Epanouissement sexuel des femmes à la ménopause...

Echange avec Marie-Hélène Colson, médecin sexologue, depuis vingt ans à Marseille. Elle enseigne également la sexologie dans les facultés de médecine de Marseille et de Montpellier. Ses recherches se tournent vers le domaine de la médecine sexuelle et des thérapies de couple et elle a publié les ouvrages « Réaliser sa sexualité » ainsi que « Sexualité masculine en difficulté, l'harmonie retrouvée ».


Si les conséquences générales de la ménopause sont aujourd’hui bien connues des femmes, il semble que les conséquences locales restent, pour leur part, moins bien connues ; c’est notamment le cas pour la sécheresse vaginale. A quoi peut-on attribuer cette méconnaissance ? 
 
Ce n’est pas vraiment méconnu, beaucoup de femmes vivent avec mais elles le taisent et mettent cela sur le compte du vieillissement. Nous ne devrions pas, au 21ème siècle, avoir du mal à évoquer ce sujet et c’est vraiment dommage car ces problèmes finissent vraiment par perturber leur qualité de vie.
 
Pourquoi, selon vous, les patientes ont-elles du mal à aborder le sujet avec leur médecin ? Comment se positionnent les médecins sur ce sujet ? 
 
Beaucoup de femmes en souffrent mais c’est plutôt un ressenti dans leur vie quotidienne. Elles sont attentives à cette partie du corps mais n’osent pas en parler. Beaucoup de femmes sont également réticentes à utiliser des traitements hormonaux. C’est aussi un sujet délicat à aborder pour la plupart des professionnels de santé, c’est important qu’ils s’entraînent et prennent le réflexe de poser des questions à propos de la sexualité de leurs patientes. C’est une idée reçue de dire qu’en abordant d’éventuels problèmes sexuels on entre dans l’intimité du patient. Au contraire, c’est très facile lors d’un bilan annuel par exemple, de profiter de cette occasion pour lui dire qu’à cette période de la vie, peuvent survenir des petits soucis et lui demander si elle souhaite avoir des informations. 
 
Les résultats de l’enquête révèlent que les femmes qui souffrent de sécheresse vaginale témoignent d’une perte de confiance en soi et d’un trouble de leur sexualité, pouvez-vous nous en dire davantage ?  
 
Effectivement, les conséquences sont importantes pour les femmes et ces symptômes peuvent les amener à énormément rétrécir leur périmètre de vie. Elles ne partent plus en voyage, changent leurs habitudes, leurs relations… Le sentiment de détresse ressentie par ces femmes peut véritablement les rendre dépressives. Mais là où on peut aider ces femmes, c’est en leur expliquant qu’un grand nombre de difficultés sexuelles après la ménopause, ne sont pas liés uniquement au déficit hormonal, mais au fait que les scénarii sexuels ne sont plus adaptés à l’état physiologique.  

Publié le 05/07/2016 à 01:00 | Lu 5217 fois