Donocoeur : 4ème édition du 27 octobre au 4 novembre 2012 (partie 2)

La Fédération Française de Cardiologie (FFC)* lance sa 4ème édition du Donocoeur du samedi 27 octobre au dimanche 4 novembre 2012, lors de la Semaine Nationale du Cœur. Cette campagne a pour objet d’alerter le public sur les maladies cardiovasculaires afin de déclencher une prise de conscience. Ces maladies sont non seulement mortelles, mais aussi douloureuses et handicapantes lorsqu’on y survit. Parce que la collecte de fonds reste le meilleur moyen d’action pour freiner l’augmentation et limiter les conséquences de ces maladies, la Fédération Française de Cardiologie sollicite le public à soutenir cette lutte.





Banalisez : attention danger

Si vous posez la question à vos amis : comment voudriez-vous mourir ? La plupart vont répondre : d’un arrêt cardiaque. Face aux démences séniles, les maladies vasculaires sont souvent évoquées comme une belle mort, propre, nette.

Autant le dire tout de suite : ce n’est pas vrai ! Si ces maladies peuvent être mortelles, elles sont souvent gravement invalidantes. Chacun d’entre nous sait ce qu’est la maladie d’Alzheimer qui pourtant ne touche que 1,2% de la population. Pourquoi ne pas être autant informés sur les maladies cardiovasculaires beaucoup plus fréquentes et très invalidantes ?

Un sondage IFOP sur un échantillon de 1006 personnes, réalisé à la demande de la Fédération Française de Cardiologie du 11 au 13 septembre 2012 montre que si aujourd’hui, le grand public a bien conscience de la gravité de ces maladies, une majorité de personnes s’estime encore mal informée.

Les principaux enseignements :

Les représentations des maladies cardiovasculaires s’appréhendent en premier lieu sous l’angle de l’accident et potentiellement de l’issue fatale qui peut lui succéder (51% des citations). L’infarctus est le terme le plus fréquemment évoqué pour parler de ces maladies (21%), devant la mort et l’AVC (16% et 15% des citations). L’invalidité, le handicap, conséquences potentielles de ces maladies, obtiennent un niveau de citations moindre (7%).

On s’aperçoit que ce sont des maladies auxquelles la mort est très fortement associée, bien plus que les séquelles ou les traitements qui peuvent être administrés (cités à hauteur de 14%) dans le cadre d’une pathologie ou suite à un accident cardiaque. Si les notions de souffrance dominent très largement les évocations liées au cancer par exemple, on s’aperçoit que dans le cas des maladies cardiaques ces notions émergent à des niveaux extrêmement secondaires (seules 4% des citations font allusion à la peur, à l’angoisse, 2% à la souffrance).

Viennent ensuite les facteurs favorisant le développement de ces pathologies qui se révèlent très présents dans les représentations de l’opinion. Les Français ont une conscience étroite des facteurs de risque pouvant être associés à ces maladies. L’hygiène de vie est citée à hauteur de 33%, les autres facteurs pathologiques, au premier rang desquels le cholestérol et l’hypertension, recueillent 23% des citations.

Dans le détail, si les représentations se révèlent assez homogènes, on remarque néanmoins quelques nuances notamment selon l’âge et la catégorie sociale des personnes interrogées. Ainsi, les plus seniors et les CSP+ mentionnent plus que la moyenne les facteurs de risque. Ces derniers sont également plus sensibles à la dimension thérapeutique de ces maladies (21% des CSP + pensent aux traitements contre seulement 10% au sein de catégories plus modestes). Si 88% des Français estiment que ces maladies sont de plus en plus répandues, et plus d’un sur deux pensent qu’ils sont potentiellement exposés à des risques cardiaques, ils demeurent néanmoins majoritairement mal informés sur ces pathologies (55%). Ce déficit d’information s’illustre notamment par propension à sous-estimer la souffrance ou les contraintes liées à ces maladies ou à leur traitement.

Ainsi, en dépit de la gravité reconnue de ces maladies, 28% jugent que les traitements afférents ne sont pas contraignants, un quart (26%) que ces maladies ne font pas souffrir et 31% que ces maladies se traitent facilement sans laisser aucune séquelle. Cette tendance à minimiser la souffrance est particulièrement prégnante au sein des personnes les plus âgées alors que les plus jeunes, qui s’estiment naturellement moins exposés à ces problèmes, livrent une perception beaucoup plus anxiogène de ces maladies. Ainsi, 81% d’entre eux estiment que les traitements sont contraignants contre 69% chez leurs aînés. De la même manière, ils ne sont que 14% à partager le sentiment d’une absence de souffrance dans ces situations contre 31% chez les personnes plus âgées. On relève un écart de perception similaire s’agissant de la facilité des traitements et de l’absence de séquelles (22% chez les jeunes contre 35% chez les plus âgés). Notons enfin que les personnes contraintes à un traitement chronique relativisent également davantage que la moyenne l’ensemble de ces aspects.

Pour une large majorité de Français (74%), les complications liées à de telles maladies peuvent être mortelles, quand 24% les jugent potentiellement graves. Les plus jeunes, les catégories aisées et les personnes proches d’un malade cardiaque sont les plus pessimistes, 79% et 81% d’entre eux envisageant la mort dans de telles situations (soit 5 à 7 points de plus que la moyenne), quand les seniors tendent une nouvelle fois à envisager les choses avec moins de gravité (33% estiment que les conséquences peuvent être graves, soit + 9 points par rapport à la moyenne).

Le premier facteur identifié par les Français à même de favoriser le développement de maladies cardiovasculaires est la consommation de tabac (44%) suivie des excès en général et de la négligence (41%). Le stress et la consommation d’alcool sont également pointés comme des facteurs aggravants mais dans une moindre mesure (24% et 21% respectivement).

Si la perception des causes est multiple, on remarque néanmoins que certaines d’entre elles sont minorées par une partie de l’opinion, révélant ainsi des besoins de pédagogie et d’information dans ce domaine. Ainsi, si l’hérédité est reconnue comme participant au développement de ces maladies (18%), de même que l’alimentation, notamment la consommation à forte teneur en sucre et en sel (14% respectivement), la précarité, la fatigue ou encore la qualité du sommeil sont faiblement perçus comme des facteurs de risques (1 à 2% seulement).

Sur ce point encore, les perceptions sont fortement corrélées à l’âge des interviewés. Les plus jeunes incriminent davantage l’alimentation quand les plus âgés focalisent plus que la moyenne sur le tabac (32% chez les moins de 35 ans contre 48% chez les 35 ans et plus). Au final, si les Français apparaissent sensibilisés à différents aspects des maladies cardiovasculaires (le fait qu’elles soient répandues, leur gravité et parfois l’issue fatale qui en découle), cette appréhension se révèle lacunaire sur bien des points. Une partie encore importante de l’opinion tend à sous - estimer les séquelles et la souffrance qui peuvent découler ou exister dans le cadre de telles pathologies. Une meilleure information permettrait sans doute de modifier à terme le rapport des Français à ces maladies d’une part et dans un cadre préventif les aider à mieux gérer les facteurs de risque en amont.

Des Etats Généraux à un Plan Cœur

Le temps presse, il faut d’urgence construire un Plan Cœur, à l’instar du Plan Cancer, qui a démontré son utilité. Pour cela, 22 organisations et réseaux (dont près de 500 000 patients à travers la France) et 2 partenaires publics se sont mobilisés. Les grands chantiers sont d’ores et déjà identifiés. Des débats participatifs en région et une plateforme consultative sur Internet enrichiront les réflexions tout au long de l’année 2012 et du premier semestre 2013.

Ce processus de « co-production » donnera lieu à un « Livre Blanc » à destination des pouvoirs publics. Ce sera alors la fin de cette grande consultation nationale de 5 ou 6 ans sur le grand enjeu de santé publique du début du XXIème siècle qui ne bénéficie pas encore d’une stratégie nationale et d’une mobilisation collective à sa mesure.

Les Etats Généraux vers un Plan Cœur s’achèveront fin 2013 avec la remise officielle de recommandations publiques dans un Livre Blanc, afin que l'Etat prenne les mesures qui s'imposent à travers un Plan Cœur. Dès les premiers débats se dessinent déjà des propositions concrètes.

Accident cardio-vasculaire : chaque minute compte !

Vous avez des douleurs ou une gêne dans la partie centrale de la poitrine, dans les bras ou l’épaule gauche, votre conjoint a un engourdissement brutal d’un côté du corps, a des difficultés à parler, n’hésitez plus, appelez directement le 15, ce peut être dans le premier cas un infarctus et dans le second un AVC. A partir de cet instant, chaque minute compte et l’objectif de tous va être de raccourcir au maximum le temps entre l’alerte et les premiers soins.

L’infarctus du myocarde est aujourd’hui un modèle dans la prise en charge. Grâce à un travail réalisé par les cardiologues et les urgentistes, les thérapeutiques de désobstruction peuvent être démarrées très précocement, parfois dans l’ambulance, à domicile et peuvent se poursuivre à l’hôpital. Ces techniques ont permis d’abaisser la mortalité de 50 % en dix ans ! Le modèle de l’infarctus du myocarde est appliqué aujourd’hui à l’accident vasculaire cérébral. Depuis quelques années, des unités neuro-vasculaires vont là encore appliquer une thérapeutique de désobstruction dans des délais extrêmement brefs. Il reste à multiplier ces unités pas encore assez nombreuses sur le territoire.

En revanche, en ce qui concerne l’arrêt cardiaque, pendant longtemps, nous avons été à 1 ou 2% de survie. On a un peu augmenté depuis une dizaine d’années ces taux de survie, mais on ne dépasse pas les 4 à 5 % en moyenne

Premières pistes d’amélioration :

- Introduction des défibrillateurs automatisés externes, accessibles au grand public,
- Information et formation à ces premiers gestes de secours dès la petite enfance,
- Accroitre le recours au 15,
- Créer des filières de soins spécialisées : centre d’accueil des douleurs thoraciques, unités neurovasculaires,
- Renforcer des mesures de prévention générale avec une meilleure alimentation et la suppression du tabagisme.

Exemple de la Finlande

La Finlande a mis en place depuis une quarantaine d’années des plans de prévention bien structurés, politiquement appuyés, qui ont permis à ce pays qui était à la pointe de la mortalité, de la morbidité cardiovasculaire à l’époque, de réduire de l’ordre de 50-60 % et la morbidité et la mortalité cardiovasculaire. Tout cela uniquement avec des modifications essentiellement alimentaires.

Cadre ou ouvrier : même combat face à la maladie !

Les inégalités sociales se traduisent au niveau de la santé malgré le système de santé universel. Il est nécessaire de réorienter le fonctionnement du système de soins en l’adaptant aux caractéristiques sociales des gens. Une des pistes est de déployer à grande échelle les consultations d’éducation thérapeutique. Les médecins et les paramédicaux ont leur représentation de santé, ils vont plus ou moins adhérer à cette démarche d’éducation thérapeutique. Le délai est souvent important entre le moment où le patient va rentrer dans le réseau. L’articulation ville-hôpital est quelque chose qui doit être développée. Beaucoup de patients ne voient pas l’intérêt de ces séances. On a vu la sensibilité à la glycémie, au cholestérol, à l’hypertension. Ce ne sont pas toujours les plus concernés qui viennent. C’est difficile à organiser et difficile à pérenniser.

Premières pistes d’amélioration :

- Développer l’éducation thérapeutique,
- Favoriser la circulation de l’information en s’appuyant sur le DMP (Dossier Médical Personnel),
- Développer la télé-cardiologie,
- Définir le rôle des associations de patients.

Les femmes, les grandes oubliées !

Les maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité chez la femme, doivent faire l’objet de mesures de prévention plus soutenues et plus précoces. Certains facteurs ou situations à risque sont soit plus délétères chez la femme (tabac, diabète, stress, fibrillation atriale…) soit spécifiques aux femmes (pré-éclampsie, diabète gestationnel, œstrogènes de synthèse). Le parcours de soins de ces patientes et leur traitement doivent être optimisés pour améliorer la prévention cardio-vasculaire. Le gynécologue et le médecin généraliste ont un rôle majeur dans la prévention primaire et secondaire cardiovasculaire aux 3 phases clés de la vie hormonale de la femme en insistant sur les effets particulièrement nocifs d’une mauvaise hygiène de vie. La mobilisation citoyenne est essentielle pour déclencher une prise de conscience de la population, des femmes en particulier et des professionnels de santé.

Premières pistes d’amélioration :

- Un bilan cardiovasculaire doit être envisagé devant tout symptôme, même atypique, et chez toute femme à risque même asymptomatique, surtout si elle souhaite reprendre une activité physique.
- La mesure de la pression artérielle en consultation et surtout par holter tensionnel sur 24 H est une porte d’entrée majeure sur l’évaluation du risque cardiovasculaire féminin.
- La contraception avec œstrogène de synthèse est contre-indiquée après 35 ans chez la femme fumeuse et doit faire envisager un autre mode de contraception.

*La Fédération Française de Cardiologie lutte contre les maladies cardiovasculaires depuis plus de 45 ans. Cette association financée uniquement grâce à la générosité du public, reconnue d’utilité publique depuis 1977 est présente partout en France. Elle a quatre missions : la prévention, la recherche en cardiologie, l’aide à la réadaptation des cardiaques et la promotion des gestes qui sauvent.

Article publié le 22/10/2012 à 08:00 | Lu 800 fois