Personnes âgées : trop de médicaments selon UFC - Que Choisir !

Alors que la France reste la championne d’Europe de la consommation de médicaments, l’UFC-Que Choisir vient de publier les résultats exclusifs de son analyse de près de 350 ordonnances de personnes âgées*. Devant les dangers de la surprescription dont pâtissent les patients, l’association demande que la « déprescription » soit incluse dans les critères de rémunération à la performance des médecins, et que la Haute Autorité de Santé fasse de ce sujet une priorité de travail.


Au 2e trimestre 2014, l’UFC – Que Choisir a sollicité ses bénévoles et lecteurs pour recueillir des ordonnances de personnes âgées polymédicamentées (au moins 5 lignes de prescription). Au total, ce sont 347 ordonnances de patients de plus de 75 ans, contenant près de 3.000 médicaments, qui ont été anonymisées puis analysées, dans le but de quantifier le phénomène de surprescription pour les personnes âgées et ses dangers.
 
En moyenne, les ordonnances collectées dans cet échantillon contenaient 8,6 médicaments, avec un maximum de 21 pour une seule personne ! A ces niveaux de prescription, les médecins sont-ils encore en mesure de s’assurer que chaque médicament est justifié et n’est pas plus dangereux que bénéfique ?
 
L’analyse d’UFC – Que Choisir montre le contraire : quatre ordonnances sur dix potentiellement dangereuses pour les patients âgés. Les ordonnances collectées ont été passées au crible de la liste de Laroche, qui définit les médicaments potentiellement inappropriés pour les aînés. Et les résultats sont alarmants, puisque 40% d’entre elles contiennent un médicament déconseillé aux seniors ! Or, la juste prescription est un enjeu particulièrement important pour les personnes âgées. En effet, en vieillissant, l’organisme devient de moins en moins apte à éliminer les substances absorbées. Les médicaments restent donc en plus grande quantité et plus longtemps dans un organisme âgé. En outre, les effets indésirables liés à la prise d’un médicament sont souvent plus graves pour les aînés, plus fragiles.
 
La « déprescription », un enjeu sanitaire et financier

Au-delà des enjeux sanitaires, la surprescription a un coût pour notre système de sécurité sociale. Les dépenses de médicaments ont atteint en France 33,5 milliards d’euros en 2013, à près de 90% pour des médicaments remboursables par l’assurance maladie. Notre pays demeure un gros consommateur, avec une consommation par habitant 22% supérieure à la moyenne des grands pays européens**. Il est indispensable que les professionnels de santé prennent conscience du coût sanitaire et économique de cette situation, et commencent enfin à « déprescrire ».
 
Devant les résultats inquiétants de son étude, l’UFC – Que Choisir presse les pouvoirs publics d’inscrire la « déprescription » pour les personnes âgées dans les indicateurs de rémunération à la performance des médecins. Par ailleurs, l’association demande à la Haute Autorité de Santé de faire de ce sujet majeur une priorité de travail pour les années à venir.
 
*Résultats détaillés dans le numéro 91 de février 2015 de Que Choisir Santé
**Source : Comptes de la Santé 2013, données IMS Health 2012. Consommation mesurée en unités standard.


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Publié le 30/01/2015 à 04:00 | Lu 1966 fois