Automnes de Christine Jordis (livre)

Albin Michel a publié en septembre dernier, un superbe texte de Christine Jordis, intitulé « Automnes, plus je vieillis, plus je me sens prête à vivre ». Dans cet ouvrage, l’auteur aborde la vieillesse et ses conséquences en toute lucidité. A lire.





Automnes de Christine Jordis
De nos jours, de nombreux ouvrages, romans, essais ou autres, abordent le thème de la vieillesse. Normal, il s’agit là d’un reflet de notre temps et surtout de cette société qui vieillit, de ce monde de plus en plus peuplé de seniors et de personnes âgées.
 
Parmi les ouvrages publiés ces derniers temps, celui de Christine Jordis, sobrement intitulé Automnes, sort du lot. Bernard Pivot évoquait récemment dans une chronique, « un essai magistral (…) qui ne reflète cependant pas la combativité, l'âpre sincérité, parfois la virulence d'un livre qui n'est pas de la tisane pour maisons de retraite ».
 
Extrait :
« La vieillesse », dit-on, comme s’il n’y en avait qu’une ! En réalité, il y en a plusieurs. À chacun de trouver la sienne. Mais la société a posé un chiffre sur vous, comme un dossard sur le dos d’un coureur. Le chiffre fait loi. Vous l’atteignez : vous voilà dans une case ou dans une cage… 
 
Rassurez-vous, tout n’est pas perdu. Vous constituez un marché rentable. On va s’occuper de vous. Vous choyer. Vous solliciter. Les profiteurs sont maintenant lancés à vos trousses, prêts à tout pour vous convaincre et vous vendre leur camelote. Vous voilà prisonniers de l’idéologie ambiante, fin prêts pour la consommation.
 
Mais le droit à la désobéissance existe. Alors, laissez-là les pièges et les mensonges de la société. Prenez la clé des champs. Vivez votre âge comme vous l’entendez. Non comme une course après la jeunesse qui s’enfuit, mais comme l’apprentissage d’une nouvelle aventure et la poursuite de votre voyage intérieur. En lisant, en rêvant, en vous promenant dans la compagnie des sages.
 
Un livre indispensable dans ce monde où le « le racisme de l'âge » (âgisme) s'est aggravé et où les jeunes générations n'ont plus beaucoup de respect pour les anciens. Un livre et une femme qui se moquent des jolis termes comme seniors, personnes âgées, quatrième âge et qui rigole de la représentation des fringants ainés dans notre société (afin de les faire consommer plus), mais également une femme qui affirme haut et fort que la vieillesse lui a apporté une liberté insoupçonnée : « plus je vieillis plus je me sens prête à vivre » indique le sous-titre de l’ouvrage… La vieillesse entrainant une sorte de détachement qui rend plus libre de vivre.  
 
Automnes Christine Jordis, Albin Michel, 288 p., 19,50 euros.

Article publié le 05/12/2017 à 01:00 | Lu 1746 fois