Santé et informations : du mieux, mais peut mieux faire !

Le Collectif Interassociatif Sur la Santé (CISS) vient de publier son baromètre 2014 sur le droit des malades. Une étude particulièrement intéressante qui montre que s’il y a effectivement du mieux en matière de santé, le niveau d'information ressenti par les patients s’améliore dans tous les domaines, cependant, c'est toujours sur les aspects pratiques de la démarche de soins que l'information passe le moins bien… Détails.





Incontestablement, le web progresse parmi l'ensemble des usagers comme outil d'information en matière de santé.
 
Cependant, la confiance vis-à-vis des services de santé en ligne reste faible, notamment, chez les individus les plus concernés par la maladie. Ainsi, ces services n'inspirent confiance qu'à un quart des usagers, et même, 15% seulement des personnes se déclarant en affection longue durée (ALD).
 
Si la notoriété des droits qui s'appliquent aux malades et aux usagers apparaît en progression, ceux qui restent les plus mal connus sont en lien avec les situations de fin de vie... L'actualité médiatique a récemment rappelé les difficultés dans la mise en oeuvre des droits sur la fin de vie, mais sans permettre pour autant aux personnes de prendre pleinement conscience de ces droits…
 
Ainsi, 17% des sondés ne savent pas qu'ils peuvent refuser ou interrompre un traitement, 29% estiment que ce droit est mal appliqué. D’autre part, 20% n’ont pas conscience qu'elles peuvent rédiger des directives anticipées pour leur fin de vie et un gros tiers (35%) pense que ce droit est mal appliqué.
 
De même, en ce qui concerne la possibilité d'exercer un recours pour une indemnisation en cas de problème grave lié à des soins, 22% ne connaissent toujours pas cette possibilité et un tiers trouve qu'elle est mal appliquée. Enfin, des droits aussi élémentaires que l'accès au dossier médical ou l'information sur le coût des soins, même s'ils progressent, restent ressentis comme mal appliqués par plus du tiers des usagers (respectivement 34% et 35%).
 
Si le pourcentage de sondés disant avoir été confrontées à des refus d'assurance baisse de sept points entre 2013 et 2014 (passant de 20% à 13%), la baisse reste moindre pour ceux déclarant avoir été confrontés à une proposition d'assurance avec exclusion de garanties (16%, -3 points) ou à une proposition d'assurance avec surprime (15%, -4 points).
 
Globalement, le taux d’individus ayant été confrontés, eux-mêmes ou un de leurs proches, à au moins une de ces trois situations passe de 32% en 2013 à 25% en 2014. Parmi ces 25% de personnes confrontées à une difficulté d'assurance, la notoriété d'AERAS* progresse considérablement : + 23 points. Toutefois, lorsque les personnes rapportent des recours au dispositif AERAS, il ne semble avoir permis de répondre aux difficultés que dans 22% des cas contre 52% où il ne l'a pas permis.
 
Au final, 4% des usagers estiment avoir été victimes de discrimination de la part d'un professionnel ou d'un établissement de santé qui leur a refusé l'accès aux soins. Cette moyenne grimpe à 9% pour les personnes en ALD (près d’un sur dix), et même à 12% chez les ouvriers. Par ailleurs, 5% estiment avoir été confrontés à une demande de « dessous de table » de la part d'un professionnel de santé, au cours des trois dernières années. Un chiffre qui a presque doublé par rapport au résultat obtenu à la même question dans une enquête précédente de 2007.
 
Les plus confrontées à cette dérive : celles qui sont en ALD sont 8% à déclarer s'être vu réclamer « une somme en espèce sans facturation » par un professionnel de santé. Un sujet dont les organismes de contrôle des professionnels de santé doivent s'emparer au risque que leur soit reproché son aggravation future si elle se confirmait.
 
Les associations restent en tête des organisations reconnues comme les plus légitimes par les usagers pour les représenter et les défendre : 60% leur accorde cette légitimité (+ 8 points par rapport à 2013). Les associations se voient largement confirmer aux yeux des usagers une légitimité certaine à les représenter et les défendre : un signe supplémentaire de l'urgence à ce que la puissance publique engage l'An II de notre démocratie sanitaire, recommandé notamment par le récent rapport remis à la ministre de la Santé.
 
*La convention "s'assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé" (Aeras) permet aux personnes ayant ou ayant eu un problème grave de santé d'obtenir plus facilement un prêt immobilier ou un crédit à la consommation. Elle permet notamment, sous condition, d'obtenir une assurance pour ce type de prêt, sans avoir à compléter un questionnaire médical.

Article publié le 31/03/2014 à 10:41 | Lu 650 fois