Sommeil et nutrition : de mauvaises habitudes alimentaires entraînent un mauvais sommeil

Pour sa 15ème édition, la Journée du Sommeil s’intéresse cette année au thème « Sommeil et nutrition», deux préoccupations majeures de santé publique. De fait, dans notre société, souvent marquée par la difficulté de bien dormir, il est prépondérant de mieux appréhender les liens entre le sommeil et nos habitudes alimentaires. Explications.


Auparavant limitées à des données empiriques, les connaissances sur les liens entre la nutrition et le sommeil se sont progressivement étoffées. A partir des années 2000, un certain nombre de travaux ont été menés... Et leurs résultats démontrent l'existence d’interactions étroites entre le sommeil, en qualité comme en durée, et la nutrition. Ainsi, de moins bonnes habitudes alimentaires vont de pair avec un moins bon sommeil…
 
Que nous apprennent ces recherches sur les liens entre les habitudes alimentaires et les habitudes de sommeil ? Certains comportements alimentaires sont retrouvés chez les petits dormeurs (moins de 6
heures/24H chez les adultes). Ainsi, on observe plus souvent une faible consommation de végétaux (légumes ou fruits) chez les petits dormeurs ou chez les personnes ayant une mauvaise qualité de sommeil. Ce lien est mis en évidence dans toutes les classes d’âge et dans plusieurs parties du monde chez les femmes. Il reste cependant à confirmer chez les hommes.
 
Une faible consommation de poisson est également liée à une plus courte durée de sommeil. Comme ce sont souvent les mêmes personnes qui prennent peu de poissons et peu de végétaux, on peut se demander si l’impact sur le sommeil est dû à de moins bonnes habitudes alimentaires en général. Cette hypothèse est confirmée par d’autres études, qui montrent qu’une consommation plus importante d’aliments gras, de confiseries, d’aliments sucrés en général et d’alcool est associée à une courte durée de sommeil.
 
En ce qui concerne les macronutriments, les données restent plus hétérogènes, mais suggèrent qu'un bon sommeil est lié à une bonne alimentation, notamment en ce qui concerne les lipides. On note en effet une association entre la réduction du temps de sommeil et une plus grande consommation de lipides. Cette constatation n’est toutefois pas systématiquement retrouvée. Pour les glucides, les données divergent. Certaines études montrent une association entre une courte durée de sommeil et un apport de glucides augmenté, d’autres avec un apport de glucides diminué, voire pas de lien entre durée du sommeil et glucides.
 
Un indice d’une alimentation favorable à la santé, la diversité alimentaire, est clairement liée à une durée de sommeil normale dans l’étude américaine « National Health and Nutrition Examination Survey » menée sur plus de 5.000 personnes adultes. Enfin, l’analyse du rythme alimentaire montre que certains comportements déconseillés par les nutritionnistes sont liés à une moindre durée de sommeil : sauter le petit‐déjeuner, ne pas manger à des heures régulières et consommer des collations plutôt que des repas.
 
L’étude INSV/MGEN « Sommeil et nutrition » réalisée dans le cadre de l’étude NutriNet‐Santé confirme aujourd’hui l’existence de liens forts entre le sommeil et la nutrition. Ses résultats mettent notamment en exergue une très forte interaction entre le sommeil et le métabolisme.
 
Le temps de sommeil moyen en semaine est estimé à 409 minutes (soit 6h48 environ) qui correspond au temps habituellement retrouvé en population générale, soit 7h02 lors de la dernière enquête INSV-MGEN 2013. La répartition entre court et long dormeur est, là encore, concordante, avec un tiers des Français qui dorment moins de 6h par nuit pendant la semaine. Ici, les taux les plus élevés de courts dormeurs (moins de 6h) sont observés chez les 35‐55 ans (40,4%). Ils sont de 27,3% chez les 55‐65 ans. Tous âges confondus, ces taux sont de 61,2% chez les actifs et de 74% chez ceux qui vivent en couple.

Publié le 30/03/2015 à 05:08 | Lu 2542 fois