc par une évocation de l’activité de l’Institution nationale des Invalides et du rôle de la cour d’honneur des Invalides où se déroulent les cérémonies d’hommage aux soldats tombés lors des opérations extérieures.

Provenant pour la majorité des fonds du musée de l’Armée, plus de 300 pièces dont de nombreuses acquisitions récentes, sont présentées au sein du parcours. La dimension contemporaine de la guerre est mise en lumière par des reportages photographiques réalisés au plus près des soldats, pendant des opérations sur le terrain ou dans des centres de rééducation.
 
En complément, les nombreux dispositifs multimédias viennent se substituer aux objets « absents », assurent une meilleure compréhension de la forme, de la fonction ou du contexte d’utilisation des pièces exposées, replacent l’homme au sein d’un groupe, dans le temps et l’espace. Parmi les thèmes traités par ces moyens : le système D, le réemploi et le détournement des objets par leurs utilisateurs, la mode militaire qui n’est pas sans influence sur lamode civile, l’art du camouflage, les logistiques de masse….

​L’exposition en chiffres

337 œuvres, objets et documents, dont 83 prêts, 24 mannequins présentés dans une grande galerie chronologique, du soldat romain au soldat du futur, 21 dispositifs multimédias et 12 panneaux d’un parcours destiné aux jeunes publics.

INFORMATIONS PRATIQUES
Musée de l’Armée - Invalides
129 rue de Grenelle, 75007 Paris
M° 8 : La Tour-Maubourg
M°13 : Varenne
www.musee-armee.fr
 

Publié le 31/08/2017 à 01:00 | Lu 1176 fois