Chocolat : des effets potentiellement neuroprotecteurs…

Les effets protecteurs du chocolat (cacao) sur le système cardiovasculaire sont plutôt bien documentés… Ils seraient dus aux flavonoïdes antioxydants. Mais en revanche, que sait-on des effets de ces flavonoïdes sur le cerveau et la cognition ? Le site Expression Santé* fait le point. Détails.


Les flavonoïdes** sont absorbés rapidement et retrouvés dans le sang dès 30 min après leur ingestion.
 
Ils traversent la barrière hémato-méningée et peuvent exercer des effets centraux. Ils augmentent le débit sanguin cérébral (DSC).
 
L’ingestion d’une dose unique ou un traitement d’une semaine avec du cacao riche en flavanol (900 mg/jour) augmente le DSC dans la matière grise et inverse le dysfonctionnement endothélial, avec un effet maximal 2 h après l’ingestion.
 
Peu de données sont disponibles sur les effets du chocolat ou du cacao sur les fonctions neuropsychologiques des individus sains. Une étude a montré l’amélioration des fonctions visuelles et cognitives, reflétant une augmentation de la motivation ou de l’attention, par la consommation des flavanols du cacao chez trente adultes en bonne santé recevant du chocolat contenant 520, 720 ou 994 mg de flavanol ou une quantité équivalente de chocolat blanc. La consommation de flavanols a réduit la fatigue ressentie et le niveau de stress induit par la tâche.
 
Par ailleurs, une étude récente sur 63 volontaires de 40 à 65 ans indique qu’après la consommation de flavanols du cacao (250 ou 500 mg vs un cacao pauvre en flavanols pendant 30 jours), l’amplitude des potentiels évoqués visuels était affectée dans les régions pariétales postérieures et centro-frontales pendant l’encodage mnésique, la mémoire de travail et la restitution de l’information, montrant une augmentation de l’efficacité de la mémoire spatiale par les flavanols du cacao.
 
Les mécanismes sous-tendant ces effets ne sont pas clairement identifiés. Chez le rongeur, l’épicatéchine stimule l’angiogenèse et accroît la rétention mnésique, la densité des épines dendritiques et l’expression des gènes liés à l’apprentissage dans l’hippocampe. Les aliments riches en flavonoïdes pourraient renforcer les connexions neuronales et la communication, donc augmenter la capacité d’acquisition mnésique, de stockage et de restitution.
 
Effets neuroprotecteurs potentiels des flavanoïdes

Déclin cognitif lié à l’âge
Via l’amélioration de la fonction endothéliale et la stimulation de l’angiogenèse, les flavonoïdes pourraient limiter la neurodégénérescence et prévenir, ou même retarder, le déclin cognitif lié à l’âge. Une étude sur 473 hommes âgés -dont 32 % avaient des fonctions cognitives altérées et 15% un déclin cognitif sur 4 ans- a montré une relation inverse entre la prise de flavonoïdes et le risque de déclin cognitif.
 
Dans l’étude PAQUID (Personnes Agées Quid) menée sur 1.640 sujets de 65 ans et plus, l’ingestion de flavonoïdes était associée à une meilleure performance cognitive de base et une meilleure évolution de la performance. Après dix ans de suivi, les sujets prenant le moins de flavonoïdes avaient un déclin cognitif de 57% plus rapide que ceux du quartile le plus élevé.
 
Une étude norvégienne sur 2 031 participants (70–74 ans) a montré que l’ingestion de flavonoïdes du chocolat, du vin et du thé induisait de meilleures performances cognitives qu’une non-consommation mais aucun nutriment/boisson étudié séparément n’avait d’effet.
 
Une étude récente montre que, chez des individus âgés de 72,9 ans en moyenne, la consommation de 1 200 mg de flavonoïdes par jour vs 26 mg pour les contrôles a amélioré l’attention, la mémoire et la performance cognitive en relation avec une augmentation de la vélocité artérielle du sang.
 
Seule une étude n’a observé aucun effet de la consommation sur 6 semaines de 37 g de chocolat noir associé à 237 ml de cacao ou de placebo chez 41 hommes et 60 femmes de plus de 60 ans sur les variables neuropsychologiques, hématologiques ou physiologiques.
 
Maladie d’Alzheimer
L’atrophie vasculaire cérébrale est un facteur de risque de Mild Cognitive Impairment (MCI), syndrome qui évolue souvent vers une maladie d’Alzheimer (MA). Les propriétés bénéfiques des flavanols sur la fonction cérébrovasculaire pourraient retarder l’évolution de MCI en MA. Un essai sur 1.367 sujets de plus de 65 ans (66 ont développé une démence) montre, après ajustement pour l’âge, un risque relatif de développer une démence réduit de 45% pour les consommations de flavonoïdes les plus élevées comparées aux plus faibles. Après un ajustement pour le sexe, le niveau éducatif, le poids et la vitamine C, le risque relatif est de 0,49. Des études spécifiques au cacao/chocolat restent nécessaires.
 
AVC
Une analyse de trois études sur 114.009 participants fait état d’une réduction de 29% du risque d’AVC chez les gros consommateurs comparés aux faibles consommateurs de chocolat. L’association inverse entre chocolat et AVC est même plus marquée que pour l’infarctus du myocarde. Récemment, chez les 31 035 femmes de la Swedish Mammography cohort, une relation inverse a été observée entre la capacité antioxydante totale provenant de l’alimentation (fruits, légumes, thé, café, chocolat) et l’AVC chez les femmes sans et avec un risque cardiovasculaire (respectivement 17 et 45% de réduction de risque).
 
Les mécanismes d’action des flavonoïdes du chocolat au niveau du cerveau sont mal compris. On considère qu’ils ont la capacité de neutraliser les radicaux libres ou d’influencer le statut redox intracellulaire. Cependant, leurs concentrations cérébrales sont faibles et leurs effets seraient plutôt liés à la protection de neurones vulnérables et à la stimulation de la fonction cérébrale permettant de contrecarrer les dommages neuronaux et de retarder la progression de la pathologie.
 
Le cacao et le chocolat contiennent un pourcentage élevé de flavonoïdes qui ont des actions bénéfiques sur le cerveau. Ils augmentent le débit sanguin cérébral et améliorent l’humeur, la fonction cérébrale et les performances cognitives. Ils pourraient prévenir le déclin cognitif normal lié à l’âge et diminuer le risque de maladie d’Alzheimer et d’AVC.
 
*Sous la direction d’Astrid Nehlig (Directrice de recherche, Inserm U663, Hôpital Necker, Paris)
**Les principaux flavonoïdes proviennent du cacao, du vin, du raisin, des baies, des fruits, des tomates et du soja.


Publié le 10/02/2014 à 09:00 | Lu 1882 fois