Emploi senior : les fins de carrière en Belgique (enquête Plus Magazine)

Les Belges connaissent-ils les réglementations qui permettent d’améliorer les fins de carrière ? Dans quelle mesure y recourent-ils ? Quelle serait la formule pour laquelle ils pourraient personnellement opter ? Sont-ils prêts à travailler jusqu’à 65 ans ? Et si oui, pour quelles raisons ? A l’occasion du salon Zenith qui se tient actuellement à Bruxelles, placé cette année sous le signe du travail après 50 ans, le mensuel Plus Magazine a réalisé le premier sondage sur les mesures prévues pour améliorer les fins de carrière.


Le texte du Pacte des Générations est paru au Moniteur belge il y a bientôt trois ans (le 23 décembre 2005). Avec un objectif ambitieux : motiver les quinquas et plus à continuer à travailler ou à retrouver un emploi. Le texte prévoit ainsi des aides financières en faveur des travailleurs, des employeurs et de ceux qui sont à la recherche d’un emploi. Et prévoit en outre des mesures permettant d’améliorer la qualité de vie au travail. Si l’on ajoute à cela d’autres règlementations fédérales et régionales, les 50 et plus qui continuent à travailler peuvent bénéficier aujourd’hui de toutes une série d’avantages. Mais les connaissent-ils ?

Trois ans après le Pacte des Générations, le mensuel belge Plus Magazine a voulu savoir si les Belges connaissaient ces mesures et s’ils y recouraient. Ils ont donc interrogé durant le mois d’octobre 2008 plus de 2.000 personnes via internet. Soit 60 % de néerlandophones et 40 % de francophones, autant d’hommes que de femmes, parmi lesquels 97 % âgés de 45 ans et plus. Au sein de ce panel, les responsables de ce sondage ont établi une distinction entre les travailleurs actifs, ceux qui ont récemment cessé de travailler (il y a moins de 3 ans) et ceux qui sont (pré)pensionnés depuis plus de trois ans. Résultats...

Pacte des générations : trois règles sur dix sont bien connues

Les actifs et les chômeurs de 50 ans et plus peuvent bénéficier d’une série de formules et avantages spécifiques. Lesquels connaissent-ils ?

Les formules les mieux connues sont celles qui permettent aux quinquas et plus de travailler à temps partiel tout en bénéficiant d’un complément de revenu versé par l’Etat.
- Parmi les actifs, 82 % connaissent la possibilité d’opter pour un 4/5e temps.
- 62 % sont au courant de la possibilité de choisir un crédit-temps à mi-temps.
- La moitié des personnes interrogées connaît le bonus pension.
- Les sept autres mesures sont beaucoup moins connues. La prépension à mi-temps n’est connue que d’un tiers du panel.
- Les mesures les moins bien connues sont les vacances seniors et le Fonds d’expérience professionnelle. Les mieux informés sont ceux qui ont arrêté de travailler récemment.

Quelles formules utilisent déjà les sondés ?

23 % des actifs déclarent faire usage d’une des formules prévues par le Pacte des Générations. Les femmes (28,9 %) sont presque deux fois plus nombreuses à en profiter que les hommes (16,8 %).

Ces formules ont également trouvé un écho chez ceux qui ont récemment pris leur (pré)pension.
- 38 % bénéficient d’un temps partiel. Les autres avantages remportent nettement moins de succès.
- le nombre de femmes ayant opté pour un temps partiel est presque trois fois plus élevé que celui des hommes. On sait que les femmes sont demandeuses d’un mi-temps en début de carrière, lorsqu’elles ont des enfants mais le temps partiel semble également les attirer en fin de carrière. Les femmes sont aussi cinq fois plus nombreuses à avoir profité de la prime de retour à l’emploi. Celles qui souhaitent reprendre une activité professionnelle après 45 ou 50 ans ne sont pas rares.

Les Belges actifs âgés de 45 ans et plus envisagent-ils de faire appel à l’une des dix formules du Pacte ?
Oui, mais uniquement aux formules de travail à temps partiel et au bonus pension.
- Pour ce qui concerne le temps partiel, le 4/5e temps s’attire tous les suffrages.
- Le mi-temps attire nettement plus les femmes que les hommes.
- Près de 35 % du panel se déclare intéressé par le bonus pension. Ce qui signifie que ces personnes sont prêtes à travailler au-delà de 62 ans. Mais 62 ans ne veut pas dire 65…

Peu d’intérêt pour l’outplacement et la cellule emploi

L’outplacement réalise des scores médiocres dans tous nos tableaux (5 %), de même que la cellule emploi (4 %), pourtant deux mesures clés du Pacte des Générations. Ce qui s’explique sans doute le fait que jusqu’à présent les expériences ont été mitigées. Les quinquas et plus qui ont perdu leur emploi déplorent que les bureaux d’outplacement et la cellule emploi n’offrent pas une approche personnalisée et aucun service sur mesure.

Pourquoi travailler plus longtemps ou à temps partiel ?

Et ceux qui n’ont pas opté ou n’envisagent pas d’opter pour une de ces formules ? Pourquoi ont-ils décidé de continuer à travailler à temps plein ?
- « Je veux conserver des contacts sociaux » est l’explication la plus fréquente (près de 43%).
- Cinq autres raisons atteignent un score de 35% environ : « Mon travail m’apporte beaucoup de satisfactions », « travailler me maintient jeune et en forme », « à cause de ma situation financière actuelle », « dans l’espoir d’une meilleure pension » et « je me sens plus utile et plus valorisé ».
- La peur de l’inactivité, la perte des collègues ou la crainte de ne pas pouvoir être remplacé sont plus rarement mentionnées.
- Ceux qui envisagent une formule à temps partiel, ou l’ont déjà choisie, n’avancent en général qu’une raison : 51 % des personnes interrogées, hommes et femmes confondus, souhaitent « une meilleure qualité de vie ».

Quelle sera ma perte salariale ?

Il est difficile d’estimer ou de calculer avec précision la perte de salaire en cas de passage à un temps partiel.
- 61 % des personnes interrogées pensent que cette perte sera extrêmement limitée en passant à un 4/5e avec complément de revenu versé par l’Etat. Ce qui est une estimation correcte.
- Avec le crédit-temps à mi-temps ou la prépension à mi-temps, de nombreuses personnes (respectivement 38 et 23 %) pensent –à tort- que leur perte de revenu sera limitée.
- Entre un tiers et près de la moitié des personnes interrogées ignorent totalement les conséquences qu’auraient les formules à temps partiel sur leurs revenus.

La fin de carrière idéale

- A peine 15 % choisissent de travailler jusqu’à 65 ans !
- Une personne sur deux souhaite arrêter plus tôt (prépension, pension anticipée ou mise en disponibilité). Les femmes (56 %) le désirent encore plus que les hommes (41 %). Près d’un quart (un bon 23 %) estimerait idéale une formule permettant de combiner une pension (anticipée ou non) avec un complément de revenu.
- Travailler au-delà de 65 ans (à temps partiel ou plein temps) n’est envisageable que pour une personne sur dix.

Les mesures du Pacte des Génération, réussite ou échec ?

Le Pacte des Générations : réussite ou échec ? Réponse en demi-teinte. Aujourd’hui, le Belge travaille en moyenne jusqu’à 58 ou 59 ans. Il se dit néanmoins prêt à travailler jusqu’à 63 ans, par exemple, ce qui permet de bénéficier du bonus pension. Travailler jusqu’à 65 ans révolus ne séduit qu’une petite minorité. Mais si les Belges devaient travailler au-delà de, disons 60 ou 62 ans, ils compteraient bien profiter des formules de travail à temps partiel prévues par le Pacte des Générations.

A noter que les autres mesures dont peuvent bénéficier les quinquas et plus sont peu connues. En tout cas, elles ne motivent pas à travailler plus longtemps ou à reprendre une activité professionnelle.

Les résultats complets de l’enquête sur les fins de carrière sont publiés dans Plus Magazine de décembre qui paraît le 20 novembre.

Publié le 20/11/2008 à 10:37 | Lu 7371 fois