Théâtre Michel : un vent de fraicheur dépoussière Marivaux

C’est entendu. Depuis Sofia Coppola et son film « Marie Antoinette », la pop et le dix-huitième siècle font maintenant bon ménage. On en trouve une nouvelle illustration dans la production du Jeu de l’Amour et du Hasard, de Marivaux, par la Compagnie La Boîte aux Lettres, jouée en ce moment au Théâtre Michel à Paris.





La pièce, créée en 1730, met en scène valets et gens de condition qui, en vue du futur mariage des deux jeunes maîtres, ont imaginé chacun de leur côté d’inverser leurs personnages, sans bien sûr en avertir leur alter ego.
 
Ce jeu de dupes, savamment entretenu par le père et le frère de la jeune Silvia, finira bien, c’est-à-dire que chacun reprendra sa place, le valet avec la femme de chambre et les jeunes gens bien nés entre eux.
 
Car nous ne sommes qu’au début du 18ème siècle, et même si Orgon est un père très moderne qui ne veut pas marier sa fille contre son gré, il faudra attendre près de cinquante ans encore pour que Beaumarchais ose aller plus loin.
 
Salomé Villiers est le pilier de ce spectacle, elle en signe la mise en scène tout en endossant le rôle de Silvia. Elle est bien épaulée par le reste de la distribution qui prend d’évidence, un malin plaisir à nous faire vivre ces situations rocambolesques, avec une mention particulière pour les acteurs dans les rôles de son père Orgon et de son frère Mario, dont la complicité pimentée de mimiques délicieuses nous ravit.
 
Le rythme est rapide, ma non troppo, qui nous laisse le temps de savourer la langue de Marivaux, déjà si moderne. Les costumes, très contemporains, ne sont pas en reste ; l’ensemble respire un air sain de fraîcheur printanière dont nous avons bien besoin en ce moment.
 
Cerise sur le gâteau, nous avons droit, pour les entractes, à de courtes vidéos muettes accompagnées de musique pop projetées sur un écran de fortune et mettant en scène nos protagonistes dans des situations imaginées par la metteur en scène. Ainsi, Silvia devenue soubrette tentant désespérément de découper un poulet sous l’œil amusé de toute sa famille. On le voit, rien n’a été épargné pour notre plaisir.
 
Courez, tant qu’il est encore temps, au Théâtre Michel pour profiter de cette délicieuse bouffée de printemps.

A. K. 

Théâtre Michel
 
25 représentations exceptionnelles du 5 avril au 6 mai
38 rue des Mathurins 75008 Paris
01 42 65 35 02  

www.theatre-michel.fr

Article publié le 03/05/2017 à 01:00 | Lu 875 fois