4ème campagne nationale de dépistage du Glaucome à partir du 6 mars

Le 6 mars 2008, à l’occasion de la 1ère journée Mondiale du glaucome, la Société Française du Glaucome (SFG), en association avec la Société Française d’Ophtalmologie (SFO) et avec le soutien des Laboratoires Alcon, donne le coup d’envoi de la 4ème Campagne nationale « Préservez votre vue ! » : du 6 mars au 12 avril 2008, un centre itinérant stationnera dans onze villes de France et proposera au public des informations et un dépistage gratuit du glaucome.


4ème campagne nationale de dépistage du Glaucome à partir du 6 mars
Pour cette 4ème édition, la campagne invite à prendre conscience des effets de la maladie au quotidien, à travers l’exemple de la conduite automobile avec un glaucome. Conduire est une situation de la vie courante qui sollicite la vision périphérique. Dans ce contexte, le centre itinérant d’information et de dépistage, disposera d’un simulateur qui donnera au public la possibilité d’expérimenter l’évolution de la maladie.

Trois écrans pour modéliser la vision panoramique, un volant, une pédale d’accélérateur, une pédale de frein et le public sera plongé dans la circulation d’un centre ville. Les premières secondes, la vision sera normale puis progressivement, le champ de vision latérale rétrécira

Rappelons que le glaucome est une maladie du nerf optique, liée le plus souvent à une augmentation anormale de la pression oculaire. Au début de la maladie, la personne atteinte ne présente aucun symptôme, ni douleur ni perte de vision. Le premier signe clinique du glaucome est une altération de la vision périphérique. Quand le champ visuel diminue, il est trop tard : la vision perdue ne peut pas être regagnée. Les causes précises de la maladie n’étant pas connues, on ne peut pas en guérir, mais on sait l’empêcher de progresser et de s’aggraver.

A partir de 45 ans (40 ans si un membre de la famille en est atteint), un dépistage régulier est primordial. Seul un bilan ophtalmologique permet de faire le diagnostic du glaucome et de le prendre en charge à temps, pour ne pas risquer de devenir aveugle. Lorsque le glaucome est dépisté précocement, son évolution peut être contrôlée grâce à des traitements appropriés (collyres, laser, chirurgie). Les traitements actuellement disponibles visent à faire baisser la pression intraoculaire, afin de préserver la vision restante.

En 2006, un million de Français étaient traités pour un glaucome, mais 400.000 autres en seraient atteints sans le savoir. Le glaucome serait responsable en France de 10 à 15 % des cas de cécité ou de basse vision, soit environ 15 000 cas. .../...

« Préservez votre vue ! » : bilan 2007

Du 3 avril au 5 mai derniers, trois centres itinérants d’information et de dépistage du glaucome s’étaient déplacés simultanément dans 24 villes françaises.

- Plus de 14 000 visiteurs ont été sensibilisés ;
- 5 930 personnes ont été dépistées ;
- 1 990 cas suspects ont été recensés.

Le circuit 2008 de la campagne « Préservez votre vue ! »

• 6, 7 et 8 mars à Paris, Place de la Sorbonne
• 11 et 12 mars à Strasbourg, Place Broglie
• 14 et 15 mars à Toulouse, Place du Capitole
• 18 et 19 mars à Lyon, Place Carnot
• 21 et 22 mars à Grenoble, Place André Malraux
• 25 et 26 mars à Clermont-Ferrand, Place Gambetta
• 28 et 29 mars à Bordeaux, Place de la Victoire
• 1 et 2 avril à Nice, Promenade des Anglais
• 4 et 5 avril à Nantes, Place de Bretagne
• 8 et 9 avril à Brest, Place de Strasbourg

Lors de cette campagne de prévention, deux examens sont réalisés par un « tandem » ophtalmologiste–orthoptiste : d’une part, la mesure de la tension oculaire ou tonométrie, qui permet de mettre en évidence le principal facteur de risque de développer un glaucome : l’hypertonie (élévation de la tension ou pression oculaire) ; et d’autre part, la mesure du champ de vision ou périmétrie, qui détecte les éventuelles pertes de vision.

Chaque visiteur repart avec le livret d’information « Préservez votre vue ! » qui explique ce qu’est le glaucome, comment se déroulent le diagnostic et la surveillance, quelles sont les conséquences et les solutions thérapeutiques.

Les informations concernant cette maladie sont également disponibles tout au long de l’année sur le site Internet www.preservezvotrevue.fr et en composant le N° Vert : 0 800 603 660.

Le glaucome : qu’est-ce que c’est ?

Le glaucome est une maladie qui altère le nerf optique et dont l’évolution peut être chronique ou aiguë. Le plus souvent, le glaucome est associé à une tension oculaire élevée (hypertonie). L’œil est rempli dans sa partie antérieure d’un liquide transparent, l’humeur aqueuse.

L’humeur aqueuse est évacuée au niveau de l’angle irido-cornéen (entre l’iris et la cornée), par un filtre appelé le trabéculum. Ce flux régulier de liquide à l’intérieur de l’œil permet d’assurer une pression oculaire normale. En cas de glaucome, c’est le déséquilibre entre la production et l’écoulement de l’humeur aqueuse qui va provoquer l’hypertension à l’intérieur de l’œil.

On ne peut pas parler de glaucome chez une personne ayant une hypertonie oculaire si les deux autres signes caractéristiques ne sont pas associés : l’atrophie du nerf optique et l’altération du champ visuel.

Existe-t-il plusieurs types de glaucome ?

Les glaucomes à angle ouvert sont les glaucomes les plus fréquents et on estime qu’environ 800 000 personnes sont touchées en France. Cette maladie qui peut conduire à la cécité si elle n’est pas traitée à temps, est redoutable car elle ne provoque aucune douleur ni baisse de l’acuité visuelle au départ. On comprend donc la nécessité d’un dépistage précoce que seul un examen auprès d’un ophtalmologiste permet d’assurer.

Les glaucomes par fermeture de l’angle ou glaucomes aigus concernent 5% des cas. Ils se révèlent de façon violente et douloureuse par des maux de tête, des douleurs oculaires, des nausées, une rougeur des yeux. Dans ce type de glaucome, la pression oculaire s’élève rapidement. Ils constituent une urgence thérapeutique qui nécessite un traitement médical immédiat. S’il n’est pas opéré à temps, le glaucome aigu peut rendre aveugle en 48 heures, alors que prise en charge à temps, la maladie est réversible.

Quels sont les symptômes associés aux glaucomes ?

Initialement asymptomatique pendant dix ou vingt ans, les premiers signes cliniques liés au glaucome sont une perte de la vision périphérique, et à un stade avancé, une cécité irréversible. Cette maladie peut se développer dès 40 ans sans douleurs ni perte de vision. Lorsque le champ visuel commence à être atteint, c’est-à-dire quand la personne constate des zones de déficience dans sa vision, il est trop tard. La vision qui a été altérée ne pourra jamais être regagnée.

La baisse d’acuité visuelle peut être brutale, (comme dans une occlusion veineuse liée au glaucome) ou plus progressive (comme dans les glaucomes avancés). La plupart du temps la vision centrale est épargnée.

L’atteinte du champ visuel est rarement ressentie comme une amputation du champ de vision mais plutôt comme un flou bien décrit par les patients.

Comment diagnostique-t-on un glaucome ?

Comme il n’existe aucun signal d’alerte permettant de déceler le glaucome, il est important de pratiquer des tests de dépistage systématique, surtout en cas d’antécédents familiaux de la maladie. Seul un ophtalmologiste pourra déceler la présence d’un glaucome et, dans ce cas, préciser son type et déterminer le traitement.

Quatre examens rapides et non douloureux permettent de diagnostiquer un glaucome et de mesurer son étendue :

La gonioscopie : ou mesure de l’angle irido-cornéen, pour déterminer le type de glaucome.

Le champ visuel ou périmétrie pour mesurer l’étendue du champ visuel et des éventuelles pertes de vision.

La prise de tension oculaire ou tonométrie pour mesurer la pression oculaire.

Le fond d’œil qui permet d’observer le nerf optique pour déterminer les éventuelles lésions.

Y a-t-il eu des progrès en matière de dépistage ?

Le glaucome peut être facilement dépisté. C’est pourquoi il ne faut pas attendre que des signes perçus par le patient (douleur ou baisse de la vision) ne surviennent. Il est nécessaire de contrôler la pression oculaire, le nerf optique et en cas de doute mesurer le champ visuel. Les progrès en matière de dépistage sont liés à l’utilisation de tests très rapides pour réaliser ces examens.

Quels sont les facteurs de risques du glaucome ?

Le risque de développer la maladie augmente avec l’âge : 10% des personnes de plus de 70 ans sont touchées. Mais l’hérédité joue aussi dans le développement de la maladie : 20 à 30% des cas de glaucome sont héréditaires. Par ailleurs, l’ethnie (les populations d’origine africaine et asiatique sont plus exposées) et la myopie sont autant de facteurs de risque du glaucome chronique.

Quels sont les traitements possibles ?

Il existe trois options pour traiter le glaucome :

- Les collyres permettent de stabiliser la pression oculaire. Ils doivent être administrés directement dans l’œil une à plusieurs fois par jour, à heures fixes.

- Le traitement par laser peut être envisagé pour diminuer la production de liquide ou faciliter son évacuation. Cette opération n’est pas définitive, si la pression oculaire remonte il faudra recommencer.

- La chirurgie peut être pratiquée, si les collyres ou le laser ne donnent pas de résultat probant. C’est une chirurgie dite filtrante car on crée une soupape qui facilite le drainage du liquide.

Quel que soit le traitement prescrit, une surveillance régulière par l’ophtalmologiste s’impose. Toutes ces techniques ne permettent pas de recouvrer la vision perdue mais préviennent les pertes futures.

Où en est la recherche et que peut-on attendre dans un futur proche ?

Le but de toute thérapeutique est de contrôler et stabiliser la maladie. On ne peut pas guérir d’un glaucome et l’atteinte du champ visuel est malheureusement irréversible : ce qui est perdu est perdu. Cependant on peut suspendre l’évolution du glaucome et la stratégie actuelle consiste à diminuer la pression oculaire afin que le champ visuel reste stable, empêchant ainsi la survenue d’un handicap visuel gênant dans la vie quotidienne.

Deux axes de recherche sont prometteurs :

• Le développement de médicaments qui abaissent encore mieux la pression intraoculaire. Un effort particulier est fait pour simplifier et adapter le rythme d’instillation des collyres aux patients. Actuellement les collyres s’instillent au minimum une fois par jour. On peut espérer que d’ici peu, ils ne s’instillent plus que mensuellement, voire moins fréquemment.

• La protection directe du nerf optique contre le glaucome. Dans un futur que l’on espère proche, nous disposerons de médicaments capables de protéger le nerf optique contre l’hypertension oculaire. Dans un avenir plus lointain, ces médicaments pourraient régénérer ce nerf optique et donc faire régresser les signes de la maladie.

Pourquoi l’observance du traitement est-elle une nécessité ?

Longtemps asymptomatique dans la majorité des cas, le glaucome soulève donc le problème du respect du traitement prescrit par l’ophtalmologiste. Le but de la prise en charge doit être parfaitement assimilé par les malades, la qualité de vie implique un champ visuel altéré au minimum qui lui-même dépend du respect du traitement par le patient.

Le patient doit bénéficier d’une information claire concernant les raisons des décisions thérapeutiques prises. Il est important de responsabiliser le patient et de le rendre actif contre sa maladie. Cette maladie n’est pas anodine, elle touche l’un des cinq sens et est pour beaucoup de patients synonyme de perte d’autonomie et source de stress.

L’éducation et la sensibilisation des patients est un élément majeur de la prise en charge d’une personne atteinte d’un glaucome et influence son avenir. Cet effort est à renouveler en permanence car il a tendance à diminuer avec le temps.

Le traitement du glaucome est contraignant puisqu’il s’agit d’un traitement à vie. Le plus difficile pour le patient est d’admettre qu’il faut continuer à se battre contre une maladie pour laquelle on ne ressent aucun symptôme, aucune douleur. Beaucoup de malades arrêtent ou oublient leur traitement pour cette raison, alors que justement l’efficacité même de ce traitement dépend de son observance.

Qu’est-ce qu’un glaucome à pression normale ?

La plupart des glaucomes s’accompagnent d’une pression intraoculaire (PIO) élevée, c’est-à-dire supérieure à 21mmHg. Mais la simple mesure de la PIO ne permet pas de définir s’il y a présence ou non d’un glaucome. Un nombre important de personnes ont une pression oculaire élevée mais ne présentent aucun signe de la maladie. On préconise alors une surveillance régulière mais pas de traitement.

A contrario, certaines ont une pression oculaire ne dépassant jamais le seuil fatidique des 21mmHg et qui pourtant ont tous les signes du glaucome, c’est ce que l’on appelle un glaucome à pression normale. On dépiste ces glaucomes en examinant le nerf optique par un examen du fond d’œil et l’étendue du champ visuel par une périmétrie.

Dans le cas d’un glaucome à pression normale, le traitement consistera à faire baisser la pression oculaire à un niveau plus faible que la moyenne.

Le glaucome représente t-il un risque pour la conduite ?

Dans la plupart des cas, le patient atteint de glaucome peut conduire. Cependant, lorsque le glaucome est très évolué, c’est-à-dire lorsque le champ visuel est très réduit, la conduite devient difficile, voire impossible. Heureusement, peu de patients arrivent à ce stade très évolué. L’ophtalmologiste conseillera toujours la prudence pour soi-même et autrui, même si la décision de conduire ou non appartient au patient.

Un patient dont le champ visuel est déjà atteint, s’en rend-il forcément compte ?

Le glaucome touche généralement les deux yeux mais le plus souvent de façon asymétrique, c’est-à-dire que les deux yeux sont touchés mais de manière inégale. L’œil qui voit mieux va compenser le déficit de l’autre. Par conséquent beaucoup de patients ne s’aperçoivent pas qu’ils ont une anomalie et ce n’est qu’en cachant le bon œil qu’ils peuvent se rendre compte de la déficience de l’autre.

Dans la plupart des cas, le glaucome ne provoque pas de handicap visuel qui pourrait gêner lourdement la vie courante. Autrefois le glaucome était synonyme de cécité et les interventions chirurgicales risquées et peu efficaces. Aujourd’hui, le glaucome est reconnu comme maladie chronique pour laquelle il existe des traitements efficaces : les collyres sont mieux adaptés et mieux tolérés, les techniques chirurgicales sont de plus en plus précises.

Y a-t-il une corrélation entre pression artérielle et pression intraoculaire ?

La pression artérielle n’a rien à voir avec la pression oculaire. Cependant il est fréquent qu’un patient ayant un glaucome présente également une hypertension artérielle, car la régulation de la pression oculaire a des points communs avec celle de la pression artérielle. Attention, les médicaments contre la pression artérielle (les anti-hypertenseurs) n’ont pas d’effet sur la pression oculaire, qui nécessite donc une prise en charge particulière.

Et entre diabète et glaucome ?

Lorsqu’un patient glaucomateux souffre de diabète, l’ophtalmologiste bien évidemment encourage son patient à équilibrer son diabète. Toutefois rien ne démontre que le diabète soit un facteur favorisant ou aggravant du glaucome.

L’environnement et le mode de vie ont-ils une influence sur la survenue du glaucome et son évolution ?

D’une façon générale, le médecin conseille à tout patient d’observer une hygiène de vie la plus saine possible, mais en matière de glaucome il n’y a pas de recommandation spécifique. Aucune vitamine ni traitement homéopathique n’a jamais fait la preuve d’une efficacité quelconque vis-à-vis du glaucome.

Le glaucome est-il une maladie anxiogène et doit-on prendre en charge psychologiquement le patient ?

Le glaucome est effectivement une maladie anxiogène. Nous avons mené une étude* chez 500 patients à qui on avait annoncé qu’ils avaient un glaucome. Dans l’année qui a suivi, 10% d’entre eux ont été amenés à prendre des anti-dépresseurs. L’anxiété du patient est essentiellement liée à l’évolution de la maladie et à la peur de devenir aveugle. Il est alors important de prendre en charge psychologiquement le patient. Mais c’est à l’ophtalmologiste d’assurer cette prise en charge, car il est le mieux placé pour expliquer ce qu’est le glaucome et la nécessité de bien suivre le traitement prescrit.

*Etude parue dans Le Journal Français d’Ophtalmologie, octobre 2002, N° 8, Volume 25, pp 795-798, Nadine Hamelin & Coll. Comment les patients réagissent-ils à la découverte d’un glaucome ?

Publié le 03/03/2008 à 14:18 | Lu 10130 fois