Quand l'hypertension fait perdre la tête

A l’occasion de la Journée Nationale de Lutte contre l’Hypertension Artérielle (HTA) qui se tiendra le 18 décembre prochain, le Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle (CFLHTA) met en place une nouvelle campagne intitulée « Quand l’hypertension fait perdre la tête » qui vise à alerter les patients sur l’altération des artères du cerveau provoquée par l’hypertension artérielle, le diabète, l’hypercholestérolémie, le surpoids ou encore le tabagisme et sur l’importance de les protéger.





Quand l'hypertension fait perdre la tête
Selon le Professeur Xavier Girerd, cardiologue au CHU de la Pitié-Salpêtrière et trésorier du CFLHTA : « 70% des hypertendus sont âgés de plus de 60 ans et la proportion des sujets très âgés augmente car la prévention et le traitement des maladies cardiovasculaires s’améliorent encore en France ». Rappelons par ailleurs que l’hypertension artérielle reste la principale maladie chronique en France et demeure le premier motif de consultations en médecine générale. Ainsi, on estime que près de 41 millions de consultations annuelles sont liées à l’hypertension artérielle.
 
Autre point marquant de l’étude FLAHS 2014* : près de la moitié (49%) des hypertendus traités sont contrôlés par une mesure à domicile en France en 2014. « Le contrôle tensionnel est plus que jamais un axe prioritaire pour améliorer l’état sanitaire de la population et atteindre 70% des hypertendus traités et contrôlés en 2015 » remarque quant à lui le Professeur Jean-Jacques Mourad, hypertensiologue, Hôpital Avicenne-Bobigny.
 
Pour rappel : la « règle des 3 pour l’auto-mesure :

Dans la semaine qui précède une visite médicale pour le suivi de l’HTA, il est conseillé d’effectuer au calme, après un repos de quelques minutes, en position assise : 3 mesures avant le petit-déjeuner ; 3 mesures le soir avant le coucher et 3 jours de suite.
 
L’hypertension artérielle, un des facteurs responsables des troubles de la mémoire. Ainsi, comme l’indiquent les résultats de l’étude FLAHS : 11% de la population âgée de 35 ans et plus présentent un trouble de la mémoire qui justifierait un bilan ; le trouble de mémoire est observé chez 21% des sujets de plus de 75 ans ; on retrouve 34% de trouble de mémoire chez les sujets ayant fait un AVC ; et enfin, chez les sujets ayant un bon contrôle de leur pression artérielle à leur domicile, on note 30% de moins de troubles de la mémoire que chez les sujets dont la pression artérielle est élevée.
 
La prise en charge et le traitement de l’hypertension artérielle peuvent donc réduire significativement le risque de survenue des troubles de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer. « La baisse de la pression artérielle par un traitement hypertenseur peut réduire de 50% le risque de troubles de la mémoire, d’où l’intérêt de traiter l’hypertension en veillant à ce que la tension artérielle reste dans des valeurs normales » remarque le Professeur Olivier Hanon, chef de service de gérontologie à l’hôpital Broca, Paris. Et d’ajouter : « de nos jours, soigner son hypertension artérielle représente le premier traitement préventif des troubles de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer ».
 
L’étude apporte un éclairage complémentaire sur le lien entre les troubles de la mémoire, l’AVC, les maladies cardiovasculaires et la maladie d’Alzheimer. En effet, un trouble de la mémoire qui justifierait un bilan est présent parmi : 18% des personnes qui ont un antécédent familial d’AVC ; 34% pour ceux ayant été eux-mêmes victimes d’un AVC, soit trois fois plus fréquent que chez ceux qui n’ont pas fait d’AVC ; 19% ayant eu un antécédent familial de maladie d’Alzheimer et 24% de ceux ayant eu une maladie cardiovasculaire. Conclusion : pour « préserver sa mémoire et son cerveau », il faut bien contrôler sa pression artérielle et ses facteurs de risque vasculaire.
 
Mais l’hypertension artérielle n’est pas le seul facteur pouvant altérer les artères et augmenter les risques de survenue d’AVC, de pertes de mémoire et de maladie d’Alzheimer. Par exemple, la présence, entre 35 et 64 ans, d’une hypertension artérielle augmente le risque de développer la maladie d’Alzheimer de 61% ; d’un diabète de 46% ; d’une obésité de 60% ; d’une inactivité physique de 82% et d’un tabagisme de 59%. Pour autant, des études récentes ont montré que la prise en charge et le traitement de ces facteurs de risque vasculaire réduisaient significativement les risques de survenue de troubles de la mémoire et notamment de la maladie d’Alzheimer.

« Quand l’hypertension fait perdre la tête », la nouvelle campagne destinée aux hypertendus
Les accidents vasculaires cérébraux, les troubles de la mémoire, la démence ou encore la maladie d’Alzheimer sont des pathologies perçues par le grand public comme une perspective angoissante. Pour les patients atteints d’hypertension artérielle, le lien entre leur pathologie, les démences et la maladie d’Alzheimer est peu connu. « Nous avons donc choisi de les sensibiliser à ce lien dans ce livret et de leur montrer le bénéfice du traitement de l’hypertension artérielle sur la prévention des démences », explique le Pr Jean-Jacques Mourad.
 
Ce livret informe également les patients des répercussions d’autres facteurs à risque vasculaire tels que le diabète, le surpoids, le tabagisme ou encore l’inactivité physique sur le bon fonctionnement de leurs artères et de leur implication dans les troubles de la mémoire ou encore la maladie d’Alzheimer. « En dépistant et en traitant l’hypertension artérielle ainsi que les autres facteurs de risque vasculaire associés, il est possible de réduire significativement les risques de démences et de maladie d’Alzheimer et de ne plus vivre dans cette inquiétude », ponctue le Dr Bernard Vaïsse.
 
*Les résultats de l’étude FLAHS 2014 réalisée par Kantar Health à la demande du CFLHTA

Article publié le 12/12/2014 à 08:33 | Lu 8019 fois