Retraites : les Français, inquiets, souhaitent une réforme en profondeur de notre système…

Selon la 10ème édition de l’Observatoire Français des Retraites de l’Union Mutualiste Retraite/Liaisons Sociales Magazine réalisé par l’institut Ipsos, « les Français encore plus inquiets sur le montant des retraites, souhaitent réformer le système en profondeur, tout en conservant le dispositif collectif et solidaire actuel ». Détails.


Après le changement de majorité, dans un contexte de forte crise économique, à l’occasion de la dixième édition de l’Observatoire des Retraites, l’UMR-Corem-Liaisons Sociales Magazine/Ipsos*, font un nouvel état des lieux de l’opinion des français sur leur retraite et sa préparation.

Deux ans après la réforme de novembre 2010 instituant le passage de l’âge légal de la retraite à 62 ans et 4 mois après le décret de juillet 2012 rétablissant l’âge légal à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, quel est leur état d’esprit, le système doit-il changer, leur comportement d’épargne a-t-il évolué ?

Les Français, les femmes en particulier, toujours plus nombreux à être préoccupés par le montant de leur retraite (76%, +12) et leur futur niveau de vie (+ 71%, +16), Les résultats soulignant l’inquiétude à l’égard de la période de retraite sont nettement en hausse par rapport à l’enquête d’avril 2011. Une majorité de Français se disent inquiets en ce qui concerne leur santé ou leur accès aux soins (58% ; +20) ou leur capacité à vivre de façon indépendante (57% ; +20). Ils sont encore plus nombreux à se montrer préoccupés par leur niveau de vie (71% : +16) et plus précisément par le montant de leur retraite (76% ; +12).

Cette inquiétude dans le domaine financier est toujours particulièrement élevée chez les femmes, (81% se disent inquiètes quant au montant de leur retraites), chez les personnes âgées de 35 à 59 ans (84%) et chez les actifs occupés (83%).

Le décret portant rétablissement de l’âge légal de départ en retraite à 60 ans pour les personnes ayant commencé à travailler tôt paru en juillet dernier est très largement approuvé, toutes sensibilités politiques confondues. Ainsi, 86% estiment que le fait de permettre aux personnes qui ont commencé à travailler avant 20 ans et qui ont suffisamment cotisé de pouvoir partir en retraite de manière anticipée, c’est-à-dire avant 62 ans, est une bonne chose voire très bonne chose pour 47%.

Un consensus existe également sur la disposition permettant d’offrir deux trimestres de cotisation supplémentaires pour les congés maternité et les périodes de chômage indemnisé. Une majorité de Français (70%) estime cependant qu’il est nécessaire de faire une nouvelle réforme des retraites dans les deux ans qui viennent, 25% jugeant même cela « tout à fait nécessaire ».

Ce constat est partagé par toutes les catégories de population, notamment les salariés du privé (72%) et les salariés du public (66%). On n’observe pas de clivage politique sur cette question puisque sympathisants PS (69%) comme UMP (70%) jugent cela indispensable. Cette nécessité ressentie est liée au fait que pour de nombreux Français, la réforme votée en novembre 2010 n’a pas résolu tous les problèmes de financement. Pour beaucoup, elle n’a permis de résoudre les choses qu’à court (27%) ou moyen terme (26%), 37% considérant même qu’elle n’a rien solutionné du tout.

S’ils souhaitent une réforme en profondeur, les Français veulent cependant conserver un système de retraite collectif : 69% estiment ainsi que le système de retraite doit rester collectif et solidaire, afin de limiter les inégalités entre les Français et garantir à chacun une retraite minimum. Les plus de 35 ans (72%), les salariés du secteur public (74%), les cadres (82%) et les sympathisants PS (81%) sont encore plus nombreux à le souhaiter.

Mais, le système actuel leur semble à bout de souffle et les problèmes de financement demeurent criants à leurs yeux. Ils souhaitent conduire une réforme de grande ampleur en mettant à plat tous les sujets. Ainsi, 62% des Français pensent que si une réforme devait avoir lieu, il faudrait qu’elle modifie en profondeur le système de retraite en France, en mettant à plat tous les sujets, y compris les plus délicats (mode de calcul des pensions, harmonisation des régimes de retraite entre secteur public et privé, nouveaux prélèvements pour les retraités…).
La majorité des français estime (51%) que le système actuel n’aura plus qu’un rôle réduit, étant petit à petit supplanté par un système d’épargne personnelle. Un Français sur trois (32%) considère même qu’il n’existera plus du tout et aura été totalement remplacé par un système d’épargne personnelle. Les personnes âgées de 25 à 44 ans (41%), les employés (45%) et les ouvriers (48%) en sont particulièrement convaincus. Les cadres (71%) estiment en revanche davantage que le système existera toujours mais avec un rôle réduit.

Les Français ont donc le sentiment que l’épargne personnelle va devenir incontournable pour pallier l’insuffisance du système actuel. Mais –et c’est sans doute ce qui nourrit leur inquiétude quant à l’évolution de leur niveau de vie à la retraite– seule une proportion assez limitée d’entre-eux épargne d’ores-et-déjà en vue de sa retraite, sans que l’on n’observe d’évolution significative depuis avril 2011.

Ainsi, un Français sur deux (49%) épargne en vue de la retraite. Pour nombre de personnes, c’est sans doute quelque chose de difficile, voire d’impossible dans le contexte économique actuel. De fait, la proportion de personnes concernées est très étroitement liée à l’âge (seule une minorité de Français met de l’argent de côté dans cet objectif avant 45 ans) et au niveau de revenus (seules les personnes disposant de revenus élevés épargnent majoritairement).

*Enquête réalisée par téléphone du 4 au 6 octobre 2012 auprès d’un échantillon national représentatif de 1009 personnes âgées de 15 ans et plus.

Publié le 07/11/2012 à 10:41 | Lu 1448 fois