Alors, raconte-nous… Parce qu’il n’est jamais trop tard pour écrire le livre de sa vie

La jeune société Alors, raconte-nous… propose à des personnes âgées de raconter l’histoire de leur vie afin de la publier dans un livre qui pourra être transmis à la famille et aux proches de cet aîné qui livre ses souvenirs, ses expériences, ses joies, ses peines, etc. Exemple avec Alice, une Castelviroise de 97 ans et demi.


Cela faisait un moment qu’Alice égrenait ses souvenirs, au hasard de la conversation.

Depuis sa naissance en 1913 dans un village du nord de l’Italie, elle en a vécu des événements : les débuts de l’aviation, la manufacture de tissage à douze ans, la crise de 1929, le chômage, l’arrivée à Viry-Châtillon pour rejoindre son père, ouvrier à l’usine à gaz…

La peur de l’expulsion jusqu’à la naturalisation en 1939. Témoin précieux du Viry d’avant-guerre, Alice raconte la vie au Vieux-Colombier, entassés à quatre dans une seule pièce. Ses premiers emplois à Ris-Orangis, au restaurant « La Petite Chaumière » ; puis bonne à tout faire chez le Dr Perrier, avant de partir à Paris chez « des gens d’église, sévères avec leurs huit enfants. » En 1936, elle entrera comme femme de service au Sanatorium des Cheminots à Champrosay où elle travaillera pendant onze ans.

Quand les Allemands arrivent à Viry, l’histoire d’Alice croise la Grande Histoire. La route nationale s’affaisse sous le poids du troupeau humain en exode. La faim tenaille les ventres pendant que l’occupant canote joyeusement sur les fouilles en eau.

Le bombardement du « Sana » et la grotte salvatrice. Son premier mari, tué dans les Ardennes : « A peine mariée, j’étais déjà veuve de guerre… ». Enfin, l’union avec Marcellin, le bougnat de Viry et le bonheur de la naissance de Madeleine.

De ses souvenirs, Alice a décidé de faire un livre. Pour cela, elle s’est tournée vers Sylvie Labansat, qu’une cousine avait remarquée lors d’une conférence. La nonagénaire lui a confié ses souvenirs lors d’entretiens enregistrés. De son côté, la biographe a effectué un certain nombre de recherches complémentaires pour étoffer les propos de la vieille dame.

Le livre, tiré à vingt exemplaires, est strictement réservé aux proches. Il est accompagné d’un CD qui contient des photos, des actes d’état-civil et les enregistrements réalisés pendant plus de deux mois. Un héritage à transmettre à Maude et Maxime, les arrières petits-enfants d’Alice.

Alice aujourd’hui…

Alors, raconte-nous… Parce qu’il n’est jamais trop tard pour écrire le livre de sa vie
Elle vit toujours chez elle, aidée par une employée marocaine à qui elle a fait découvrir la polenta. Madeleine veille attentivement et vient voir sa mère tous les jours.

Curieusement, les volets d’Alice sont ouverts en alternance : un jour le droit, le lendemain le gauche « pour faire travailler ma tête. » Avec le retour du printemps, Alice s’affaire au jardin. Mais de temps en temps, ses genoux et son dos la font souffrir. Tout de même…

Sous la véranda, des bassines et seaux remplis à ras bord : c’est de l’eau de pluie. Parce qu’elle lave mieux. Une machine à laver ? Alice en a eu mais elle les a données toutes les deux : « J’ai toujours fait bouillir mon linge dans une lessiveuse. Parce que les machines… pour sortir le linge propre, il faudrait le mettre propre. J’avais des bras et de la force. Le travail, je ne connais que ça. »

Pour finir, Alice, vous vous sentez plutôt italienne ou française ? « Française. Je suis française. L’Italie, c’est loin. Mais c’était bien : si on avait eu du travail, on serait bien resté… »

Alors, raconte-nous…
Sylvie Labansat
06 62 78 32 75
alorsracontenous@free.fr
alorsracontenous.free.fr

Publié le 01/06/2011 à 09:01 | Lu 3574 fois