Trop de médicaments peuvent tuer les patients âgés

Ce n’est pas un scoop. De nombreuses études internationales ont déjà mis en avant le fait que beaucoup de personnes âgées prennent plusieurs médicaments en même temps et que cette « polymédication » peut entrainer de graves problèmes de santé, voire même des accidents sévères et la mort… Cette nouvelle enquête de 60 millions de consommateurs enfonce le clou. Détails.





Les personnes âgées souffrent des effets du vieillissement physiologique et de pathologies diverses : cardiaques, rénales, métaboliques, ostéo-articulaires, neuropsychiques, etc. Naturellement, la gravité de ces maux est variable en fonction des ainés et peut donner lieu à des prescriptions médicales indépendantes les unes des autres (médecin généraliste, spécialiste).
 
Or, c’est bel et bien cette multiplication de prescriptions qui est susceptible d’engendrer une polymédication qui peut induire des effets indésirables potentiellement graves, entrainer des hospitalisations voire même des décès…
 
C’est dans ce contexte que 60 millions de consommateurs* s’est intéressé à cette problématique qui ne va faire qu’augmenter dans les années à venir du fait même du vieillissement de la population. Les ainés sélectionnés ont consommé au moins sept médicaments différents au cours des trois mois de l’étude. Pour la majorité de ces patients polymédiqués, la consommation de médicaments atteint des seuils autrement plus élevés puisque, en moyenne, ils prennent de façon continue… plus de quatorze traitements différents !
 
En étudiant les types de médicaments les plus souvent dispensés, sont sur-représentées des classes thérapeutiques dans lesquelles on retrouve des traitements prescrits pour traiter des maladies chroniques. Problème : certains de ces médicaments essentiels sont souvent impliqués dans la survenue d’accidents graves. A titre d’exemple ? Les psychotropes, les antihypertenseurs, les antidiabétiques oraux ou encore des anti-thrombotiques (prescrits notamment pour prévenir ou traiter la formation de caillots sanguins).
 
Selon les résultats de l’étude de 60 millions, « les causes de ces accidents médicamenteux sont diverses ». Il peut bien évidemment s’agir d’interactions entre les principes actifs ou d’un dosage qui n’est pas ou plus adapté au patient. Dans tous les cas, il convient de rappeler que la sensibilité des sujets âgés aux effets des médicaments est souvent accrue. « Ce sont tous ces paramètres qui doivent être pris en compte pour juger du rapport bénéfices / risques de chaque médicament inscrit sur une ordonnance, a fortiori quand la liste est longue » rappelle à juste titre le communiqué de 60 millions.
 
Chutes, accidents hémorragiques, hospitalisations... les accidents liés à la prise de médicaments peuvent s’avérer extrêmement sévères. L’Assurance maladie estime qu’ils occasionnent 130.000 hospitalisations et 7.500 décès par an chez des personnes de 65 ans et plus (données citées dans le Rapport Charges et produits pour l'année 2018 de l’Assurance maladie). Si la polymédication chez les seniors est souvent nécessaire, le risque médicamenteux n’est pas une fatalité et peut être contrôlé.
 
*L’étude a été commandée à Open Health, une société spécialisée dans la collecte et l’analyse de données de santé. Elle a été menée du 01/09/2016 au 30/11/2016, auprès de 154.304 personnes, âgées de 65 et plus, qui faisaient l’objet d’une dispensation comprenant au moins sept médicaments différents. Les dispensations étaient effectuées dans 2.670 officines établies en milieux urbains et ruraux.

Article publié le 25/09/2017 à 01:00 | Lu 1395 fois