Ostéoporose : la consommation de café ne semble pas aggraver le risque de fracture

Le rôle de la caféine sur le risque de fractures ostéoporotiques a fait l'objet de nombreuses études depuis une vingtaine d'années. Dans la plupart d'entre elles, il semblerait qu'elle ne soit pas un facteur aggravant, en dehors de situations particulières (petit poids, activité physique insuffisante, faible consommation de calcium, susceptibilité génétique…) indique un récent communiqué publié par santecafenews.net, site spécialisé sur les effets du café et ses composants sur la santé.


Par Astrid Nehlig, directrice de Recherche, Inserm U666, faculté de médecine, Strasbourg

Les fractures ostéoporotiques affectent au moins la moitié des femmes de plus de 50 ans et sont considérées comme un risque majeur de santé publique dans de nombreux pays. En plus de leur coût élevé, les conséquences de ces fractures sont souvent sévères pour les individus. Elles peuvent engendrer chez les patients des problèmes à long terme comme des douleurs, une immobilisation qui induisent une perte de qualité de vie et même un risque accru de mortalité.

La caféine, suspectée d'être un facteur de risque
Plusieurs facteurs de risque, y compris alimentaires, sur lesquels on peut influer sont considérés comme importants pour ce type de fractures. Au niveau de l'alimentation, une consommation élevée de boissons contenant de la caféine, comme le café et le thé, a été suspectée comme un facteur de risque potentiel.

En effet, la caféine, qui augmente l'excrétion urinaire de calcium, pourrait aussi diminuer l'efficacité de l'absorption intestinale de calcium. Ces mécanismes peuvent induire une balance calcique négative, en particulier quand la consommation de caféine est élevée et l'ingestion/absorption de calcium limitée.

Que disent les études cliniques ?
Un grand nombre d'études, réalisées entre 1988 et 2000 sur des femmes ménopausées, ont considéré les conséquences de l'ingestion élevée de caféine sur le risque de fracture. Cependant leurs résultats divergent. La plupart des études n'ont retrouvé aucune association entre la consommation de caféine et le risque de fracture de la hanche (11 études), ou d'autres fractures ostéoporotiques comme celles de l'avant bras (2 études), de la colonne vertébrale (1 étude) et du poignet (1 étude).

Quelques études épidémiologiques ont observé une association statistiquement significative entre une consommation élevée de caféine et le risque de fracture de la hanche (4 études) ou du poignet (1 étude). Les études plus récentes ne font pas état d'une corrélation entre la consommation de café et la densité osseuse. Aucune association entre café et risque de fracture n'est retrouvée dans la population jeune, selon les données d'une étude de cohorte de 625 femmes de 15 à 40 ans. Une étude cas-témoins, menée sur 200 femmes turques ménopausées, a également confirmé cette absence de corrélation.

Enfin, une étude de cohorte réalisée chez 31 517 femmes suédoises âgées de 40 à 76 ans au moment du recrutement, et suivies sur dix ans avec 3.279 cas de fracture, montre qu'une augmentation du risque de fracture n'est retrouvée que chez les femmes consommant moins de 700 mg de calcium/jour et plus de 4 tasses de café/jour.

Ne pas négliger les autres facteurs de risque
D'autres facteurs sont aussi à prendre en compte. Ainsi, une étude de cohorte finlandaise, réalisée sur 1 222 femmes de 70-73 ans, fait état d'une augmentation du risque de fracture pour la consommation de plus de 5 tasses de café/jour chez les femmes minces, mais pas chez les femmes de poids normal ou en surpoids. Un autre facteur qui n'est pas à négliger est le polymorphisme du gène du récepteur de la vitamine D qui existe sous deux formes alléliques différentes : t ou T. Il apparaît en effet que les femmes qui possèdent un génotype tt souffrent de pertes osseuses plus marquées mais modérées (8%) que celles qui possèdent le génotype TT (0,3 %) lorsque leur ingestion de caféine est supérieure à 300 mg/jour, soit l'équivalent de 3 tasses de café/jour. Les interactions entre le mode de vie et le risque de fracture chez les femmes tt n'a pas été étudié à ce jour.

En conclusion, il apparaît qu'une consommation modérée de café (jusqu'à 3 ou 4 tasses quotidiennes) n'a pas d'impact significatif sur le risque de fracture ostéoporotique, surtout s'il est associé à une prise suffisante de calcium. Les risques majeurs d'ostéoporose et de fracture restent le faible poids et l'activité physique insuffisante.
Ostéoporose : la consommation de café ne semble pas aggraver le risque de fracture

Publié le 26/05/2009 à 11:53 | Lu 3802 fois