1964 - 2014 : cinquante ans de lutte cardiovasculaire avec la FFC

Alors que la Fédération Française de Cardiologie (FFC) célèbre cette année ses cinquante de lutte contre les maladies cardiaques, revenons avec elle, sur cinq grand progrès qui ont marqué l’histoire de la cardiologie. De la première greffe cardiaque au premier coeur artificiel, la bataille continue…


Des chirurgies moins invasives, des nouveaux traitements…
 
Les progrès techniques en cardiologie ont contribué avec la prévention à réduire la mortalité cardiovasculaire de moitié en vingt-cinq ans.
 
1958 : première implantation d’un stimulateur cardiaque

Le pacemaker est l’une des avancées thérapeutiques majeures de ces 5 dernières décennies. Il a révolutionné le monde de la médecine cardiaque.
 
Le premier pacemaker est implanté en octobre 1958 à Stockholm sur un homme de 45 ans. Il est le fruit d’une collaboration de deux médecins, les docteurs Elmqist et Ake Senning. Mais la source d'énergie provenait d'une pile nickel-cadmium qui impliquait un continuel rechargement de l’extérieur. En 1960, une amélioration sur ce point est apportée par l’inventeur américain Wilson Greatbach. Les piles des stimulateurs cardiaques sont désormais dotées de zinc d'oxyde mercurique permettant une augmentation de la durée de fonctionnement jusqu’à 14 mois.
 
Dans le monde, plus de 4 millions de personnes portent un pacemaker ou un autre appareil similaire dédié à la gestion des troubles de la conduction ou du rythme cardiaque et ce sont près de 700 000 nouveaux patients qui reçoivent un appareil de ce type chaque année. En France, 65 000 pacemakers sont implantés annuellement.
 
1977 : première angioplastie coronaire

C’est en 1964 qu’a eu lieu la première angioplastie percutanée transluminale par le radiologue américain Melvin Judkins. Celle-ci est réalisée au niveau de l'artère poplitée sur une jeune patiente atteinte de gangrène. Le Dr Judkins est également à l’origine de la technique de re-canalisation des artères périphériques qui consiste à enfiler successivement des cathéters d’un diamètre de plus en plus important dans les artères défectueuses .
 
En 1970, l’angioplastie commence réellement à se développer grâce aux travaux du cardiologue Allemand Gruentzig qui optimise la technique de dilatation par ballonnet. L'équipe d'Andreas Gruentzig, après les excellents résultats obtenus au niveau des artères iliaques, fémorales et poplitées, met en pratique cette technique avec succès sur d'autres artères, notamment les artères coronaires (1977) et rénales (1978).
 
1986 : première mise en place de stent intracoronaire au monde

Les premiers stents coronaires, appelés WallStent conçus par Medinvent, sont implantés chez l’homme à Toulouse en mars 1986 par le docteur Jacques Puel et à Lausanne par le docteur Ulrich Sigwart. En 1988, les stents deviennent articulés grâce aux travaux de la société Palmaz-Schatz. Suite à l’accord de la Food & Drug Administration (FDA), le stent Gianturco Roubin, aéré et très flexible, est implanté dans le cas de complications graves d’angioplastie.
 
Compte tenu des thromboses subaiguës qu’ils provoquent, l’utilisation des stents reste limitée. Les docteurs Roubin et Schatz qui préconisent l’utilisation d’un traitement anticoagulant après implantation, ainsi que la prescription d’Aspirine, Persantine, vitamine K et héparine intraveineuse pendant plusieurs jours. Paul Baragan, de Marseille, est à l’origine de l’utilisation de la ticlopidine pour éviter la thrombose de stent, ce qui a permis la diffusion de cette technique.
 
2002 : Valve aortique percutanée, une technique innovante

Le rétrécissement de la valve aortique est une maladie cardiaque très fréquente et grave qui ne peut être traitée que par remplacement de la valve malade par une nouvelle valve. Ceci nécessite une opération chirurgicale lourde, à coeur ouvert. Régulièrement pratiquée (150 000 cas par an), celle-ci donne d'excellents résultats, mais les risques peuvent être considérés dans un tiers des cas comme trop élevés.
 
Ces nombreux malades, souvent âgés, qui ne sont pas considérés comme de bons candidats à ce type de chirurgie cardiaque, sont de ce fait condamnés à court terme. Pour pallier cette situation, l'équipe du Pr Cribier du CHU de Rouen a initié dès 1985 la technique dite de "dilatation valvulaire aortique au ballonnet" qui a connu un grand succès mais qui s'est révélée insuffisante pour le maintien de bons résultats à long terme. Après 20 ans de recherche en laboratoire et chez l'animal, une valve aortique artificielle est développée par la même équipe. Celle-ci peut être implantée sans chirurgie cardiaque, par simple cathétérisme cardiaque sous anesthésie locale.
 
En avril 2002, le Pr Cribier, chef du service du CHU de Rouen, toujours aux avant-postes du progrès, réalise en première mondiale l'implantation d'une valve cardiaque par voie non chirurgicale. La technique d'implantation par voie fémorale consiste à introduire la valve dans l'artère au pli de l'aine. Celle-ci est ensuite poussée jusqu'au coeur sous contrôle radiologique, positionnée à l'intérieur de la valve aortique malade, puis libérée par gonflage d'un ballonnet sur lequel elle a été préalablement sertie. Une fois en place, le flux sanguin peut à nouveau s'écouler normalement à travers cette prothèse valvulaire, aboutissant à la guérison du patient. Depuis 2002, cette technique connait un véritable engouement international qui bénéficie chaque année à plusieurs milliers de patients.
 
2013 : coeur artificiel Carmat

Suite à quinze années de recherche, le professeur et cardiologue Alain Carpentier se lance, en 1993, dans la création du coeur artificiel CARMAT en s’associant à MATRA, industrie spécialisée dans l’aéronautique et le spatiale. Entre 1995 et 2004, le premier prototype de 1900g est mis au point, puis un autre de 1200g et enfin un prototype de 900g en 2008.
 
Le projet CARMAT grâce à l’intérêt majeur qu’il suscite bénéficie d’une subvention de 33 millions d’Euro émanant d’Oséo. Ce soutien constitue le plus important investissement jamais accordé à une PME par cette banque publique de financement de l’innovation. En 2011, les tests précliniques se poursuivent et aboutissent à la réussite de plusieurs implantations sur le veau, ce qui permet à la société CARMAT d’obtenir un avis favorable du Comité de Protection des Personnes et de réaliser ses premiers essais cliniques en France et en Europe. C’est ainsi que le 18 décembre 2013, le premier coeur CARMAT est implanté avec réussite chez l’homme.
 
La société CARMAT représente un « espoir » pour la grande majorité des patients en insuffisance cardiaque invalidante et qui ne peuvent bénéficier d’une transplantation cardiaque.
 
Les maladies cardiovasculaires, avec plus de 400 morts par jour, demeurent aujourd’hui la première  cause de mortalité chez la femme et la deuxième chez l’homme juste après le cancer.

Publié le 26/02/2014 à 04:00 | Lu 1121 fois