Douze gériatres en colère : où il est question de la mondialisation de la maltraitance des vieux… (livre)

La journaliste Dominique Prédali et le professeur Jacques Soubeyrand, gériatre à Marseille viennent de sortir aux Editions Fayard un ouvrage intitulé Douze gériatres en colère. Au sommaire, « Le blues des vieux, Tristes solidarités, L’hôpital est malade et Le business de la dépendance ». Un livre où il est question de la mondialisation de la maltraitance des vieux…


« Un rapport de l'ONU de 2002 sur les maltraitances subies par les personnes âgées dans le monde au cours des vingt dernières années confirme l'ampleur de ce phénomène, ainsi que le silence qui l'entoure » rappelle l’éditeur.

Et d’ajouter : « un silence coupable, à tous les niveaux de la société -médecins et médias compris-, sur un problème qui prend des proportions d'épidémie avec l'accélération du vieillissement de la population. Un sinistre secret qui pourrait bien être le dernier tabou du XXIe siècle ».

Trois ans d'enquête autour du monde auprès de gériatres et de professionnels de la santé, ainsi que de criminologues, d'avocats, d'anthropologues, de sociologues, d'économistes ont permis d'établir que la maltraitance des personnes âgées était universelle. Et que dans le contexte de la mondialisation, les impératifs économiques de leur prise en charge conduisaient à un génocide silencieux, industrialisé et instrumentalisé.

Un ouvrage documenté, où les études médicales alternent avec des témoignages de gériatres en colère, dénonçant des bureaucrates et des Etats complices de la situation.

Dominique Prédali est auteur, journaliste, traductrice et interprète de conférences en Grande-Bretagne. Le professeur Jacques Soubeyrand est gériatre à l’hôpital Sainte-Marguerite à Marseille et membre du Collège national des enseignants de gériatrie. Ils ont publié un premier ouvrage sur le sujet, avec Christophe Fernandez et Thierry Pons: On tue les Vieux (Fayard, 2003).
Douze gériatres en colère

Maltraitance : un mot terrible qui désigne les violences de tout ordre qui peuvent s'exercer sur une personne. Le réseau international pour la prévention et la maltraitance des personnes âgées, l'INPEA définit ainsi ce fléau : « Toute souffrance exercée sur un adulte âgé, mettant en danger le bien-être physique, émotionnel, spirituel ou social d'une personne. Les formes de maltraitance peuvent inclure, mais ne pas se limiter à des maltraitances physiques, sexuelles et émotionnelles, des abus financiers, la négligence, de l'intimidation, la domination, la discrimination, et l'auto - négligence. »

Les victimes
Selon l'Alma (association d'écoute aux victimes), les personnes les plus fragiles, en majorité des femmes (75%), plutôt âgées (en moyenne 79 ans) vulnérables, incapables de se défendre ou de réagir sont des victimes désignées (elles sont souvent dépendantes).

Les maltraitants
Même s'il est difficile de distinguer clairement les divers aspects de la maltraitance, physiques, psychologiques ou financiers, les petits frères des Pauvres qui accompagnent près de 8 000 personnes dans l'Hexagone, se préoccupent particulièrement des maltraitances financières, car bien des actes de malveillance et des violences physiques sont motivés par des intérêts matériels. Ils sont souvent d'origine familiale et proviennent aussi de l'entourage non familial de la personne à domicile ou en institution (le voisinage, les personnels soignants, les démarcheurs…). Ces malveillances financières sont souvent des actes à la limite de la légalité, discrets et invisibles, qui passent parfois inaperçus aux yeux des victimes âgées elles mêmes qui peuvent ne pas être en pleine possession de tous leurs moyens.

Dans les établissements d'accueil des personnes âgées, les maltraitances sont souvent la conséquence d'un manque de personnel et de moyens. Cette situation est inadmissible de la part de lieux de vie où les personnes doivent évoluer dans un environnement professionnel, apportant soins, sérénité et protection. Des maltraitances civiques (atteinte aux droits des personnes) sont également constatées dans les établissements.

Rappelons également que depuis février 2008, il existe au niveau national un centre d'écoute joignable au 3977 qui est à même de recevoir les appels provenant de particuliers ou de professionnels :
- aux personnes âgées ou adultes handicapés victimes de maltraitances,
- aux personnes âgées ou adultes handicapés souffrant d'isolement,
- aux aidants professionnels ou familiaux rencontrant des difficultés dans l'aide apportée à une personne âgée ou à un adulte handicapé,
- aux personnes ayant des doutes sur le bien être d'une personne âgée ou un adulte handicapé

Pour aller plus loin, lire aussi :
Maltraitance des seniors : un nouvel engagement gouvernemental
Maltraitance : un premier bilan pour le numéro d’urgence 3977

Douze gériatres en colère
La mondialisation de la maltraitance des vieux

Dominique Prédali et Pr. Jacques Soubeyrand

Chez Fayard, 2009
330 pages
20 euros TTC

Publié le 18/02/2009 à 09:20 | Lu 7178 fois